Baptême par immersion totale à l’âge adulte

Sollicité pour apporter quelques réflexions sur le baptême pratiqué dans les églises dites « évangéliques », je vous fais part de ces quelques réflexions. Elles n’ont pas prétention d’être un pavé théologique argumenté, simplement des pistes à approfondir. Elles ont été apportées à l’occasion d’un séminaire des Avents organisé sur Angers par un groupe œcuménique. En fin d’article, je vous propose un lien sur un court – et sympa – enseignement vidéo sur le sujet
A quel âge baptise-t-on dans les églises dites « évangélique »
Si les Eglises Catholiques, Orthodoxes, Luthéro-Réformées et d’autres dénominations chrétiennes baptisent les enfants, de nombreuses Eglises dites « évangéliques », membres ou non de la Fédération Protestante de France ou du Cnef, ne baptisent que des adultes. Faut-il encore s’entendre sur ce que veut dire « adulte ». Certaines églises baptisent déjà vers 8-10 ans alors que d’autres attendent les 18 ans.
Pourquoi spécifiquement un « baptême à l’âge « adulte »
Les textes bibliques sont nombreux, en voici quelques uns :
Jésus leur dit: « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle à tous les êtres humains. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné ». Marc chapitre 16, versets 15 et 16
Les auditeurs de l’apôtre Pierre furent profondément bouleversés par ses paroles. Ils lui demandèrent à lui et aux autres apôtres: « Frères, que devons-nous faire? » l’apôtre Pierre leur répondit: « Changez de comportement et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés ». Actes des Apôtres chapitre 2, verset 37 et 38
Quand à l’apôtre Paul, il écrit : Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu’il nous offre. Galates chapitre 3, verset 27
Il y en a bien sûr beaucoup d’autres.
Le baptême, c’est donc un engagement personnel à suivre Jésus pour devenir un de ses disciples. Pour prendre un exemple plus parlant, c’est un peu comme lors d’un mariage durant lequel le maire demande « consentez-vous à prendre pour époux, pour épouse… ». Il en résulte en principe un OUI consenti, joyeux, décidé, délibéré
Un nourrisson ou un enfant ne peut prendre une telle décision personnelle, parfois pas même encore lors de ses vœux de confirmation.
Jésus, qui fut présenté au temple à l’âge de 8 jours, ne fut baptisé par Jean (dit Jean le Baptiste) qu’à l’âge de 30 ans (Luc 3.23) Dans les Actes des Apôtres, tous les passages mentionnant le baptême de personnes montrent clairement que la repentance et la foi précèdent le baptême. Ces deux incontournables sont une des conditions pour être baptisé tout comme l’est le fait de vivre une « nouvelle naissance » dont Jésus parle à Nicodème, théologien de son temps : Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Evangile Jean 3.3-7
Vous pouvez lire des témoignages de baptisés à l’Eglise Protestante Baptiste du Colombier à Angers parus dans Ouest France en cliquant ici, ils partagent cette « nouvelle naissance » et ses transformations
Cette démarche de « nouvelle naissance » est pure grâce, c’est Jésus qui vient au-devant de nous, qui nous propose un échange, une convivialité, une amitié,… avec lui. Même si dans ce texte il s’adresse à une église, sa démarche vers les hommes est la même : écoute, je me tiens à la porte (la porte de ton cœur certainement) et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi. Apocalypse 3.20
Baptêmes de masse et/ou liberté de conscience
Si à certaines époques, des familles entières se faisaient baptisées : homme, femme, enfants, cela n’a pas été la pratique de l’évangéliste Philippe. Nous lisons en Actes des Apôtres 8.10-12 : «Toute la population, du plus petit jusqu’au plus grand (enfants et adultes), lui accordait donc une grande attention… Mais quand ils crurent Philippe qui leur annonçait la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu et de Jésus-Christ, ils se firent baptiser, tant les hommes que les femmes» (apparemment pas les enfants donc)
Bien sûr, l’Histoire nous montre qu’à partir de la conversion de l’empereur Constantin, il fallait aussi que le peuple se « convertisse ». Adopter la religion du souverain était chose classique si on voulait continuer à vivre… pour autant, est-ce que la foi chrétienne se vivait avec conviction, certes non ! L’abjuration ou/et le fait d’être obligé à se convertir à quelques philosophies ou religions qui soient, y compris au christianisme, est un non-sens !
Dans les églises évangéliques il y a une forte notion de liberté de croire et de pratique – ou non !!!
Même si en Actes 16:31 Paul dit au gardien de prison « crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille », pour les évangéliques la foi est avant tout une démarche libre et personnelle. Que personne ne juge le baptême de quelqu’un, ni même le re-baptême dont il sera question plus loin. Ceci est une question qui résulte de la liberté de conscience personnelle.
L’immersion totale
Plusieurs textes de la Bible nous parlent de la symbolique forte, d’un processus de mort quand on est plongé dans l’eau et de résurrection quand on en ressort.
En effet, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous, les personnes sont plongées entièrement dans l’eau, le grec du mot « baptême » signifiant « plongé, immergé ». Dans l’évangile de Jean 3.22 il nous est rapporté que Jésus, accompagné de ses disciples, se rendit en Judée et là et il baptisait. Jean aussi baptisait à Enon parce qu’il y avait là beaucoup d’eau et on y venait pour être baptisé. Si le baptême – pratiqué par Jean-Baptiste, Jésus et ses disciples – ne demandait que quelques gouttes, ils pouvaient rester à Jérusalem où il y avait une source et non descendre les 1200m de dénivelé jusqu’au Jourdain pour trouver « beaucoup d’eau » !
Généralement les églises évangéliques possèdent ce que l’on appelle un « baptistère », toutefois les baptêmes se font aussi dans des plans ou cours d’eaux, piscines, baignoires,… Alors animateur dans un centre d’aide aux marginaux, j’ai même assisté à des baptêmes dans un abreuvoir ! Nul besoin de se rendre dans le Jourdain en Israël où est prise la 3ème photo.

 

D’accord avec la théologie catholique lorsqu’elle affirme ceci :
L’ouvrage « La nouvelle encyclopédie de théologie catholique » parle du baptême ainsi :
Très rarement utilisée par l’église latine (romaine, catholique), l’immersion, qui signifie « action de plonger dedans » est depuis le 2ème siècle une des formes du baptême, elle rappelle le baptême du Christ par Jean le Baptiste » et de publier une photo de baptême d’adulte par immersion et le baptistère de l’église réformée à Poitiers
Nous rejoignons encore l’église catholique lorsqu’elle écrit sur son « Portail de la liturgie catholique » <<Le Rituel du baptême recommande de baptiser par immersion ; qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, il prévoit que les baptisés soient plongés dans l’eau… Le geste de l’immersion est en effet infiniment plus expressif>> et d’ajouter que le problème est la place qu’il faut pour immerger, ce qui ne convainc pas les évangéliques qui sont plus pragmatiques.
Si le baptême d’adulte par immersion a une symbolique si forte, gardons cette forme. D’anciens édifices catholiques et protestants dans le monde portent encore les vestiges de baptistères, pourquoi ne pas y revenir !
Cela dit, il arrive toutefois que le baptême soit administré par aspersion et non par immersion, en particulier pour des personnes handicapées, hospitalisées, incarcérées en prison,…
Qu’advient-il des enfants décédés sans avoir bénéficié d’un baptême ?
Comme dit plus haut, le baptême étant un engagement à suivre Jésus, il ne peut se pratiquer qu’à un âge où la personne est consciente de son engagement, c’est pourquoi les enfants ne sont pas baptisés. Ce n’est qu’au 4ème siècle que fut généralisé le baptême des enfants et adopté officiellement en 1545. Il est regrettable que Luther et Calvin n’aient pas poussé la réforme jusqu’au baptême d’adulte uniquement.
Nul doute que si un enfant décède avant de prendre le baptême, il sera accueilli par Dieu lui-même. C’est ce que l’on appelle entre autre LA GRACE. Dans les milieux où le pédobaptisme (baptême enfants) est en vigueur, on nous dit que le baptême préfigure et attire la grâce de Dieu sur l’enfant quand nous disons que même non-baptisé, l’enfant reçoit la grâce et la bénédiction de Dieu, ici bas comme après sa mort.
A ceci il faut ajouter ce que l’apôtre Paul parle dans sa lettre aux Corinthiens, des enfants « sanctifiés » par la foi de l’un de ses parents (1Cort 7.14), c’est une autre grâce dans laquelle il n’est pas fait mention de l’utilité d’un baptême pour l’enfant
Dans plusieurs églises, si les parents en font la demande, la communauté peut prier officiellement pour les enfants, les confiant ainsi à Dieu pour leur avenir spirituel mais aussi physique, intellectuel, familial,… C’est une prière de bénédiction à la fois sur l’enfant et sur les parents.
Jésus, Joseph et Marie eux-mêmes ont été ainsi au bénéfice de la prière de Siméon selon ce que rapporte l’évangéliste Luc chapitre 2 versets 27 à 34
Guidé par l’Esprit Saint, Siméon alla dans le temple. Quand les parents de Jésus amenèrent leur petit enfant afin d’accomplir pour lui ce que demandait la loi, Siméon le prit dans ses bras et remercia Dieu… Le père et la mère de Jésus étaient tout étonnés de ce que Siméon disait de lui. Siméon les bénit…
En l’évangile de Marc au chapitre 10 versets 14 à 16, Jésus bénit des enfants « laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas car le royaume de dieu est pour ceux qui leur ressemblent »... puis il les prit dans ses bras et les bénit en leur imposant les mains.
Le baptême est-il un gage permettant l’accès au paradis ?
Souvent les chrétiens évangéliques sont choqués lorsqu’ils entendent cette affirmation lors d’obsèques, « puisque tu as été baptisé, soit accueilli maintenant dans la gloire du Père ». Comment un être baptisé enfant, vivant sans foi ni loi durant sa vie pourrait-il être agréé par Dieu jsimplement du fait du baptême de son enfance que bien souvent il a rejeté. Le baptême est-il un gage « d’aller au paradis » ? Bien sur que non, sinon Hitler y aurait aussi été accueilli ! (pardonnez ma provocation)
Non, le baptême par lui-même ne « sauve pas », ce n’est pas un ticket qui permet d’être agréé par Dieu au moment de notre mort. D’ailleurs Jésus lui-même dira à l’un de ses co-crucifiés : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis« . Luc 23:43 Assurément cet homme n’a pas eu le temps de prendre le baptême, et il ira tout de même au paradis !
Pourquoi les Eglises Protestantes Evangéliques re-baptisent-elles ?
Cette pratique est très ancienne – en fait depuis l’origine du baptême de Jésus par Jean-le-Baptiste et l’ordre de Jésus de baptiser ses disciples – a toujours perduré. C’est vers le 16ème siècle qu’un courant fait parler de lui, celui des « Anabaptistes » qui signifie « baptiser à nouveau ou deux fois »
En général, les personnes qui demandent à être (re)baptisées sont celles pour qui leur baptême d’enfant n’a pas valeur d’engagement personnel. Elles souhaitent déclarer publiquement par un geste fort leur appartenance au Christ. D’autres souhaitent « confirmés », confirmer leur baptême d’enfance par un acte d’immersion à l’âge adulte.
Sauf exceptions vraiment très rares, je n’ai vu personne demander à être (re)baptisée faire des reproches à leurs parents pour les avoir fait baptiser enfant.
Il est important pour les parents dont les enfants demandent un baptême adulte dans une autre confession, de ne pas le percevoir comme un désaveu vis-à-vis d’eux alors qu’ils ont fait ce qui leur semblait juste de faire.
baptême colombierBaptême et membre d’une église
Ce n’est pas le cas dans toutes les églises évangéliques mais dans celle où j’ai exercé le ministère pastoral, nous insistons sur le fait que le baptême n’est pas un baptême d’appartenance ou d’engagement à une église, dénomination, groupe… particulier mais au Christ lui-même.
Il n’est pas un aboutissement mais une étape dans la vie de celui qui souhaite devenir, non un chrétien acceptant une religion, des dogmes, des rituels, des obligations,… mais souhaite être un disciple de Jésus de Nazareth.
Ce fait d’être en priorité disciple de Jésus avant d’être membre d’une église, laisse une grande liberté pour la fréquentation d’une église ou une autre, à l’occasion de déménagement notamment ou de leur convenance personnelle.
Cela ne sous-entend pas que la fréquentation d’une église – communauté de chrétiens – ne soit pas importante. Assurément elle l’est pour l’édification commune, l’entraide, l’amitié et les relations,… toutefois on garde la liberté de fréquenter ou de s’engager dans une autre église/dénomination que celle de son baptême
L’insolite re-baptême d’une religieuse
En ce qui concerne ma pratique personnelle de pasteur, j’ai été « confronté » à une situation peu banale. Un jour une religieuse catholique m’a dit « le Seigneur me dit que je dois me faire baptiser comme vous, alors je viens vous demander de le faire, mais je veux rester catholique, c’est mon église ».
J’étais mais alors, très très ennuyé par cette demande insolite. Je lui demandais un temps de réflexion. Priant, j’ai eu comme une conviction, une évidence, qu’il me fallait accéder à sa demande. Toutefois, par respect pour l’Eglise Catholique, je suis revenu la voir en lui disant « si tu trouves un prêtre qui te donne l’autorisation, je le ferais ».
Pour être tout à fait honnête, je pensais, j’espérais qu’elle n’en trouve point ! Mais si, un prêtre qui l’accompagnait dans ses démarches spirituelles lui a donné l’autorisation !!! Je l’ai donc immergé dans l’eau d’une piscine après qu’elle aie témoignée devant l’assistance de la raison de sa démarche.
Suite à cela, durant des années, plusieurs dizaines de personnes m’ont sollicité pour la même démarche, et toujours je les envoyais demander l’aval d’un prêtre.
Cette démarche s’est arrêtée après un incident, lui aussi peu banal. Le prêtre contacté était d’accord mais il a souhaité avoir l’avis de son évêque, rien à dire à cela. La réponse de celui-ci ne fut pas vraiment « spirituelle » : « Non, je n’autorise pas à cette personne de se faire rebaptisée à l’église protestante baptiste, toutefois, si elle tient vraiment à faire une démarche de confirmation de son baptême, il lui faut aller le faire dans le Jourdain en Israël » !!!
Cette réponse a été si anachronique qu’en tant que pasteur, j’ai cessé d’exiger l’autorisation d’un prêtre pour une telle démarche.
Préparation et pratique du baptême
Selon les Eglises, la préparation au baptême est plus ou moins longue, six mois en moyenne.
La dite préparation est une série d’études concernant les bases de la foi en Jésus et de ce qu’implique être disciple. Cette formation peut être faite par un(e) accompagnateur(trice) sans pour autant être le pasteur, ce qui est aussi le cas pour l’acte de baptiser.
Généralement il est demandé aux futurs baptisés d’apporter un « témoignage de vie », dire pourquoi une telle démarche aujourd’hui et c’est sur ce témoignage, sorte de confession de foi qu’elle est baptisée, par immersion au nom du Père, du fils et du Saint-Esprit comme le souligne l’ordre de Jésus instituant cette démarche.
Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Evangile de Matthieu chapitre 28 versets 18 et 19
Vous trouverez ici un autre article de presse sur le sujet
Enseignement vidéo : https://www.dropbox.com/s/iw2xo7cvdyfzire/Le%20Bapteme%20d%27eau%20age%20adulte%20JM%20RIBAY.avi?dl=0

Jésus n’a pas peur de nos impuretés

Personne atteinte de la lèpre

Ce jour-là l’enseignement biblique est apporté par une psychologue de passage. Tout en nous exhortant, elle nous partage quelques brides de son travail de psy, l’une d’elles m’a particulièrement interpellé.
Dans un de ses entretiens avec une chrétienne cassée par la vie et par des difficultés de toutes sortes, elle lui dit : Jésus te rejoint au fond de ton puits boueux. Non, non, non il ne reste pas à t’attendre en haut assis sur la margelle, il descend auprès de toi et même il s’assoie avec toi dans ta boue. La personne ne pouvait ni le concevoir, ni l’accepter. Notre oratrice de répondre : Lui n’a pas peur de tes péchés, de tes peurs, de tes angoisses, de tes déviances, ni de tes rebellions,…
En effet, Jésus n’a pas eu peur de toucher le lépreux pourtant réputé contagieux. Non seulement il a eu ce geste d’humanité mais il lui a accordé la guérison physique et sociale, probablement spirituelle aussi.
Le Seigneur n’a pas peur de te rencontrer là où tu en es… et de te toucher.

