Aude fréquente notre Communauté lorsqu’elle est dans la région. Elle vit un ministère d’entraide et d’amour très très particulier et … dangereux. France 2 lui a consacré un reportage de 11 minutes le dimanche 08 octobre 2017 dans son émission de 19h00. Voyez par vous-même en cliquant sur ce lien :
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Le pasteur Bernard Delépine en Afrique
Je me suis rendu 2 semaines au Cameroun pour y donner des cours. Sollicité plusieurs fois depuis, je n’ai pas trouvé de temps pour répondre favorablement. Je n’exclue pourtant pas d’y retourner un jour, dans ce pays ou d’autres… Pour le peu de ce que j’en ai vécu, l’Afrique noire m’impressionne.
Ce n’était pas mon premier voyage en Afrique, le précédant était pour me rendre au Zimbabwe afin d’apprendre comment on témoigne de sa foi en Jésus aux foules. J’étais servi puisque le chapiteau où avaient lieu les rencontres offrait 34.000 places ! Séminaire en journées, réunions publiques en soirées, ce fut grandiose…
Dans un autre registre, le peu de tourisme sur place était aussi époustouflant, comme les Victoria Falls, chutes magnifiques dont vous trouverez des photos récupérées sur Internet, n’ayant pas le temps de scanner mes anciennes photos. Le tour en petit avion 4 places durant 2h00 au-dessus de la savane et des villages typiques n’était pas mal non plus, c’était comme dans les reportages télévisés avec les éléphants qui se baignaient avec leurs petits et autres troupeaux qui galopaient effrayés par l’avion. Je ne l’avais même pas rêvé !
C’est Denis Drugeau qui m’a sollicité et emmené avec lui au Cameroun. Exerçant un ministère « missionnaire », Denis est le président actuel de jeunesse en mission pour la France. Il est basé à St Paul les 3 Châteaux.
Les liens qui nous unissent sont de longue date, Denis ayant découvert l’amour de Jésus au début de notre ministère d’implantations d’églises à Angers et sa région. Nous étions encore à cette époque dans notre appartement du centre ville, rue Desjardins. Etant donné que nous n’avions pas de locaux, que la Loire et les lacs étaient trop froids, Denis s’était fait baptiser dans une piscine municipale.
Le jour de la photo, les étudiants nous avaient offert cette tenue africaine
Enseignements auprès des étudiants, leaders, futurs diacres, responsables d’églises de maison…
Consécration de diacre/diaconesses, commencée vers 10h00, elle s’est terminée vers 15h00
Des insolites lors de ce voyages au Cameroun je me suis abstenu de photos de singe sur l’étalage du boucher
Je vous invite à lire les deux articles suivants, sur mes rencontres avec les pygmées dans deux campements différents
Papa, tu vas mourir !
Aumônier au CHU d’Angers, on me demande d’aller visiter un homme. J’y vais le lendemain de l