Surmonter les difficultés et être heureux

Il y a quelques semaines, j’encourageais l’auditoire devant lequel j’étais à ne pas baisser les bras lorsque la vie devenait trop difficile. Ci-dessous vous pourrez lire le témoignage de Nick, né sans jambes ni bras mais avant cela, je vous invite à méditer cette courte histoire

Celle d’un tout jeune professeur venant de terminer ses études. Il est affecté pour donner des cours à une classe de délinquants. Alors qu’il rentre dans la salle de classe, l’un tire une ficelle préalablement mise pour lui faire une bonne blague. Il s’étala de tout son long. Eclat de rire général lorsqu’il se relève péniblement, se frotte les yeux, plus encore lorsqu’il remet ses lunettes cassées sur son nez. Il s’avance jusqu’à son bureau et s’y assoie. Au fur et à mesure le bruit s’apaise, le calme revient après que les jeunes se soient marrés.
Le jeune maitre regarde la salle et leur dit : mes chers amis, bonjour, nous venons de vivre notre premier cours. Le tout n’est pas de savoir comment on tombe, le plus important est de savoir comment on se relève !

Naissance de Nick
Je m’appelle Nick Vujicic, je suis né sans membre et les médecins ne savaient pas d’où venait cet « handicap » de naissance. J’ai dû faire face à bien des difficultés et des obstacles.Nick 1
Mes parents étaient chrétiens et mon père était même pasteur de notre église. Pourtant ce matin du 4 décembre 1982 à Melbourne, en Australie. « Dieu soit loué » étaient les derniers mots qui leur seraient venus à l’esprit. Leur fils aîné était né sans membres ! Ils n’avaient pas pu se préparer à cette épreuve car il n’y avait aucune raison médicale pour ce handicap. J’ai maintenant un frère et une sœur qui sont nés comme n’importe quel autre enfant.

L’église entière a pleuré ma naissance et mes parents étaient absolument anéantis par le chagrin. Tout le monde demandait : « Si Dieu est un Dieu d’amour, pourquoi laisse-t-il quelque chose d’aussi atroce arriver, et pas à n’importe qui mais à des chrétiens engagés ? » Mon père pensait que je ne survivrais pas longtemps mais les examens médicaux montrèrent que j’étais en parfaite santé, sauf qu’il me manquait quelques membres.

Enfance
nick 2Mes parents étaient très inquiets, se demandant quel serait mon avenir. Dieu leur a donné la force, la sagesse et le courage nécessaires à ces premières années et bientôt j’eus l’âge d’aller à l’école.

La loi australienne de l’époque ne me permettait pas d’être intégré dans une école ordinaire en raison de mon handicap physique. Dieu a fait des miracles et a donné à ma mère la force de lutter pour que la loi soit changée. J’ai été un des premiers handicapés à être intégré dans une école ordinaire.

A l’école
J’aimais aller à l’école mais j’ai dû faire face à des moments difficiles où je me sentais rejeté, étranger, souffre-nick 3douleur en raison de ma différence physique.
Je savais que j’étais différent extérieurement mais, à l’intérieur, j’étais comme tout le monde. Il y a eu des moments où je me suis senti si malheureux que je ne voulais plus aller à l’école pour ne plus avoir à faire face à tous ces regards négatifs. Mes parents m’ont encouragé à les ignorer et à essayer de me faire des amis en parlant avec les autres enfants.
Bientôt ils se sont rendus compte que j’étais comme eux et à partir de là, Dieu m’a tout le temps béni en me donnant de nouveaux amis.
J’ai eu des moments de dépression et de colère parce que je ne pouvais pas changer la façon dont j’étais, ni blâmer quiconque pour cela.

Dieu, qu’ai-je fait pour naître ainsi ?
J’allais à l’Eglise où j’ai appris que Dieu nous aime tous et qu’Il s’intéresse à nous. Je comprenais cet amour jusqu’à un certain point quand j’étais enfant mais à vrai dire je ne comprenais pas que Dieu m’ait fait ainsi s’Il m’aimait ! Etait-ce parce que j’avais fait quelque chose de mal ? Je pensais que ce devait être cela puisque j’étais le seul enfant étrange de l’école. Je me sentais un fardeau pour ma famille et je pensais que, plus vite je mourrais, mieux ce serait pour tout le monde.

Je voulais mettre fin à ma douleur et à ma vie mais je remercie mes parents et ma famille qui ont toujours été là pour me réconforter et me donner de la force Les tourments à l’école, ma honte de moi-même et ma solitude m’avaient causé des difficultés émotionnelles.
Alors Jésus m’a donné un désir passionné de partager mon histoire et mes expériences pour aider d’autres personnes à supporter leurs propres difficultés et laisser Dieu en faire des bénédictions. Pour encourager et inspirer d’autres personnes à réaliser complètement leur potentiel et à ne pas laisser quoi que ce soit les empêcher d’accomplir leurs espoirs et leurs rêves.

Changement de vie
A l’âge de 15 ans j’ai dit à Jésus de prendre ma vie, de la conduire lui-même.
Ce fut après avoir lu le texte de l’évangile de Jean au chapitre 9 où il est question de l’homme né aveugle « afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui ».
Une des premières leçons que j’ai apprises a été de ne rien prendre comme allant de soi.
Un verset de la Bible dit : « Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment ». Ce verset m’a touché au cœur au point que je suis maintenant convaincu que ces choses « désagréables » ne se trouvent pas par chance, par hasard ou par coïncidence dans nos vies.
J’ai ressenti une paix complète lorsque j’ai compris que Dieu ne laisserait rien m’arriver dans la vie sans une bonne raison.

Et ensuite…
J’ai beaucoup de rêves et je me suis fixé beaucoup de buts à atteindre dans ma vie. Je veux devenir le meilleur nick 4témoin possible de l’Amour et de l’Espérance de Dieu en Jésus. Je désire que Dieu m’utilise pour les chrétiens et ceux qui ne le sont pas encore.
Je vois maintenant cette Gloire alors qu’Il m’utilise comme je suis et d’une façon qui ne lui est pas possible avec d’autres. J’ai prié pour une guérison miraculeuse, si ce n’est pas Sa volonté, c’est qu’Il a autre chose de mieux en réserve.
Aujourd’hui j’ai une passion pour le travail parmi les jeunes et je veux rester disponible pour ce que Dieu veut que je fasse, quoi que ce soit et où il veut !
D’ici l’âge de 25 ans, je veux aussi devenir indépendant financièrement.
nick 5J’ai l’intention d’écrire un livre dont le titre sera « Né sans bras, sans jambes, pas de soucis » (note, il en a écrit plusieurs)
Je pense que lorsqu’on a un désir passionné de faire quelque chose et que c’est la volonté de Dieu, on finit par y arriver. Nous autres, êtres humains, nous nous mettons constamment des limites sans aucune raison ! Ce qui est pire, c’est que nous mettons des limites à Dieu alors qu’Il peut tout faire. Nous le mettons dans notre « boîte crânienne », pensant tout connaître de Lui alors que ce n’est pas vrai. Je ne me repose pas sur mes propres forces, mais sur celles de Dieu mon Père céleste, et ça change tout !
Que le Seigneur Jésus vous bénisse !  Nick Vujicic    nick-vujicic-et-sa-famille

Nick est marié, avec son épouse ils ont deux enfants et parcours le monde pour témoigner de sa joie, même sans bras ni jambes

Je vous invite à regarder la courte vidéo ci-dessous

Nick dans sa vie de tous les jours

 

Le SDF et Jésus

Dieu se révèle, comme il l’entend, au cœur simple qui le recherche, quelque ignorant qu’il soit. Ce petit récit pleinement authentique, en donne une nouvelle preuve.

SDF et Jésus

Le vieux Simon, le SDF et Jésus

Un pasteur anglais disait un soir, assez soucieux, au concierge de son église :
– Je suis assez tracassé par le fait que, chaque jour à midi depuis des semaines, un pauvre vieux aux habits râpés, entre dans l’église, où je puis le voir par la fenêtre du presbytère, et va vers le chœur ; il n’y reste que quelques minutes. Cela me paraît mystérieux et je m’inquiète, sachant qu’il y a des objets de valeur dans l’église. J’aimerais que vous puissiez le questionner.

Le lendemain, et plusieurs jours suivants, le concierge vérifia qu’en effet ce pauvre visiteur, sur le coup de midi entrait pour un court moment, puis sortait sans hâte. Il l’accosta enfin :
– Dites donc l’ami, qu’est-ce qui vous prend de venir ainsi à l’église ?
– Je vais prier, dit tranquillement le vieillard.
– Allons donc ! vous ne restez pas assez longtemps pour cela. Vous allez seulement jusqu’à l’autel et vous repartez. Qu’est-ce que cela signifie ?
– C’est exact, répondit le pauvre vieux. Mais, voyez-vous, moi je ne sais pas faire une longue prière ; pourtant je viens chaque jour à midi, et je lui dis tout simplement : « Jésus… c’est Simon ! »
Puis j’attends une minute et je m’en retourne. C’est une petite prière, mais je crois, je réalise qu’il m’entend.

Peu après, le pauvre vieux Simon fut renversé par un camion, on le transporta à l’hôpital où il dut rester pendant que se guérissait sa jambe cassée.
La salle où il était soigné donnait depuis longtemps beaucoup de peine à l’infirmière qui l’avait en charge.
Plusieurs malades étaient grincheux et irrités, d’autres murmuraient du matin au soir. Tout effort en vue d’améliorer un tel état d’esprit était vain.
Pourtant, au bout de peu de temps, les choses changèrent.
Les murmures furent moins amers, puis cédèrent la place au contentement.
L’infirmière, entendant un jour un joyeux éclat de rire, demanda :
– Qu’est-ce qui vous arrive à tous ? vous êtes maintenant des malades pleins de bonne humeur. Où s’en sont allés vos plaintes et vos gémissements qui me fatiguaient tant ?
– Oh ! c’est le vieux Simon ! répondit l’un d’eux. Il est toujours si heureux, sans jamais se plaindre ! Pourtant, nous savons qu’il souffre beaucoup. Il nous a fait honte !

L’infirmière se dirige vers le lit de Simon :
– Alors, lui dit-elle, vous avez fait ici du bon travail, vous avez fait envie à tous puisque, dit-on, vous êtes toujours heureux !
– Comment ne le serais-je pas ? répondit-il. C’est grâce à mon visiteur, lui me rend heureux, un jour après l’autre.
– Votre visiteur ? reprit-elle surprise. Quand donc vient-il ?
– Tous les jours à midi, répond-il dans un élan joyeux. Il se tient là, au pied de mon lit. Je le vois. Il me dit : Simon… c’est Jésus !

Heureux les pauvres en esprit,
car le royaume des cieux est à eux.
Heureux les affligés, car ils seront consolés!
Evangile de Matthieu 5.3-4

Source « mission des traités de Dijon »

Baptisé en prison

Condamné à 30 ans, il a trouvé la vraie liberté en prison !!

Ce témoignage a été mis sur le site LUEUR.ORG où vous trouverez plusieurs traductions de bibles, que vous pourrez comparer, et bien d’autres ressources encore comme des témoignages.

Écrit il y a quelques années, je vous laisse celui-ci

Bernard Delépine, Aumônier à la Maison d’Arrêt d’Angers : La première fois que j’ai rencontré Jean-Luc, c’était sur la demande d’un policier travaillant dans une brigade criminelle. Il voulait que je dise à l’assassin de sa sœur qu’il lui pardonnait son acte.
De là est parti tout un cheminement pour Jean-Luc qui a écrit ce témoignage à l’occasion de son engagement à suivre le Christ en prenant le baptême. Jamais auparavant je n’avais accepté de baptiser un détenu, mais là… vu les circonstances et la longueur de la peine !!!

 

Jean-Luc

Jusqu’à l’âge de 26 ans, ma vie avait été celle de beaucoup de personnes. J’ai été élevé au sein d’une famille de 3 enfants, mon père était à la tête d’une entreprise dans le bâtiment et ma mère était femme au foyer, dévouée à l’éducation de ses enfants et au petit soin pour son mari. Notre enfance et notre adolescence ont été merveilleuses. Nos parents nous ont toujours associés à leurs activités, leurs loisirs, leurs vacances ou leurs sorties. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu un  » non  » comme réponse à toutes nos demandes. Nous étions aimés d’eux.

Ma scolarité dans des écoles privées catholique s’est déroulée sans encombres si ce n’est que je me reposais sur ma facilité d’apprendre et d’enregistrer, ce qui me laissait énormément de temps pour être le pitre de service en osant tout ce qui me passait par la tête et faisant rire la classe et l’école. Si on pouvait me reprocher mes écarts de conduite, ceux-ci étaient vite oubliés à la simple lecture de mes carnets de notes. Mon frère et moi avons été enfants de cœur au sein d’une communauté « de petites sœurs des pauvres « . Nous participions également à de nombreuses retraites spirituelles avec notre église ou avec l’école. Cela dit, personnellement je n’ai pas le souvenir d’un intérêt particulier pour le Seigneur sinon que de faire plaisir à mes parents et de me permettre de me retrouver entre copains pour plusieurs jours.

La vie était belle et répondait à ce que je demandais à l’époque. Les valeurs de mes parents perduraient et ne pouvaient m’amener que vers un bonheur identique au leur : travail, passion, amour, disponibilité, famille. En 1987, je me mariais à une femme belle, intelligente, d’un milieu artistique et musicien, mais surtout avec les mêmes attentes de la vie. Nous avons eu deux enfants.

Pour des raisons encore floues, j’ai remis en question toutes mes certitudes sur la vie et le début de six années de descente aux enfers commençait. La seule chose dont je suis sûr, c’est d’avoir paniqué, d’avoir eu peur de ne pas être à la hauteur pour subvenir au besoin de ma famille. Ma femme, une femme formidable, m’a soutenu jusqu’à épuisement et en 1995 nous avons divorcé.

Descente… en enfer

Je vais vous faire grâce de tout mon cheminement mais simplement vous énumérer mes qualificatifs ; menteur, voleur, escroc, manipulateur, mauvais mari, mauvais père, mauvais fils, en un mot: à ne surtout pas croiser.
J’étais semblable à un iceberg, la partie extérieure inspirait confiance, une silhouette toujours propre, prêt à rendre service, une culture générale assez large alimentée par ma curiosité et de ma soif de découverte, une expérience commerciale plus que probante, …
Mais j’avais aussi une plus grande partie immergée qui ne se voyait pas. En même temps que je parlais à une personne, je la décortiquais littéralement l’amenant à se dévoiler. Je gagnais la confiance des gens très vite, sachant me rendre indispensable et n’ayant qu’une idée en tête : il faut que j’en tire le maximum d’argent.
J’étais aussi un vrai caméléon m’adaptant aux situations ou aux personnes que j’avais en face de moi afin de mieux profiter d’eux.

En fait, je n’avais plus de limites, plus de repères, je m’auto-détruisais à petit feu mais sûrement. Pourtant, un jour j’ai décidé que la vie était une grande aire de jeu et que c’est moi qui fixerais mes règles. Croyez-moi je n’ai épargné personne, toute ma famille, mes amis d’antan, ma femme et indirectement mes enfants.
Malgré notre divorce, mon ex-femme m’a toujours laissé voir mes enfants aussi souvent que je le désirais, c’est certainement ce qui m’a empêché de basculer dans le vrai banditisme.

Pour être tout à fait honnête, j’étais mal dans cette peau, j’avais un mal de vivre, je ne m’estimais plus et ne respectais absolument plus personne.

L’irréparable

Le 03 décembre 1996, après une journée dans les bars et à traîner en ville, je suis rentré chez moi, j’ai rendu visite à une voisine. Peu de temps après, je lui ôtais la vie.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, quand on m’a posé la question si j’étais l’auteur de ce drame, j’ai senti que la libération était proche. J’ai pris une énorme bouffée d’air et j’ai dit « oui ». Ce oui m’a enfin libéré d’une carapace qui devenait trop lourde à porter. Je suis rentré en paix en prison. Au lieu d’être accablé sur mon sort, je pensais à cette jeune femme à qui j’avais enlevé la vie et me disais que la vie n’était pas juste.

La prison

Au début de mon incarcération, j’ai ressenti le besoin de me confier, de partager avec quelqu’un mon parcours et d’essayer de comprendre. Je me suis rendu à la messe du dimanche matin. De vieux souvenirs ont réapparu mais également un non-sens au moment de la communion: comment peut-on nous présenter, enfin me la présenter alors que je suis un meurtrier. J’y suis retourné plusieurs fois, uniquement pour rencontrer un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps.

Une rencontre qui change la vie

Un jour, on m’annonce qu’un pasteur veut s’entretenir avec moi. Je suis étonné, je sais simplement qu’un pasteur ce n’est pas un vrai curé, c’était Bernard. Il se présente puis rapidement me dit qu’il est chargé d’un message du frère de la victime. Son message était simple: le frère de la victime te dit « je te pardonne ». Je n’ai pas la date exacte mais c’était quelques mois seulement après que j’ai tué sa sœur.
Depuis cette seconde, une seule question m’obsédait, comment ce frère pouvait me pardonner. J’ai revu Bernard plusieurs fois et toujours avec joie mais aussi curieux de l’entendre. L’élément qui a vraiment permis à ma vie de changer est ma rencontre avec d’autres détenus participant au culte protestant du samedi après-midi. Michel dans un premier temps puis Jean.

Plus le temps passait, plus je lisais la Bible, plus je me posais de questions. J’avais une seule certitude, il fallait que je reconnaisse mes péchés devant Dieu et que j’en demande pardon.

Confession !

Vieux réflexe, j’ai demandé à Bernard s’il voulait recevoir ma confession, il m’a proposé de la mettre par écrit. Seul dans ma cellule, je me suis rapidement rendu compte que c’était impossible tellement j’avais commis de mauvaises actions. J’ai pris l’engagement de reprendre ma vie et d’avouer toutes mes fautes, de la plus insignifiante à la plus horrible. J’ai demandé pardon pour chacune d’elles mais encore aujourd’hui le passé refait surface et j’en découvre une de plus. Je ne sais pas si un jour je pourrais dire « Seigneur, cette fois c’est la dernière ».

Longtemps, j’ai pensé que le Seigneur ne m’avait pas pardonné et il m’est arrivé d’avoir l’impression de reculer de trois pas alors que je venais d’en faire un. J’avais beau prier, il ne se passait rien. Régulièrement, Bernard permettait à des chrétiens de venir témoigner de leur foi au culte du samedi, leurs témoignages étaient souvent extraordinaires et j’ai même douté de leur véracité. Bernard et Michel m’ont été d’un grand secours dans ces moments là.

Libre

Un jour, j’ai simplement pris conscience que j’étais serein et que j’avais le cœur en paix.

Le Seigneur vous touche n’importe quand, moi il m’a surpris un dimanche soir durant lequel j’ai vidé toutes les larmes de mon cœur. J’ai été entouré d’une force impressionnante, incapable d’esquisser le moindre geste, la moindre réaction. Il m’a fallu un temps fou pour reprendre mes esprits et petit à petit un changement s’est opéré en moi.
Je suis sûr que certains d’entre vous sont surpris par ce baptême. La seule chose que je peux vous dire c’est que je suis libre, que la plus belle chose que j’ai faite c’est de donner ma vie au Seigneur.
Je suis condamné à trente ans de prison et c’est moi qui remonte le moral à ceux qui ont six mois à faire.

Aujourd’hui, je suis certain que le Seigneur est vivant et qu’il est mon Dieu. Je suis mort avec le Christ sur la croix mais je suis aussi ressuscité avec lui d’entre les morts.
La porte du Seigneur est ouverte pour tout le monde, bon ou mauvais, coupable ou innocent, ce n’est pas une porte de prison qui se referme derrière nous toutefois, le Seigneur n’impose rien à personne.

Tous les jours, Satan me tente. Il m’arrive de craquer et de faire ou dire des choses que je regrette immédiatement. Je ne suis qu’un homme et le fait de lui donner ma vie, ne rend pas celle-ci plus facile. Le Seigneur sait que l’homme est faible alors si je n’hésite pas à lui demander qu’il réponde favorablement à mes prières, je n’oublie pas non plus de lui demander également de me ramener sur le droit chemin. Sachons demander des choses très simples.

Je finirais sur les versets 1 et 4 du psaume 27 :

Le Seigneur est ma lumière et mon sauveur, je n’ai rien à craindre de sa personne. Le Seigneur est le protecteur de ma vie, je n’ai rien à redouter. (Ps 27.1)
Je ne demande qu’une chose au Seigneur, mais je la désire vraiment : c’est de rester toute ma vie chez lui, pour jouir de son amitié et guetter sa réponse dans son temple. (Ps 27.4)

Jean-Luc, Angers

Message du frère de la victime

A l’occasion de ce baptême, 12 personnes de notre église protestante baptiste ont pu entrer à la prison pour cette célébration.

Un message du frère de la victime reçu par Bernard juste avant sa rentrée à la prison a été lu:

« Les choses anciennes sont passées. Le Seigneur a dissipé l’obscurité.
C’est un nouveau jour, une nouvelle marche vers la Lumière, vers l’avenir.
Que le Seigneur notre Dieu te bénisse abondamment mon frère.
Avec toi dans ce jour de joie »

Chez les pygmées

Ce fut une expérience très riche que d’aller visiter des pygmées dans 2 camps différents

A l’occasion d’un voyage au Cameroun afin de donner 2 semaines de cours, l’une à Yaoundé l’autre à Kribi, le pasteur responsable de l’église qui m’accueillait, connaissant mon cœur pour l’action relationnelle et sociale m’a proposé d’aller visiter les pygmées. Nous avons fait 2 voyages très longs et parfois périlleux en moto, sur des pistes africaines.

Visite d’un campement sur la route P8

Après des heures de moto, il faut réussir à trouver le campement qui change de lieu au gré des saisons, des cueillettes, du gibier, de la pêche,…

 Quelques kilomètres plus tard, nous trouvons enfin le campement

Echanges sympathiques et conviviaux accompagnés de chants, de témoignages et d’enseignements bibliques

 

Don de sac de sel, indispensable car en foret cette denrée fait grandement défaut

 

Sur le chemin du retour,nous nous arrêtons dans une famille afin de nous abriter de la pluie qui tombe en trombe

Plus loin encore, nous nous arrêtons devant une petite église sortie de nul part en pleine foret tropicale. Celui qui garde, entretien cet endroit est plein de foi… bien qu’aveugle.

Vraiment un privilège que d’aller visiter ces personnes

nos amis pygmées sont très très loin du dispensaire le plus proche, nous leur avons donc fourni des médicaments, vaccins anti-poison de vipères et bien d’autres choses servant pour des premiers secours

 

 

Papa, tu vas mourir !

Aumônier au CHU d’Angers, on me demande d’aller visiter un homme. J’y vais le lendemain de l’appel, c’était un dimanche après-midi. Arrivé dans la chambre, il y a là un homme âgé de 40 ans qui râle de souffrance. Autour de lui, sa fille adolescente de 17 ans, son compagnon et son ex-femme. Je me présente. « Bonjour, je suis le pasteur Bernard Delépine, vous avez demandé ma visite ». Sa fille est soulagée de me voir : « merci d’être venu »

La suite est surréaliste, il y a peu de phrases mais ça dure ‘une éternité’. L’homme ne sait plus comment se mettre dans son lit, il parle lentement, avec difficulté, poussant des râles de souffrances.

Un dialogue vraiment hors du commun
La jeune fille se penche vers son père :
– Papa, nous t’avons dit que nous avions demandé à un monsieur de passer te voir, il est arrivé, c’est lui.
Ha bon, dit son père, pourquoi il est là ?
– Parce que tu vas mourir papa
Ha bon je vais mourir, mais pourquoi ?
– Parce que tu as un cancer, les médecins ne peuvent pas t’opérer !
Ha bon pourquoi ?
– Parce que c’est trop tard
Elle sanglote tant que c’est son jeune compagnon qui continue
– Oui Pierre (nom d’emprunt), ce monsieur est pasteur, il va t’expliquer comment faire
Mais comment faire quoi ? dit-il toujours au milieu de ses râles
– Comment partir
Mais partir où, moi je veux rentrer à la maison
– Non Pierre, tu ne peux pas renter à la maison tu vas partir là-haut
Là-haut, mais où là-haut ?
-Tu vas monter là-haut, car tu vas mourir et le monsieur va te dire comment faire pour y aller

Après beaucoup d’embrassades et de larmes des deux jeunes, son ex-femme dit « désolé, nous devons partir prendre un train ».

Tout le monde s’en va, je reste seul avec Pierre
Bien que ce que je viens de vivre est tellement surréaliste, je n’en suis pas déstabilisé.
Etant seuls, nous entamons la conversation…
– Alors je vais mourir ?
Il semble que oui
– Vous n’en savez pas plus alors ?
Non parce que je ne suis pas allé voir les infirmières pour demander où vous en étiez, mais vous savez, si votre fille vous dit cela, c’est que le personnel médical lui aura dit
– Je suis si mal que ça ?
Oh oui, vous n’êtes pas au mieux de votre forme, disons même que vous êtes au plus bas. Puisque je suis là, avez-vous avez la foi en Dieu ?
Il me raconte avoir voulu être prêtre lorsque, petit, il était servant de messe. « Il y a bien longtemps lui dis-je, depuis votre vie n’a pas été facile ». J’avais bien vu par son teint jaunâtre qu’il était atteint d’une cirrhose du foie

Je ne mérite pas
Je lui parle de l’amour de Jésus pour lui, de son pardon
– « Je ne le mérite pas »
Je le sais Pierre, personne ne mérite l’amour ou le pardon de Jésus, même moi qui suis pasteur, ce n’est pas une question de mérite.
Je lui parle alors d’un des deux brigands crucifiés en même temps que Jésus. Il en avait un vague souvenir. Je continue « Pierre, Jésus a dit à l’un des deux qu’il le prendrait avec lui au paradis ce jour même, du fait de la confiance qu’il a placée en Lui. Cet homme n’a eu ni le temps de se confesser, ni de se racheter d’aucune manière et pourtant, Jésus l’a pris au paradis avec Lui »

Lui demandant s’il accepte que je prie pour lui, comme il me le permet je demande à Jésus de pardonner tous ses péchés, de lui venir en aide durant ces jours difficiles devant lui, de garder sa fille,…
Durant ce moment de prière spontanée, Pierre comprend, acquiesce, des larmes coulent sur son visage, sans un mot il me serre la main comme pour dire qu’il accepte cette prière et qu’il m’en remercie.

Je le quitte pour revenir le lendemain. Il n’y a pas vraiment de conversation, je lui demande juste s’il à soif, s’il veut que je l’aide à s’assoir un peu mieux pour un meilleur confort, je tape sur le coussin et lui remet derrière, lui donne à boire… Je ne peux rien faire de plus. Il souffre et je sens qu’il souhaite rester seul, je m’en vais donc discrètement.
J’y retourne le mardi mais il est décédé quelques heures après mon passage de la veille.

La suite
Je téléphone à sa fille, elle me demande si je veux bien les attendre, elle et son compagnon, car ils voudraient le voir dans la chambre funèbre mais ils ont peur, ne savent ni comment ni quoi faire. Je les accueille peu après, les emmène.
Devant le corps de son père, elle me demande si je veux prier pour lui. Je lui explique ce que nous avions vécu le dimanche après-midi lorsqu’ils étaient partis, Lui dis pourquoi je ne prierai plus pour lui mais que je peux prier pour eux s’ils l’acceptent. Ne nous souciant pas de l’endroit où nous sommes, c’est ce que faisons.

Elle me demande si je peux m’occuper de la cérémonie de sépulture, ce que j’accepte.
Comme elle me dit leurs difficultés financières, je les rassure « je ne demande jamais rien ».
Ils ont eu du mal à prendre la décision du lieu de la sépulture, elle se fait donc directement au cimetière en présence d’une quinzaine de personnes à qui je raconte aussi comment Pierre a accepté la prière, le pardon et l’amour de Jésus.

la vie s'en va comme le jour

la vie s’en va… comme le jour

Christianisme et Islam

Après les attentats de janvier à Charlie Hebdo, puis contre les juifs et l’Etat via les policiers, on peut se poser la question « pourquoi ». On peut aussi se questionner sur les différences entre le christianisme et l’islam ?

Depuis l’été 2014 nous avions programmé une journée de réflexion sur le christianisme face à l’islam.
Le terme « face » n’a aucune connotation d’agressivité, plutôt la notion d’une certaine incompatibilité entre les deux religions.
Pour autant, le but premier de cette journée de réflexion était d’encourager les participants chrétiens à ne pas avoir peur des musulmans ni de les « tolérer » mais de les aimer et de les respecter en tant que personnes.

Saïd Oujibou, un pont
Nous avons de suite pensé au pasteur-conférencier Saïd Oujibou. D’une part parce qu’il a grandi dans un certain islam radical, d’autre part du fait qu’il n’a pas la langue de bois, vis-à-vis l’attitude de certains chrétiens comme de certains musulmans. Nous aimions l’idée d’une réflexion vraie, crue, directe… en cela nous pouvions lui faire confiance !
Il a beaucoup d’humour, ce qui ne gâche rien. La photo est celle d’un spectacle qu’il donne ici et là.

Je vous propose de lire une interview de Saïd, recueillie par Élisabeth Royez, parue le 23 janvier 2015 dans les journaux Presse Océan et La Nouvelle République. Vous pouvez le lire ci-dessous ou en cliquant sur ce lien

 

Le pasteur qui sert de pont entre islam et christianisme
Le pasteur Saïd, passé par l’islam radical et converti au protestantisme, sera l’invité de l’église protestante baptiste de Poitiers ce week-end.

Vous êtes pasteur itinérant et consultant en prévention urbaine: en quoi consiste votre rôle?
Je suis pasteur d’une paroisse, dans le 16ème arrondissement de Paris, mais je suis très sollicité en tant que conférencier, ce qui fait qu’une bonne partie de mon apostolat se fait à l’extérieur. Mon rôle de consultant en prévention urbaine s’est inventé de lui-même au vu de la fracture qui se dessine entre la banlieue et la société. J’interviens à la demande de politiques, de municipalités, d’associations pour aider à régler des conflits ou travailler sur des codes culturels des quartiers qui sont méconnus des acteurs locaux. Aujourd’hui je connais aussi bien l’islam que le christianisme, je sers de pont.

Avec l’actualité, ce sont des thèmes qui résonnent particulièrement…
Les jeunes dans les quartiers sont en quête d’idéal. J’ai moi-même connu cette quête et l’islam radical dans ma jeunesse mais pas à un tel degré. J’aime la France, mais les discriminations y existent. Des jeunes transforment leur mal-être en violence, mais il ne faut pas que ça aille jusqu’à tuer des gens. L’islam redonne des valeurs et une identité à des jeunes en déshérence, mais comme il y a une méconnaissance de l’islam, certains islamistes l’exploitent et disent à ces jeunes que ce qui les rend malheureux, c’est le système judéo-chrétien. Ils épousent alors une idéologie politique contre toutes les grandes valeurs parallèlement à une idéologie religieuse.

Samedi, vous participez à une formation de l’église baptiste de Poitiers sur « Comment se positionner en tant que chrétien face à l’islam »: quel sera votre message?
Il n’y a aucune base commune entre christianisme et islam, ce sont des religions complètement opposées. En tant que chrétiens, nous n’avons pas d’autre choix que d’aimer les musulmans: c’est le commandement de Dieu, d’aimer son prochain. Les musulmans ont le choix, ils peuvent nous aimer ou nous détruire: tout dépend de comment ils se placent par rapport au texte coranique. Il y a différents islams. Le Coran a aussi donné naissance à l’islamisme: ce n’est pas une question d’interprétation du texte coranique mais de degré.

Vous avez grandi dans l’islam et vous êtes converti à l’âge de 21 ans: pourquoi cette conversion ?
J’étais un farouche combattant du christianisme. Je voulais démonter la Bible. Mais en essayant d’y trouver des erreurs, j’y ai trouvé la vérité. J’ai fait une étude comparative de la Bible et du Coran, et j’ai été subjugué par la figure du Christ, par la douceur et la tendresse dans ses paroles. Je suis très ouvert à toutes les confessions chrétiennes. Je me suis rapproché du protestantisme car cette église est moins frileuse que l’église catholique. Beaucoup de catholiques ont peur de recevoir (dans les églises) des musulmans qui se convertissent.

 

Charlie Hebdo, le pasteur Bernard Delépine s’engage

 

Ce midi je suis interrogé par un journaliste du Courrier de l’Ouest sur les raisons de ma présence à la minute de silence républicaine à l’occasion du massacre à Charlie Hebdo. Je vous livre une partie de mon entretien, enrichi de réflexions.

Je suis présent à cette manifestation par solidarité, par citoyenneté, et, bien que pasteur protestant j’ose dire en cette circonstance « par laïcité ». Certes, je ne suis pas toujours en osmose avec la rédaction de « Charlie-Hebdo », avec ses propos, ses caricatures,…  toutefois ma non-présence ne pouvait être envisagée.

Quel est le sens de votre présence alors ?
Je veux apporter ma compassion envers ceux qui ont été meurtris, sont décédés ou blessés, ainsi qu’à leur famille et amis
Je souhaite affirmer l’importance de la liberté de la presse, y compris lorsque je ne suis pas en accord
Je veux marteler qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre ceux qui ont commis ces actes immondes et l’ensemble des musulmans

Que pensez-vous des caricatures de Charlie Hebdo ?
Je ne dis pas que j’apprécie, encore moins que j’y souscris. Ce n’est pas une quelconque peur qui me dicte cette attitude mais le respect d’une religion qui n’est pourtant pas la mienne lorsque c’est Mahomet qui est caricaturé, je suis pour le respect des personnes qui se reconnaissent en cette religion. Je ne suis pas fan non plus de bien d’autres titres de presse… et il y en a beaucoup et pas uniquement qui se moquent des religions. Je suis sensible au respect de la personne en général. Ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas bousculer les personnes, ou se taire, une des vraies questions est, me semble-t-il « est-que que mes propos, vos propos… font avancer quelque chose ? »

Et la liberté de la presse alors ?
Je suis pour la liberté de la presse et non pour la censure. Maintenant, que ce soit Charlie Hebdo ou un autre titre de presse, chacun porte la responsabilité… et les conséquences de son contenu. Il faut oser le dire, il y a des écrits, des propos,… qui sont un manque de sagesse élémentaire mais comme c’est un « fond de commerce » ils en usent et en abusent !
Je suis bien sûr et sans équivoque contre la violence, physique ou verbale. Si des personnes sont choquées par le contenu d’un article de presse, qu’elles s’en remette à la justice. L’attaque contre Charlie Hebdo se solde par des morts… et par la relance du journal qui était en train de mourir faute de lecteurs. Les agresseurs auraient du réfléchir avant car ils ont fait la promotion – et une promotion mondiale – de ce qu’ils dénonçaient, c’est un peu idiot comme stratégie
Personnellement je ne suis ni frustré ni en colère lorsque je vois des caricatures inappropriées sur les religions, y compris lorsque c’est Dieu ou le Christ qui est visé. Ca ne me touche pas et ne m’empêche pas de dormir, d’ailleurs Jésus était aussi provocateur à ses heures !

Jésus, provocateur ?
Oui, en son temps, Jésus a été provocateur, un empêcheur de tourner en rond. Il l’était en particulier pour les religieux qui s’employaient à respecter des règles sans vivre l’essence même de la foi et qui imposaient à leurs contemporains de suivre ces règles – allant jusqu’à exclure ceux qui ne les respectaient pas ou ne pouvaient les respecter. Il était une épine dans le pied de ceux qui se vantaient de leur foi et de leur « pureté ». Oui, Jésus a « caricaturé » certains religieux de son temps, non pas avec des dessins mais avec des mots, allant jusqu’à les comparer de « sépulcres blanchis », beaux à l’extérieur mais avec de « la pourriture » à l’intérieur, pour ne citer que ce seul exemple.

Depuis, que pensez-vous des caricatures sur cette affaire ?
C’est de l’humour noir mais je n’ai pas vu une caricature montrant les dessinateurs de Charlie au paradis, accueillant dans ce même lieu les 3 terroristes avec cette maxime « bienvenus, on vous attendait pour vous donner des crayons à la place de vos kalachnikovs, ça fait moins de dégâts ».
C’est d’ailleurs très étonnant et surréaliste d’entendre les uns et les autres dire que ces dessinateurs sont « au paradis ou là-haut d’où ils nous voient et nous entendent », eux qui, sauf erreur, se réclamaient d’être athées, agnostiques, anticléricaux.
Le « paradis », c’est tout de même une notion religieuse. Comme quoi… !

Et les manifestations ?
Il est rare que je manifeste. La première fois ce fut à Lille, j’avais lancé en 1977 ou 1978 l’idée de la première « manifestation pour Jésus ». Celle-ci avait eu un engouement auprès d’un très grand nombre de personnes, toutes confessions chrétiennes réunies. Nous avions défilé dans une ambiance bon enfant, rythmé par des chants « gospel moderne », sans heurts
A Angers, une des rares fois le fut à l’occasion des tombes juives profanées à Carpentras.
Je suis, pour autant que j’en sois informé, un inconditionnel de ses rassemblements où ensemble, hommes et femmes se réunissent pour dire NON, pour faire bloc bien au-delà des sensibilités et des cultures.

Je ne peux aller jusqu’à dire « je suis Charlie » du fait que je ne me reconnais pas dans l’expression rédactionnelle de l’hebdo, mais comme beaucoup d’autres, je suis quelqu’un qui défend les valeurs du vivre ensemble.

Accueillir dans notre famille un détenu atteint du SIDA afin qu’il meure chez nous plutôt qu’en prison !

Suivez cette incroyable histoire écrite par épisodes
Par le Pasteur Bernard Delépine, aumônier en milieu carcéral durant 24 ans
(1) Le personnage

J’ai rencontré Gérard d’une manière peu banale. Il y avait un petit mot dans la boite à lettres de l’aumônerie protestante de la Maison d’Arrêt d’Angers où j’ai exercé le ministère d’aumônier protestant.
Sur ce petit mot, Gérard demandait à rencontrer un rabbin ! Comme je n’en connaissais pas à l’époque, j’ai mis ce mot dans la boite à lettres de l’aumônerie catholique, pensant qu’elle en connaissait un et qu’elle ferait le relai. Mais le mot est revenu dans ma boite !

Je ne pouvais faire attendre cette personne plus longtemps, je suis allé au centre névralgique de la prison qui s’appelle « la rotonde » afin de visiter cette personne.
Ho mais tu ne peux pas, cet homme est au mitard (la prison dans la prison), il en a pris pour 45 jours, le max, pour avoir été violent envers nos collègues d’une autre prison, il est très dangereux ce gars-là.
Je rétorquais qu’en tant qu’aumônier, j’avais le droit de visiter tout le monde, y compris au mitard. Il a fallu que je menace d’aller demander au directeur en personne pour qu’enfin le surveillant accepte de me conduire jusqu’à sa cellule.

Au mitard
La porte en fer s’ouvre et, derrière une grille fermant le passage, j’ai vu un homme assis au regard pas très engageant « vous avez demandé un rabbin, désolé il n’y en a pas. Ne voulez-vous pas un pasteur en échange ? » Il se mit à sourire en acceptant la proposition et un « on peut toujours essayer ».
Le surveillant anxieux dit Je ferme la grille mais je laisse la porte entrouverte, s’il y a le moindre problème, tu cries ! Et moi de lui répondre « je n’ai pas peur de ce gars, tu peux fermer »
Plusieurs fois durant notre heure d’échange, le surveillant viendra vérifier si tout va bien.

Je m’assis à cote de lui sur son lit, nous commençons à discuter, d’abord pour les raisons qui l’amènent à vouloir rencontrer un rabbin. Il n’était pas juif mais voulait juste comprendre pourquoi le pays d’Israël, si petit, faisait autant parler de lui !!
Après explications, nous parlons de lui, de ce qui l’avait amené à la prison d’Angers, ce qu’il avait fait pour être au mitard pour si longtemps…

Je suis atteint du SIDA, j’ai été condamné la semaine dernière à 10 ans de réclusion criminelle. Je leur ai bien dit qu’ils ne me condamnaient pas à 10 ans mais à mort car ils savaient pertinemment que je ne pouvais aller jusque là, même avec les remises de peines.
En rentrant à la prison, j’ai été accueilli par un chef qui me demandait pour combien d’années j’en avais pris, puis souriant il m’a dit « toi tu ne sortiras jamais vivant d’ici ».
J’ai pété les plombs, toute la tension vécue aux assises est remontée… je lui ai mis un coup de poing et je me retrouve ici.
A vrai dire, ce qu’il pensait n’être un coup de poing fut en réalité un passage à tabac qui valut au chef plusieurs semaines d’hospitalisation puis d’arrêts. Il en a giflé un autre puis étant à l’étage, il a envoyé un troisième au-dessus de la rambarde qui, heureusement, a atterri dans le filet de protection !
Il avait tellement « pété les plombs » qu’il n’avait plus la notion de ses gestes.
Certes, je ne suis pas très grand mais Gérard lui, c’était vraiment une « armoire à glace ».
Il sera condamné à 2 ans de plus pour ce fait. (Ce que je comprends car les surveillants n’ont pas à subir)

Son histoire est tristement banale
Je résume ici ce qu’il a pu m’en dire, je ne suis pas allé vérifier mais nous étions assez proches pour qu’il me partage son parcours avec sa sensibilité, sa manière à lui d’avoir vécu les choses
Il fut le seul enfant de la famille à avoir été placé en institution, probablement dans un temps difficile que celle-ci traversait. Par discrétion, je n’en dirais pas plus.
Il prit comme une injustice, un rejet, un abandon… le fait qu’aucun de ses frères ou sœurs ne fut aussi placé. Pourquoi moi ??
Il commit des larcins, dont l’un le conduisit en prison alors qu’il n’avait que quatorze ans. Il avait écopé de 6 mois de prison ferme pour avoir volé… 6 bouteilles de champagne !
Le juge aurait dit « un mois par bouteille » ! Malicieusement Gérard disait « heureusement que je n’avais pas volé une boite de petits pois. Ils auraient eu la connerie de l’ouvrir et de me condamner à 1 mois ferme pour chaque petit pois !!! »

Toujours est-il qu’en prison très jeune, ceux qui l’ont « protégé » sont aussi ceux qui lui ont appris le métier de « braqueur de banque ».
Ce fut encore pour ce délit qu’il avait été incarcéré lorsque nous nous sommes rencontrés.

(à suivre)

Un noël à La Fraternité

Vivre seul c’est déjà difficile, le soir de noël c’est insupportable

Cet article est en cours de construction, il sera notamment question de l’action de solidaire  « Ne restez pas seul à noël » initiée par le pasteur Bernard Delépine. C’est à la prison, en tant qu’aumônier protestant, qu’il s’est rendu compte que pour beaucoup, cette soirée/nuit était la pire de l’année pour de nombreuses personnes.

En attendant plus de matière, vous pouvez lire un des multiples article de presse parus à l’occasion en cliquant sur >  Ne restez pas seul à noël

ou celui-ci « La fraternité pour adoucir la solitude à noel »

 

 

 

 

La Fraternité à Angers

La FRATERNITE est une association sociale, fondée à Angers en 1983 par le pasteur Bernard Delépine

Vous trouverez ci-dessous un bref historique. En cliquant sur >  Fraternité  vous aurez les coordonnées et d’autres infos en attendant un peu plus de détails et une mise à jour sur cette association.

 

 

Historique

C’est le pasteur Bernard Delépine qui a fondé cette association.
Il accueillait au sein de sa famille des personnes en difficulté. Ce fut notamment le cas d’un homme qui avait divorcé, fait plusieurs années de prison et qui se trouvait seul à l’hôpital sans savoir où aller.
Cet homme avait aussi un très gros problème d’alcoolisme. Il est resté dans cette famille de 3 enfants à l’époque, durant 13 mois.
Comme il devait reprendre son autonomie, La Fraternité fut fondée afin de pouvoir louer un appartement dans lequel il s’est installé. C’était en 1983 !

D’autres appartements ont été loués, l’un pour des hommes – l’autre pour des femmes mais au bout de 3-4 ans, les circonstances ont fait que nous avons arrêté ce type de location. L’association est donc restée en sommeil durant quelques années.

L’action sociale se poursuivait tout de même dans plusieurs familles et notamment celle de Claudine et Jean-Luc Mercereau de Gennes.
La maison du pasteur ne désemplissait pas, voyant quelquefois jusqu’à 3 personnes accueillies en même temps : toxicomanes, sortants de prison, alcooliques, problèmes de dépression ou problèmes psychiques, …..
L’accueil le plus médiatique fut la demande de libération anticipée pour un détenu qui se mourait du SIDA.
Le pasteur, aumônier à la Maison d’arrêt d’Angers avait sollicité auprès du Ministère de la Justice, une grâce médicale. C’est finalement le Président de la République qui ordonna sa libération afin qu’il décède dans la famille pastorale plutôt qu’en prison !

La Fraternité a trouvé un nouvel élan à partir de l’année 1991. Une jeune retraitée au nom sympathique de « Tante Yvonne » a commencé la distribution de gâteaux, café et autres boissons dans les rues pour les SDF. Le but était d’entrer en contact avec eux et de répondre autant que possible à leur besoin, de parler avec eux afin de les sortir de leur marginalité.
Quelques 300 cafés étaient distribués sur une semaine.
Aujourd’hui, faute de personnes disponibles, la distribution s’est arrêtée. Nous espérons qu’elle reprendra à partir de l’automne prochain.

S’en est suivi la récupération et la distribution de vêtements. Dans les premières années, ces derniers étaient envoyés en Afrique.
Couvertures et vêtements chauds pour l’hiver des SDF, d’autres pour des mères célibataires ou familles en grande précarité, certains ont été envoyés dans les pays de l’Est comme la Pologne et la Bulgarie ….

Puis La Fraternité a eu le souci de nourrir ceux qui étaient les plus défavorisés. Une distribution alimentaire a donc vu le jour.

Ont suivi des bilans de santé fait par l’IRSA, organisme qui venait faire les prises de sang sur place. La restructuration de ce service et la nouvelle loi permettent maintenant aux personnes les plus défavorisées d’avoir la gratuité de soins (CMU).

Une coiffeuse sans travail a coupé assez régulièrement les cheveux des personnes venant aux diverses distributions. En effet pour se présenter devant un employeur ou tout bonnement pour mieux se regarder devant un miroir, c’est très important.
Ce service existe toujours mais moins régulièrement.

Devant le dénuement de certaines familles, nous avons commencé à récupérer des meubles et des appareils électroménagers pour les rétrocéder pour un prix symbolique !

Vous trouverez plus de détails de chacun de ces services sous la rubrique « Activités ».

Colis alimentaires pour Etudiants

Certains étudiants ne mangent pas à leur faim. A Angers, un pasteur a mis en place une distribution alimentaire Croq Etudiants

En attente d’un article plus fourni, vous êtes invité à cliquer sur Croq’Etudiants afin de voir un des articles de presse

 

Angers : Distribution de colis alimentaires pour les étudiants dans le besoin

– Les colis sont facturés 1 €

Pour la seconde année consécutive, l’opération baptisée ‘Croq’étudiants’ a été reconduite. En effet, les membres de la Fraternité, une association de l’église protestante baptiste d’Angers, ont repris la distribution de colis alimentaires pour les étudiants dans le besoin. Les colis contiennent des pâtes, du riz, des conserves, des produits laitiers, des viandes et poissons surgelés, selon les arrivages.« Nous assurons un dépannage et non pas la nourriture pour la semaine. Il s’agit d’un soutien », précise l’association. Le colis est d’ailleurs facturé 1 €. « C’est une question d’amour-propre, de dignité. Nous ne voulons pas d’un regard de personne assistée… », explique-t-elle. « L’an dernier, nous en avions plus d’une vingtaine. Cette année, nous devrions franchir la barre des cinquante. »Par ailleurs, la Fraternité cherche à établir des partenariats, pour pouvoir distribuer des tickets de Resto U, des produits d’hygiène, voire des places de cinéma ou de concert. « Il n’y a pas que l’alimentaire. Il faut aussi qu’ils puissent un peu profiter de la vie ! », souligne-t-elle.Source : Ouest France 

france soir copie

Faculté – Les étudiants ne mangent pas à leur faim
Une association distribue des colis alimentaires
Une association de l’Eglise protestante baptiste d’Angers, membre de la Banque alimentaire, distribue une fois par semaine des colis alimentaires à des étudiants dans le besoin.
Depuis la mi-décembre, les bénévoles de l’association la Fraternité œuvrent à la distribution de colis alimentaires à destination d’étudiants angevins. Ils sont des dizaines à profiter toutes les semaines de cette aide symboliquement, vendue 1 euro. A l’origine, l’association distribuait des denrées alimentaires à des familles en grande difficulté, mais « quelques étudiants venaient, d’où l’idée d’organiser une distribution spécialement pour eux », nous précise Priscille Soulard, vice-présidente de l’association.
« Trouver des partenariats »
La remise des colis, appelés « Croq’étudiant », a lieu tous les mardis en fin d’après-midi et en début de soirée, une fois les cours finis. « On distribue des denrées alimentaires que nous fournit la Banque alimentaire, mais aussi des légumes que nous donnent des particuliers. On essaie de trouver des partenariats pour obtenir des produits domestiques, des places de concert ou de cinéma », indique Priscille Soullard. La distribution se terminera au mois de juin, à la fin du cursus universitaire, avant de reprendre en septembre. Les assistantes sociales des universités jouent un rôle important dans cette organisation. Ce sont elles qui valident les dossiers des demandeurs avant de les aiguiller. Des demandeurs qui sont pour la majorité des étudiants étrangers, pris de cours par le prix de la nourriture en France. Les bourses universitaires qu’ils perçoivent ne leur permettant plus de se nourrir correctement.
Edition France Soir du mercredi 30 janvier 2008 n°19708 page 12

Article France soir Emmanuel Pey, le mercredi 30 janvier 2008 à 04:00

 

 

 

 

 

 

Adoucir la solitude

« Pour qui est-ce que je compte vraiment ? » est une question qui se pose souvent. La solitude est un mal qui mine de l’intérieur !

Cet article sera bientôt prêt, dans l’attente, vous pouvez consulter un article paru dans Ouest France >  ADOUCIR

 

 

 

Annoncer à un détenu le décès de son bébé

Mon collègue aumônier catholique à l’hôpital m’appelle : « comme tu vas aussi à la prison, est-ce que tu peux t’y rendre en urgence pour voir un homme dont l’épouse vient d’accoucher. Il faut le prévenir qu’il n’est pas certain que son bébé survive ».
Bien que ce n’était plus l’heure de rendre visite, le chef me laisse voir ce jeune papa que je n’avais jamais vu. L’homme devient blême, il est abattu, anxieux et doit se rendre à l’infirmerie pour prendre des calmants afin de gérer sa situation. Il faut dire que si celle-ci est déjà difficile quand on est libre, elle prend des proportions énormes lorsque les personnes sont incarcérées, impossible de sortir voir son épouse et le bébé, l’attente de nouvelles est interminable.
Trois jours après, nouveau coup de téléphone,… je dois aller annoncer le décès ! L’homme voit déjà sur mon visage ce que je vais lui annoncer. Je lui promets de faire mon possible pour qu’il puisse avoir une permission de sortie pour aller voir son épouse et pour la sépulture. Je lui conseille de voir le prêtre de la prison pour organiser cette dernière mais il me répond qu’il n’est pas pratiquant. « Vous m’avez accompagné durant ces jours, pourriez-vous vous en occuper » je réponds par l’affirmative.
Je m’occupe donc de voir l’assistante sociale qui lui obtient une permission de sortie, je prends contact avec les pompes funèbres d’une ville à cinquante km de là.

Trois jours après, nous sommes quatre autour du petit cercueil blanc, le couple, mon épouse et moi-même. Le temps d’une petite médiation biblique. Le couple nous remercie. Bien qu’incarcéré à nouveau, l’homme n’assistera pas aux cultes du samedi.
Perte de temps m’a dit quelqu’un, « la compassion ne compte pas le temps mais prend soin des autres » ai-je répondu.
Bernard Delépine

Dans la prison «cocotte-minute» pourrissoir le foot ne suffit pas à approcher Dieu (1)

Indigne : à la Maison d’arrêt d’Angers, des détenus vivent à trois dans 9 m2. Alors, quand le pasteur déboule avec une équipe déjeunes « footeux » chrétiens, quelques tee-shirts en cadeau et un pot au bout du jeu, c’est toujours bon à prendre pour se vider la tête, à défaut de penser au bon Dieu.
« Aucun des détenus qui jouent, ce matin, ne vient au culte du samedi. Mais ces matchs de foot ne sont pas destinés à les y faire venir ». Bernard Delépine, pasteur de l’Eglise Baptiste et aumônier de la Maison d’arrêt d’Angers, n’est pas un cul bénit. Au-delà (ou en deçà) de la foi, il ne parle pas de l’ivraie dans le bon grain, mais simplement d’« humanité », d’« ouverture aux autres ».
« Je ne jette jamais la pierre aux détenus. J’essaie seulement de les convaincre de tout faire pour ne pas y revenir ».
Et il porte témoignage. Une fois l’an, avec de jeunes chrétiens adultes, membres de l’association « Sport et Foi » aux maillots barrés d’un Foot pour « Christ » il organise, au pied des hauts murs frisés de barbelés, un match visiteurs-détenus. A défaut de partager la même passion pour Dieu on partage la même pour le foot. Et comme dénominateur commun, on peut tomber d’accord sur les mots de «respect», pas de trucage ni de cinéma, sport propre : déjà un programme. Le «terrain», qui a beau être la plus vaste surface à ciel ouvert de rétablissement, n’est, au fond, qu’une espèce de losange ou d’un vaseux parallélépipède de 18 mètres de large sur 27 mètres de long doté de buts de hand. Et sur le sol (1/3 goudron, 1/3 béton, 1/3 falun), les joueurs apprennent vite à ne plus tacler.
« Ça va péter »
Au programme de ce samedi matin, cinq mini-matchs par équipes de cinq. Les visiteurs, d’abord déboussolés, ont forcément pris une pâtée (6-1) avant de finir la série honorablement (2-1). Mais on aura compris que les scores importaient peu.
Et Dieu dans tout ça ? Probablement qu’il doit faire une sale gueule. « Le foot – trois séances maximum par semaine – est une soupape de sécurité qui permet de déconnecter des tensions » commente, laconique, Patrick Aubert, le moniteur de sports.
Ce qu’il ne dit pas, c’est que la pression de la cocotte-minute qu’est devenue la Maison d’arrêt du Pré-Pigeon atteint son paroxysme. Au bout des galeries-coursives, les langues des surveillants, en sous nombre, se délient, parfois, en douce.
« Autant de détenus que pendant la guerre ! » glisse l’un. « A 400 détenus pour 240 places on se disait que tout allait péter : ce matin nous en sommes à 460 ! » renchérit un autre. « Tous les records sont battus. Et pour la première fois une quinzaine de cellules comptent trois détenus ! – rapporte un troisième. Nul ne parle encore de la grâce présidentielle qui pourrait décongestionner l’établissement, dans quelques jours.
Trois dans 9 m2, WC compris
Trois détenus, donc, dans 9 m2, tinettes comprises. « Alors on rajoute un matelas par terre ». Un détenu sur trois est sous antidépresseurs ; près d’un sur deux est suivi en psychiatrie ; près d’un sur dix peut être qualifié de psychotique. Sept détenus sur dix étaient alcooliques dépendants avant d’être incarcérés.  » Quinze jours de sevrage forcé en cellule et puis la liberté… Croyez-vous vraiment que le problème est réglé ? »
Les surveillants doivent affronter une situation « Inconnue il y a 10 ans » : des détenus * de plus en plus revendicatifs », un renforcement * des clans, des rivalités » et « quand ils refusent de regagner leur cellule, vous pouvez vous brosser… Ça peut durer ».
Dieu a du pain sur la planche.
Dominique Billaud

Les dessins « Art et Foi » de Michel (1)

Ces dessins ont été fait sous les crayons de bois de mon ami Michel à l’occasion d’une exposition « Art et Foi ». Celle-ci a réuni plusieurs artistes issus d’églises protestantes d’Angers. Merci encore à toi Michel

Autorisation requise avant d’utiliser ces dessins, merci

 

 

 

les dessins au crayon de bois de Michel (2)

Dommage que les photos ne rendent pas aussi bien que la réalité… !

Autorisation requise avant d’utiliser ces dessins, merci

 

 

 

 

 

 

 

 

Les dessins au crayon de bois de Michel (3)

Hommage à mon ami Michel, entre autre pour ses magnifiques dessins au crayon de bois

Autorisation requise avant d’utiliser ces dessins, merci

 

 

 

 

 

 

 

Des matches de foots en prison organisés par le pasteur (2)

Une équipe de foot étrangère, hier à la maison d’arrêt d’Angers. – Anglais contre détenus : match nul

Un match de foot un peu particulier. À la maison d’arrêt d’Angers, des détenus ont affronté une équipe anglaise protestante, hier. Une petite bouffée d’oxygène, à l’initiative de l’aumônier protestant Bernard Delépine.
On les aura !
9 h 30, hier, à la maison d’arrêt d’Angers. L’équipe de foot des détenus est remontée à bloc. Elle s’apprête à affronter des joueurs anglais de haut niveau, professionnels pour certains. Pas impressionnés pour autant, les joueurs locaux, tout excités. « On les aura, assure l’un d’entre eux, qu’ils soient pro ou pas. » Le match va se dérouler sur le terrain de hand-ball. Un peu petit, mais il faut faire avec les moyens du bord.
Coup de sifflet. La partie s’annonce serrée. « Certains détenus ont un très bon niveau », commente le moniteur de sport de la maison d’arrêt.
Mais les Anglais ne sont pas décidés à se laisser faire. Même s’ils sont en terre inconnue. «C’est la première fois que je mets tes pieds dans une prison, confie Lionel. C’est impressionnant.»
Même appréhension pour Richard. «Au départ j’avais un peu peur. Puis après, on se rend compte que c’est un lieu comme un autre. On a parlé avec les détenus. Ils sont très sympas.»
Sport et foi
Plus d’une dizaine d’Anglais se sont déplacés, membres de l’association internationale protestante « Sport et foi ». Ils sont venu, disent-ils,» To show thé good news ». Traduction : pour apporter la bonne nouvelle. Dans le cadre de leur tournée en France, Bernard Delépine l’aumônier protestant de la maison d’arrêt, leur a demandé de passer par là. «J’essaye d’organiser ce genre de rencontre une fois par an, dit-il. Les Anglais étaient déjà venus l’an dernier»

You played well !
Une véritable « bouffée d’oxygène » pour les détenus selon le pasteur. «Ça nous fait vraiment du bien de voir des gens de l’extérieur», confie en effet un prisonnier.
La maison d’arrêt compte actuellement 403 détenus, pour 247 places, selon la direction. Des tensions se font parfois sentir. Un gardien a été agressé cette semaine. «II y a toujours des périodes de tension, c’est normal. Et l’été, dit-il également, c’est encore plus dur pour les détenus qui étouffent de chaud. À la télé, ils voient les gens sur les plages, et eux sont enfermés là» dit Bernard Delépine
Surtout qu’à cette époque, les activités sont réduites. Pas de cours scolaires, pas de travail. Les détenus font donc beaucoup le sport. Une activité au choix, environ cinq à six heures par semaine. « C’est indispensable qu’ils puissent se défouler », dit un surveillant.

Et les Anglais leur en ont fourni une occasion supplémentaire, hier.
Des deux matchs, les invités en ont remporté un, et l’autre s’est terminé sur un score nul. Les Anglais, visiblement, ont apprécié le niveau. « You played well ! » (vous avez bien joué) concluait l’un d’entre eux, devant un verre de l’amitié, en serrant la main de son adversaire.
M.M.

Ballon derrière les barreaux (3)

Hier matin, l’équipe de football de la prison d’Angers rencontrait une autre formation de joueurs qui, eux, ne sont pas détenus. Ambiance de match pas ordinaire entre les barbelés.
SIFFLETS et cris amicaux sortent du néant. Ils semblent sortir des hauts murs coiffés de barbelés des galeries de la maison d’arrêt. En réalité, ils s’échappent des fenêtres à barreaux et grillagées des cellules où cohabitent souvent deux détenus. De l’extérieur, on ne les voit pas, mais on les entend donc !
Ces détenus, en ce vendredi matin, sont spectateurs d’un match de football pas ordinaire et supporters de leurs copains de tôle qui, ballon au pied, rencontrent une équipe d’hommes libres, ceux-là.
La partie a lieu sur le terrain de la prison, un terrain de handball, en béton, entre deux buts sans filet. Rien à voir avec la pelouse du SCO !
L’équipe visiteuse, des footballeurs espoir anglais, et l’équipe des détenus entament le match tambour battant.
Témoignage d’un joueur visiteur : « Je joue pour la première fois contre des prisonniers. Je n’aimerais pas vivre là ! » sourit Lionel, 19 ans, ex-joueur d’Angoulême. Avis d’un joueur détenu, domicilié à Joué-lès-Tours, qui a encore trois mois de peine à purger : « Le football, l’effort physique m’est indispensable ! »
« Se défouler à bon escient »
Le pasteur Bernard Delépine, de la communauté chrétienne du Colombier qui est l’église protestante baptiste d’Angers, aumônier depuis douze ans de la maison d’arrêt, est à l’origine de l’organisation, dans le cadre de l’opération « prévention été » du milieu pénitentiaire : « II est préférable de voir les détenus se défouler sur un ballon que sur leurs surveillants. »
Un autre projet, avec le Téléthon, est prévu. Bernard Delépine constate que l’été, le quotidien carcéral est plus difficile : « Les détenus regardent la télévision, voient des gens sur des plages où ils aimeraient bien être. »
Le directeur adjoint de l’établissement, M. Oliel, confirme : « La chaleur n’arrange rien. » Puis il rappelle que la surpopulation — 403 détenus pour 247 cellules — met tout le monde à cran, détenus comme le personnel. Et, la preuve, le sport bascule parfois dans la rubrique faits divers et justice.
Olivier POUVREAU

Une photo de cellule de prison comme carte postale d’Angers

Dans leur jargon, les prisonniers appellent ça « une grotte ». Voilà ci-dessous la photo d’une cellule de la maison d’arrêt d’Angers. Selon les ailes où elles sont situées, certaines sont en meilleur état, mais il paraît que la plupart ressemble à celle-ci. Des personnes y vivent des mois, voire des années, le plus souvent à deux, mais parfois à trois par cellule. Et pire que la saleté, l’humidité, la vétusté et la promiscuité, cette photo ne montre pas ce que tous les pensionnaires de la prison d’Angers dénoncent en premier lieu, à savoir les cafards qui courent la nuit sur les couvertures, et la chaleur suffocante due à l’impossibilité d’aérer. Et on ne parle pas de l’odeur … les bombes aérosols étant au passage interdites pour des raisons de sécurité.
C’est dans une cellule comme celle-ci qu’un prévenu s’est pendu, seul, dans la nuit du 5 au 6 juillet dernier. L’enquête concernant son décès est toujours en cours.
Cette photo n’est pas volée. Elle est extraite du rapport d’expertise sollicité par les avocats du Syndicat des avocats
de France (SAF), dans le cadre de quatre procédures en cours devant le tribunal administratif de Nantes. Elle est publiée avec l’accord de ces avocats.
Le rapport contient des dizaines de photos comme celle-ci, parfois plus édifiantes encore (on épargnera à nos lecteurs les photos des sanitaires…). Mais outre le mot « saleté », qui apparaît à toutes les pages, il contient aussi des données chiffrées sur la surface des cellules, la température, la luminosité, le bruit, l’humidité…

Aucune des cellules ne fait les 11 m² pourtant rendus obligatoires par la loi elle-même. L’expert a calculé que la surface de mobilité (hors meuble) de chaque cellule est de 4 m², bien sûr à diviser par le nombre d’occupants.
Sur la base de cet épais document, les avocats du SAF vont tenter d’engager la responsabilité de l’État pour que soit admis par la Justice le principe de détention indigne, et pour demander des indemnités au nom de certains de leurs clients qui ont été détenus à Angers. Personne ne se fait d’illusion sur la hauteur des sommes qui pourraient être demandées, mais c’est la condamnation de principe qu’espèrent les avocats. Cette procédure intervient bien sûr pour montrer toute l’urgence qu’il y a à construire un nouvel établissement pénitentiaire.

Mais cette nouvelle prison est à la fois espérée et redoutée par les défenseurs, d’abord sur la question de sa localisation. «Il est essentiel qu’elle soit construite à proximité des familles et des conseils, insiste Me Christelle Magescas, la présidente du SAF-49. Cette proximité est essentielle pour la sociabilisation du détenu, c’est-à-dire sa réinsertion et la prévention de la récidive ».

Les avocats estiment également que la construction de nouveaux établissements ne résoudra pas le problème de la surpopulation carcérale, du fait du durcissement des lois pénales. Ils craignent également la « déshumanisation » des nouvelles structures pénitentiaires, en accord sur ce point avec les syndicats de surveillants. « Les conditions de détention de nos clients sont aussi leurs conditions de travail ».

Jean-Yves Lignel
Courrier de l’Ouest du 29 juillet 2010

Il a ENFIN été décidé en ce mois d’octobre 2014, de construire la nouvelle prison à Trélazé, livraison possible vers 2018 ?

Photos d’une des 3 galeries de la Maison d’Arrêt d’Angers et d’une cellule

blog-prisonprison angers cellule

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (1)

Le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers, vous propose 5 épisodes (réflexion personnelle en conclusion) portant sur la dernière exécution à mort EN PUBLIC à Angers.   Articles parus dans le « Courrier de l’Ouest »  1er épisode

Pierre Gueurie, dernier capité en public en France

Pierre Gueurie, mort en 1934, est le dernier condamné exécuté sur la place publique à Angers. Amenés à évoquer cette affaire, il y a quelques mois, nous avons commis une imprécision sur le lieu où avaient été placés les bois de justice. Cela nous a valu un abondant courrier, preuve que cette décapitation est restée dans la mémoire de nombreux Angevins. Les témoignages que nous reproduisons encore aujourd’hui le confirment. Nous avons dû vérifier dans les archives du « Petit Courrier », prédécesseur, avant-guerre, du « Courrier de l’Ouest », les circonstances de la mort de Gueurie.

Location de fenêtres et siège pour le « spectacle »

Nous y avons trouvé une abondante littérature : les exécutions publiques faisaient recette. Quand on avait la chance d’habiter tout près, on louait ses fenêtres ou des sièges aux curieux. Gueurie mort, les exécutions auront lieu hors de la vue du public, dans l’enceinte de la prison d’Angers. Le chef-lieu de Maine-et-Loire sera d’ailleurs la dernière ville de France à avoir vu tomber la tête d’une femme. Pourquoi la mort de Gueurie reste-t-elle si ancrée dans les mémoires ? C’est la seule dont on puisse vraiment se souvenir en Anjou. La précédente remontait au 7 juillet 1896, 37 ans plus tôt. Il n’y a plus personne pour en témoigner aujourd’hui. La relation des circonstances du drame (l’assassin a tué une petite angevine), puis de l’installation de la guillotine et enfin de la mort de Gueurie, témoigne d’une époque. Le « Petit Courrier » se fait l’écho de l’horreur qui a assailli la population dans un luxe de détails que nous avons épurés. On découvrira cependant ici l’essentiel de l’événement tel qu’il fut présenté aux lecteurs angevins au moment où passa la justice. La dramatisation, le caractère théâtral de l’arrivée et de l’installation de la guillotine devaient dissuader les criminels en puissance. Le journal relayait. On sait bien depuis, que cette menace avait peu d’effets. La peine de mort a été abolie en France le 18 septembre 1981.

Gueurie guillotiné : le Petit Courrier raconte
Une exécution capitale à Angers, Pierre Gueurie, l’odieux assassin de Simone Soleau à Saint-Barthélémy a été guillotiné ce matin». Voilà le titre de l’édition du 3 mars 1934 du « Petit Courrier »« La dernière exécution capitale dans notre ville remonte au 7 juillet 1896. A cette époque, le nommé Charles Jouneau, qui, à coups de hachette, avait tué un enfant de 13 ans, le jeune Persignan, domestique de ferme à l’Hôtellerie-de-Flée, fut guillotiné place de la Prison » explique le journal. 37 ans et huit mois après, la « Veuve » revient à Angers et, cette fois encore, pour un homme qui a tué un enfant. Elle revient en effet pour Pierre Gueurie, l’assassin de la petite Simone Soleau.

Les crimes de Pierre Gueurie
II y a exactement trois mois et dix jours que le garçon épicier, Pierre Gueurie, âgé de 30 ans, comparut devant la Cour d’assises de Maine-et-Loire et fut condamné à la peine de mort pour tentative d’assassinat, assassinat et attentat à la pudeur. Les faits qui motivèrent cette peine capitale de la part du jury, nos lecteurs s’en souviennent certainement. C’était le 24 mars 1933, Angers était tout à la joie, et dans une fête charmante dans les bâtiments de la kermesse on couronnait la reine, lorsque le bruit se répandit en ville, comme une traînée de poudre, qu’une petite fille avait été assassinée dans un champ à Saint-Barthélemy. La presse précisait le lendemain qu’il s’agissait de la petite Simone Soleau, qu’un inconnu avait attirée dans un champ, au sortir de l’école et avait odieusement assassinée. L’émotion n’en fut pas moins très vive en ville et dans toute la région et l’indignation contre l’abominable bandit ne fit que s’accroître pendant les quatre jours que durèrent les recherches pour le retrouver. On se souvient des péripéties de cette journée du mardi 28 mars pendant laquelle toute la population fut sur pied, anxieuse, à l’affût du misérable que deux gendarmes étaient allés chercher le matin à l’épicerie Guibert et Quélin, rue de la Roe où il était employé et qui leur avait échappé en sortant par une porte de derrière. Enfin, au début de l’après-midi, on apprenait que Gueurie, reconnu dans un chemin, près du Génie, par Melle Chantreau, employée à « L’Iris de Florence » rue de la Roe, avait été arrêté rue de la Genvrie.

Ses aveux et son attitude en Cour d’assises
En Cour d’assises il fit des aveux complets et son attitude fut assez cynique, ne manifestant que très peu de regrets de ses actes. Il reconnut que dans la soirée du 24 mars, alors qu’il se promenait aux environs du passage à niveau 267 de la ligne d’Angers à La Flèche, commune de Saint-Barthélémy, avoir accosté un groupe d’enfants qui revenait de l’école et avoir entraîné dans un pré la jeune Simone Sauleau, habitant chez ses parents au Petit Mongazon et de l’avoir horriblement mutilée. Au fond de ce pré était creusé un fossé profond qui avait été récemment nettoyé et dans lequel il n’y avait pas de fleurs ; c’est dans ce fossé que fut découvert le cadavre de Simone Sauleau. Le corps était couché sur le côté droit, le bras droit se trouvait pris sous le corps, le bras gauche était replié, les jambes aussi légèrement repliées, dans une attitude de défense et dans une crispation d’agonie. (…) L’assassin s’était livré sur sa petite victime à des attouchements obscènes avant de la frapper sauvagement et de la tuer, le crâne était défoncé, le sang s’était abondamment échappé de cette blessure, le cou portait une plaie profonde de plusieurs doigts, à la fesse gauche une tranche de chair avait été découpée. Le bouquet de fleurs offert par Gueurie pour attirer la fillette a été trouvé sous le cadavre, auprès, un cahier d’écolière.

En ce qui concerne la tentative d’assassinat de la rue des Poëliers, il avoua que le 19 novembre 1932, vers 19 heures, il attaqua dans le couloir du numéro 1 de l’impasse des Poëliers, la jeune Lucienne Joret. Il l’embrassa, mais comme elle lui résistait et s’enfuyait en criant, il lui porta un coup de couteau dans le dos. Ce sont ces crimes qui menèrent Pierre Gueurie devant la Cour d’Assises.

Là, on apprit que cet individu portait à son casier judiciaire deux condamnations pour des faits d’agressions et d’attentats aux mœurs sur des fillettes.

Toutefois, lorsqu’il entendit l’arrêt le condamnant à la peine de mort, il eut une vive émotion. Il s’affala sur son banc. Cette décision de la Cour a été, on se le rappelle, accueillie par des applaudissements par la foule, venue suivre les débats et par celle massée aux abords du Palais de Justice. Elle fut accueillie avec satisfaction par toutes les mères de famille.

(À suivre)

Condamné à 30 ans, il a trouvé la vraie liberté en prison !!!

Bernard Delépine, Aumônier à la Maison d’Arrêt d’Angers :

La première fois que j’ai rencontré Jean-Luc, c’était sur la demande d’un policier travaillant dans une brigade criminelle. Il voulait que je dise à l’assassin de sa sœur qu’il lui pardonnait son acte.
De là est parti tout un cheminement pour Jean-Luc qui a écrit ce témoignage à l’occasion de son engagement à suivre le Christ en prenant le baptême. Jamais auparavant je n’avais accepté de baptiser un détenu, mais là… vu les circonstances et la longueur de la peine !!!
De là est parti tout un cheminement pour Jean-Luc qui a écrit ce témoignage à l’occasion de son engagement à suivre le Christ en prenant le baptême. Jamais auparavant je n’avais accepté de baptiser un détenu, mais là… vu les circonstances et la longueur de la peine !!!

Jusqu’à l’âge de 26 ans, ma vie avait été celle de beaucoup de personnes. J’ai été élevé au sein d’une famille de 3 enfants, mon père était à la tête d’une entreprise dans le bâtiment et ma mère était femme au foyer, dévouée à l’éducation de ses enfants et au petit soin pour son mari. Notre enfance et notre adolescence ont été merveilleuses. Nos parents nous ont toujours associés à leurs activités, leurs loisirs, leurs vacances ou leurs sorties. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu un  » non  » comme réponse à toutes nos demandes. Nous étions aimés d’eux.

Ma scolarité dans des écoles privées catholique s’est déroulée sans encombres si ce n’est que je me reposais sur ma facilité d’apprendre et d’enregistrer, ce qui me laissait énormément de temps pour être le pitre de service en osant tout ce qui me passait par la tête et faisant rire la classe et l’école. Si on pouvait me reprocher mes écarts de conduite, ceux-ci étaient vite oubliés à la simple lecture de mes carnets de notes. Mon frère et moi avons été enfants de cœur au sein d’une communauté « de petites sœurs des pauvres « . Nous participions également à de nombreuses retraites spirituelles avec notre église ou avec l’école. Cela dit, personnellement je n’ai pas le souvenir d’un intérêt particulier pour le Seigneur sinon que de faire plaisir à mes parents et de me permettre de me retrouver entre copains pour plusieurs jours.

La vie était belle et répondait à ce que je demandais à l’époque. Les valeurs de mes parents perduraient et ne pouvaient m’amener que vers un bonheur identique au leur : travail, passion, amour, disponibilité, famille. En 1987, je me mariais à une femme belle, intelligente, d’un milieu artistique et musicien, mais surtout avec les mêmes attentes de la vie. Nous avons eu deux enfants.

Pour des raisons encore floues, j’ai remis en question toutes mes certitudes sur la vie et le début de six années de descente aux enfers commençait. La seule chose dont je suis sûr, c’est d’avoir paniqué, d’avoir eu peur de ne pas être à la hauteur pour subvenir au besoin de ma famille. Ma femme, une femme formidable, m’a soutenu jusqu’à épuisement et en 1995 nous avons divorcé.

Je vais vous faire grâce de tout mon cheminement mais simplement vous énumérer mes qualificatifs ; menteur, voleur, escroc, manipulateur, mauvais mari, mauvais père, mauvais fils, en un mot: à ne surtout pas croiser.
J’étais semblable à un iceberg, la partie extérieure inspirait confiance, une silhouette toujours propre, prêt à rendre service, une culture générale assez large alimentée par ma curiosité et de ma soif de découverte, une expérience commerciale plus que probante, …
Mais j’avais aussi une plus grande partie immergée qui ne se voyait pas. En même temps que je parlais à une personne, je la décortiquais littéralement l’amenant à se dévoiler. Je gagnais la confiance des gens très vite, sachant me rendre indispensable et n’ayant qu’une idée en tête : il faut que j’en tire le maximum d’argent.
J’étais aussi un vrai caméléon m’adaptant aux situations ou aux personnes que j’avais en face de moi afin de mieux profiter d’eux.

En fait, je n’avais plus de limites, plus de repères, je m’auto-détruisais à petit feu mais sûrement. Pourtant, un jour j’ai décidé que la vie était une grande aire de jeu et que c’est moi qui fixerais mes règles. Croyez-moi je n’ai épargné personne, toute ma famille, mes amis d’antan, ma femme et indirectement mes enfants.
Malgré notre divorce, mon ex-femme m’a toujours laissé voir mes enfants aussi souvent que je le désirais, c’est certainement ce qui m’a empêché de basculer dans le vrai banditisme.

Pour être tout à fait honnête, j’étais mal dans cette peau, j’avais un mal de vivre, je ne m’estimais plus et ne respectais absolument plus personne.

Le 03 décembre 1996, après une journée dans les bars et à traîner en ville, je suis rentré chez moi, j’ai rendu visite à une voisine. Peu de temps après, je lui ôtais la vie.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, quand on m’a posé la question si j’étais l’auteur de ce drame, j’ai senti que la libération était proche. J’ai pris une énorme bouffée d’air et j’ai dit « oui ». Ce oui m’a enfin libéré d’une carapace qui devenait trop lourde à porter. Je suis rentré en paix en prison. Au lieu d’être accablé sur mon sort, je pensais à cette jeune femme à qui j’avais enlevé la vie et me disais que la vie n’était pas juste.

Au début de mon incarcération, j’ai ressenti le besoin de me confier, de partager avec quelqu’un mon parcours et d’essayer de comprendre. Je me suis rendu à la messe du dimanche matin. De vieux souvenirs ont réapparu mais également un non-sens au moment de la communion: comment peut-on nous présenter, enfin me la présenter alors que je suis un meurtrier. J’y suis retourné plusieurs fois, uniquement pour rencontrer un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps.

Un jour, on m’annonce qu’un pasteur veut s’entretenir avec moi. Je suis étonné, je sais simplement qu’un pasteur ce n’est pas un vrai curé, c’était Bernard. Il se présente puis rapidement me dit qu’il est chargé d’un message du frère de la victime. Son message était simple: le frère de la victime te dit « je te pardonne » (il est catholique). Je n’ai pas la date exacte mais c’était quelques mois seulement après que j’ai tué sa sœur.
Depuis cette seconde, une seule question m’obsédait, comment ce frère pouvait me pardonner. J’ai revu Bernard plusieurs fois et toujours avec joie mais aussi curieux de l’entendre. L’élément qui a vraiment permis à ma vie de changer est ma rencontre avec d’autres détenus participant au culte protestant du samedi après-midi. Michel dans un premier temps puis Jean.

Plus le temps passait, plus je lisais la Bible, plus je me posais de questions. J’avais une seule certitude, il fallait que je reconnaisse mes péchés devant Dieu et que j’en demande pardon.

Vieux réflexe, j’ai demandé à Bernard s’il voulait recevoir ma confession, il m’a proposé de la mettre par écrit. Seul dans ma cellule, je me suis rapidement rendu compte que c’était impossible tellement j’avais commis de mauvaises actions. J’ai pris l’engagement de reprendre ma vie et d’avouer toutes mes fautes, de la plus insignifiante à la plus horrible. J’ai demandé pardon pour chacune d’elles mais encore aujourd’hui le passé refait surface et j’en découvre une de plus. Je ne sais pas si un jour je pourrais dire « Seigneur, cette fois c’est la dernière ».

Longtemps, j’ai pensé que le Seigneur ne m’avait pas pardonné et il m’est arrivé d’avoir l’impression de reculer de trois pas alors que je venais d’en faire un. J’avais beau prier, il ne se passait rien. Régulièrement, Bernard permettait à des chrétiens de venir témoigner de leur foi au culte du samedi, leurs témoignages étaient souvent extraordinaires et j’ai même douté de leur véracité. Bernard et Michel m’ont été d’un grand secours dans ces moments là.

Un jour, j’ai simplement pris conscience que j’étais serein et que j’avais le cœur en paix.

Le Seigneur vous touche n’importe quand, moi il m’a surpris un dimanche soir durant lequel j’ai vidé toutes les larmes de mon cœur. J’ai été entouré d’une force impressionnante, incapable d’esquisser le moindre geste, la moindre réaction. Il m’a fallu un temps fou pour reprendre mes esprits et petit à petit un changement s’est opéré en moi.
Je suis sûr que certains d’entre vous sont surpris par ce baptême. La seule chose que je peux vous dire c’est que je suis libre, que la plus belle chose que j’ai faite c’est de donner ma vie au Seigneur.
Je suis condamné à trente ans de prison et c’est moi qui remonte le moral à ceux qui ont six mois à faire.

Aujourd’hui, je suis certain que le Seigneur est vivant et qu’il est mon Dieu. Je suis mort avec le Christ sur la croix mais je suis aussi ressuscité avec lui d’entre les morts.
La porte du Seigneur est ouverte pour tout le monde, bon ou mauvais, coupable ou innocent, ce n’est pas une porte de prison qui se referme derrière nous toutefois, le Seigneur n’impose rien à personne.

Tous les jours, Satan me tente. Il m’arrive de craquer et de faire ou dire des choses que je regrette immédiatement. Je ne suis qu’un homme et le fait de lui donner ma vie, ne rend pas celle-ci plus facile. Le Seigneur sait que l’homme est faible alors si je n’hésite pas à lui demander qu’il réponde favorablement à mes prières, je n’oublie pas non plus de lui demander également de me ramener sur le droit chemin. Sachons demander des choses très simples.

Je finirais sur les versets 1 et 4 du psaume 27 :

Le Seigneur est ma lumière et mon sauveur, je n’ai rien à craindre de sa personne. Le Seigneur est le protecteur de ma vie, je n’ai rien à redouter. (Ps 27.1)
Je ne demande qu’une chose au Seigneur, mais je la désire vraiment : c’est de rester toute ma vie chez lui, pour jouir de son amitié et guetter sa réponse dans son temple. (Ps 27.4)

Jean-Luc, Angers

A l’occasion de son baptême, 12 personnes de notre église protestante baptiste ont pu entrer à la prison pour cette célébration.

Un message du frère de la victime reçu par Bernard juste avant sa rentrée à la prison a été lu :

« Les choses anciennes sont passées. Le Seigneur a dissipé l’obscurité.
C’est un nouveau jour, une nouvelle marche vers la Lumière, vers l’avenir.
Que le Seigneur notre Dieu te bénisse abondamment mon frère.
Avec toi dans ce jour de joie »

Au jour de mettre ce document en ligne, Jean-Luc est toujours incarcéré

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (2)

Le pasteur Bernard Delépine propose le 2ème épisode que faisait « Le Petit Courrier » des heures ultimes de la vie de Gueurie, dernier guillotiné d’Angers

Gueurie dans sa cellule espère sa grâce
Pierre Gueurie remonta vite son émotion et trois jours après il signait son pourvoi en Cassation.
Plus tard, en même temps qu’il apprenait que son pourvoi avait été rejeté, il fut avisé que son dossier avait été transmis à la Commission des grâces. Puis il n’entendit plus parler de rien. Et c’est vraisemblablement ce mutisme qui, jusqu’à la dernière minute, lui fit croire qu’il serait gracié. Dans sa cellule, il ne cacha pas qu’il avait confiance et qu’une fois à la Guyane il se conduirait bien et qu’il espérait revoir sa femme. Depuis dix jours surtout, il était devenu très loquace avec ses deux gardiens. Il chantait et jouait aux cartes.

Maître Pecquereau à l’Elysée
Ainsi que nous l’avions annoncé lundi dernier, M. le Président de la République (NDLR : Albert Lebrun) a reçu à l’Elysée Me Pecquereau, qui, aux Assises, avait défendu l’assassin. Sa réception a été empreinte d’une grande affabilité de la part du chef de l’Etat, qui, pendant plus d’une demi-heure le questionna sur les débats de l’affaire en Cours d’assises et lui demanda des renseignements sur la mentalité de Pierre Gueurie. M. le Président de la République le congédia ensuite sans lui avoir donné son avis. Hélas ! Dés son retour à Angers, Me Pecquereau ne se faisait guère d’illusion sur le cas de son client. Il ne s’était pas trompé ! Car jeudi, dans la nuit, nous étions avisés que les bois de justice partaient pour Angers

La guillotine en gare Saint-Laud
Le vieux fourgon – toujours le même depuis plus de 30 ans – contenant la guillotine, est arrivé vendredi matin en gare Saint-Laud, par le train 145 à 7h11.Ce fourgon qui ressemble en tout point à une voiture de corvée régimemaire, était sur un wagon plate-forme, maintenu par un câble et recouvert par une grande bâche du P.O. portant le numéro 45.101.Aussitôt à son arrivée, ce wagon a été placé au milieu d’une rame et garé entre deux autres rames sur les voies près du quai allant à la poste. Il fut une partie de la journée l’objet de la curiosité de nombreuses personnes qui, en fraude, se glissèrent sur les quais en passant par la petite ligne de l’Anjou. D’autres stationnaient sur la passerelle qui était noire de monde.

L’arrivée de Deibler et de ses aides
Les bois de justice arrivent à la gare Saint-Laud par le train 145 à 7h11
Deibler, l’exécuteur des arrêts criminels et ses aides, ont débarqué en gare Saint-Laud, par l’express de 14h17, de Paris-Orléans.
Aussitôt ils ont gagné la cour de la gare en passant par le hall des marchandises afin de ne pas être reconnus et se sont dirigés vers l’Hôtel des Voyageurs où ils prirent possession des chambres qu’ils avaient retenues par téléphone.
Après un peu de toilette, Deibler monta dans un taxi et se fit conduire au parquet général où, à 15h30, il fut reçu par M. Cruvillé, Procureur général. A ce haut magistrat, il présenta le réquisitoire et les pièces qui lui avaient été remises par le garde des Sceaux en vue de l’exécution de Pierre Gueurie.
De là, il alla place de la pri¬son où rapidement il examina l’emplacement sur lequel se dressera la guillotine.
Cet emplacement a été choisi près de la grande porte, à droite de l’entrée principale du côté du faubourg Saint-Michel.

(À suivre)

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (3)

3ème épisode de ce guillotiné en public à Angers mis sur le site par le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers

« Le Petit Courrier » dans ses éditons du 3 mars 34 raconte la fin de l’Angevin Gueurie qui fut le dernier guillotiné de Maine- et-Loire. Or, ce jour-là, le journal se livre à un petit subterfuge peu recommandable : il informe d’événements qui vont avoir lieu en prétendant en rendre compte. Les moins crédules de ses lecteurs s’en apercevront et certains s’en souviennent encore. Les lecteurs lisent en effet leur Petit Courrier en ce matin du 3 mars et on leur raconte par le menu des faits qui se sont produits le même jour entre trois heures et six heures trente.

La foule qui, les nuits précédentes, avait stationné aux abords de la prison, était des plus compacts vendredi, à partir de minuit.
Déjà, dans la journée, des centaines de personnes avaient circulé sur la place.
La police et la gendarmerie chargées du service d’ordre ne peuvent arriver à faire déblayer la place.

On crie : « A mort Gueurie »
Vers 3 heures du matin, la troupe fait son apparition et prend possession des abords de la place, mais avec difficulté, le public se refusant d’obtempérer.
Les gendarmes sont sous les ordres du commandant Mahé et du capitaine Pougnant, et la police est dirigée par M.Collart, commissaire central, secondé par MM. Geay, Dagonnet et Cardin, commissaires.
A 4 heures, le fourgon contenant la guillotine est amené sur la place par deux chevaux de la maison Lucas et Underberg. Il est aussitôt rangé près de l’endroit où doit s’élever la sinistre machine.
Son arrivée ne passe pas inaperçue par la foule qui fait entendre de vives clameurs.
A ce moment, on remarque que toutes les portes et fenêtres des immeubles entourant la place sont garnies de personnes qui avaient, pour une forte somme, loué leur emplacement.

Le montage de la guillotine
II est près de 5 heures lorsque M. Deibler et ses aides procèdent au montage de la guillotine, à environ trois mètres du portail du côté droit de la prison du côté du faubourg Saint-Michel.
Deibler, niveau d’eau en main surveille l’opération. Les aides s’éclairent avec des lampes électriques.
Le montage dure à peine trois quarts d’heure. Lorsqu’il est terminé, Deibler s’assure du bon fonctionnement de la « Veuve ».
A deux reprises différentes, il fait jouer l’énorme couperet -couperet en biseau d’un poids de 40 kilos – et s’assure sur un morceau de flanelle, qu’il est toujours bien tranchant.

Le réveil du condamné
Aussitôt la guillotine en place, Deibler se présente aux magistrats et annonce qu’on peut réveiller le condamné.
M. Zollinger, avocat général, assisté de Me Pecquereau, défenseur du condamné, de MM. Causse, juge d’instruction, Reliquet, substitut de M. le Procureur de la République, Bouvet, greffier en chef de la Cour d’Appel, Fronteau, greffier de M. le juge d’instruction pénètrent dans la cellule de Gueurie, dont la porte vient d’être ouverte, par ordre, par le gardien-chef Guibert.
M. le docteur Montier, médecin et le chanoine Uzureau, aumônier de la prison, sont présents.
Aussitôt après son réveil, M. Zollinger, avocat général, fait savoir à Gueurie que son pourvoi en cassation et son recours en grâce ont été rejetés : «L’heure de l’expiation, ajoute t-il, a sonné, ayez du courage. »
M. l’avocat général lui demande ensuite s’il a quelques révélations à faire.
Gueurie qui, jusqu’à la dernière minute s’était figuré être gracié, fut tellement émotionné qu’il fallut l’aider à s’habiller.
Il se confessa ensuite. De la chapelle il a été conduit par M. le chanoine Uzureau au greffe de la prison et remis entre les mains de Deibler qui signe la levée d’écrou ainsi libellée :
«Le Procureur général requiert le gardien chef de remettre à M. Deibler, porteur du présent, le nommé Gueurie Pierre qui doit être exécuté demain 3 mars 1934 à 6 h 15.
« Pour le Procureur général :
« Signé : Zollinger, avocat général »
« Reçu de M. le gardien chef de la prison d’Angers le nommé Gueurie Pierre pour être exécuté à mort.
«Angers, le 3 mars 1934.
« Signé : Deibler »

L’Exécution
Le bourreau et ses aides ont ensuite procédé à la toilette du condamné.
Sinistre opération qui dura à peine quatre minutes, puis Gueurie a été conduit à la guillotine.

(À suivre…)

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (4)

4ème épisode de ce guillotiné en public à Angers mis en ligne par le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers

Nous poursuivons le récit que fait « Le Petit Courrier » dans ses éditions du 4 mars 1934 des derniers moments de Gueurie, le dernier guillotiné d’Angers. Cette fois, on est bien au lendemain des faits et le Petit Courrier peut raisonnablement en donner une relation exacte.

Nous avons donné succinctement dans notre numéro d’hier, sur l’exécution d’hier, de Pierre Gueurie, les informations qui nous ont été apportées jusqu’à la dernière heure, par notre service de reportage autorisé à pénétrer dans la prison. Les nécessités de notre tirage ne nous ont pas permis d’aller plus loin ; nous relatons donc ci-dessous les faits qui se sont déroulés depuis ce moment.
Disons tout de suite qu’à la surprise générale l’assassin de la petite Simone Sauleau fit preuve d’un remarquable courage, d’un sang-froid sans forfanterie qui impressionna vivement ceux qui en furent témoins.
Le repentir ? Ou la résignation aveugle à la fatalité? Il était totalement impossible de s’en rendre compte tant fut complète l’impassibilité de celui qui allait mourir.

Les curieux. Le service d’ordre
La pluie fine qui n’a cessé de tomber jusqu’à 4 heures du matin empêcha certainement bon nombre d’Angevins d’aller stationner place de la prison. La foule devint plus dense vers 5 heures du matin et fut tout à fait importante vers 6 heures.
Elle était évaluée à 4.000 personnes. Il y avait des gens à toutes les fenêtres et même sur les toits.
Grâce au parfait service d’ordre organisé d’une part par la police sous les ordres de M. le commissaire central et d’autre part par le commandant Mahé et le capitaine Pougnant de la gendarmerie, il n’y eut aucun incident.
Des groupes de personnes furent même autorisés à stationner sur la place.
Chacun veut voir lorsqu’arrive la guillotine. Les femmes sont les plus curieuses.
La sinistre machine fut montée sans bruit sous la surveillance de Deibler, appuyé à l’arrière de son fourgon. Aucune parole n’est prononcée entre les aides.

La cellule N° 9 Le réveil
La guillotine est presque installée lorsqu’arrivent sur la place les personnalités judiciaires.
M. l’avocat général Zollinger demande à M. Deibler s’il est bientôt prêt et, sur sa réponse affirmative, il pénètre dans la prison, suivi de MM. Causse, juge d’instruction ; Pichot de Champfleury, conseiller à la Cour qui fit l’instruction de l’affaire ; Me Pecquereau, défenseur de Gueurie ; Docteur Montier médecin de la prison ; Bouvet, greffier en chef ; Boucher, greffier de la Cour ; Fronteau, greffier de M. le juge d’instruction et Me Perrin, avocat de la partie civile.
Sont également présents : MM. Belliard, secrétaire général de la préfecture ; Vivant, chef de cabinet de M. le préfet ; Guy, attaché au Parquet général et les représentants de la presse.
Les magistrats sont reçus par M. Guibert, gardien chef et par M. le chanoine Uzureau, aumônier de la prison.
Ensemble ils se dirigent vers la galerie Ouest et ils s’arrêtent en face la cellule n° 9. C’est celle de Gueurie. Deux gardiens sont de chaque côté. Le gardien chef en ouvre la porte.
Gueurie dort profondément et ce ne fut que lorsque son avocat lui frappa sur l’épaule qu’il s’éveilla.

Puisqu’il faut y aller…
M. l’avocat général lui annonça alors que son pourvoi et son recours en grâce avaient été rejetés et que le moment était arrivé pour lui d’expier ses crimes. «Ayez du courage» ajouta t-il.
– J’en aurai, répondit Gueurie : puisqu’il faut y aller, j’irai !
Me Pecquereau s’approche alors de Gueurie et l’invite lui aussi à avoir du courage. Gueurie le remercie et l’embrasse, puis il demande ses vêtements civils car il désire s’habiller comme le jour où il comparut devant ses juges.
Gueurie est aidé par ses deux gardiens. Une fois habillé et peigné, il demande à son avocat de lui procurer du papier pour qu’il puisse faire ses adieux à sa femme.
Notre rédacteur lui fournit volontiers cette feuille de papier. Gueurie griffonne alors quelques mots et prie le gardien chef de joindre cet écrit aux lettres, images et photographies qu’il détient et de les adresser à sa femme. Le gardien chef le lui promet.

Depuis sa condamnation à mort, Gueurie a écrit fréquemment à sa femme, mais jamais il n’a fait allusion à ses crimes.
Dans chacune de ses lettres il la priait seulement de bien élever son enfant et de lui donner de ses nouvelles. Mme Gueurie lui répondit quelques fois.
D’autre part, Gueurie, assez loquace, ne parla pas plus à ses gardiens des faits qui lui valurent sa condamnation.
Gueurie déclare qu’il n’a aucune révélation à faire, ce qui permet à M. Causse, juge d’instruction et son greffier M. Fronteau, de se retirer dans la galerie.

(à suivre)

But

Ce site est celui de Bernard Delépine, pasteur-fondateur d’églises ; d’actions sociales ; aumônier protestant en milieu carcéral, de la santé physique et mentale, aux Armées ; … pour ne citer que ces quelques aspects de ses engagements.

Le but principal de ce site n’est pas la mise en avant d’une personne mais d’ENCOURAGER toutes celles qui viendront lire les diverses rubriques.

L’idée du site est de présenter un itinéraire particulier, des résiliences concrétisées, des facettes très diverses de la vie humaine,…

 

POUR QUI ?

Ce site est destiné à « monsieur, madame, mademoiselle tout le monde », chacun – croyant ou non – pourra y trouver matière à réflexion.En effet, Bernard a le regard et le cœur tournés vers chacun.

Le statut social importe guère, il se sent à l’aise avec le SDF, le détenu, le laisser pour compte comme il l’est avec le Ministre, le Préfet, le Maire. Pour lui, avant le statut social, la personne reste une personne…

Qu’importe si la personne est religieuse et de quelle religion,qu’importe si elle est athée ou agnostique. Il a été vers chacun, dans les rues, dans les prisons, à l’hôpital ou ailleurs… Pour lui, avant son mode de pensée, une personne reste une personne…

La différence de culture est une richesse si nous ne sommes pas enfermés dans la nôtre, ainsi il s’est senti à l’aise dans la brousse, en Afrique comme en Guyane. Lorsqu’il demande à une personne d’où elle vient, c’est le plus souvent pour être enrichi de sa culture, de son vécu ailleurs car avant sa culture, une personne reste une personne, une personne intéressante !

… Une personne avec ses joies, ses souffrances, son parcours, ses émotions, ses traumatismes, ses doutes, sa fragilité, ses carences, voire sa vanité. Qui peut prétendre être un surhomme ou une sur-femme ? On peut avoir un statut social et professionnel très élevé, bien en vue, avoir des moyens financiers considérables, on reste néanmoins une personne vulnérable… comme tout à chacun ! A l’opposé, celui qui a l’impression d’être « tombé si bas qu’il a atteint le fond de la déchéance et du rejet », reste qu’il a encore de la valeur, digne d’être aimé et apprécié !

 

Pour-quoi

Il y a une telle différence entre le « pourquoi » et le « pour-quoi ». Si le premier est une interrogation qui suscite une réponse – que l’on ne reçoit pas toujours et parfois jamais – le second a une connotation plus particulière dans le style « qu’est-ce que je vais bien pouvoir tirer comme enseignement pour ma vie ou celle des autres au travers de ce que je vois, j’entends, je ressens, je fais, je vis… Comment rendre positif pour moi-même et les autres ce qui m’arrive au quotidien, même les situations les plus compliquées ou dramatiques. Pour ne prendre que le seul exemple de la souffrance, Bernard a la conviction qu’elle ne doit jamais être stérile mais porteuse d’espérance et elle le peut … si on ne s’enferme pas dedans mais qu’on s’en libère…

 

En tout cela, plus qu’une démarche philosophique, c’est un style de vie qu’il vous invite à découvrir dans ce site.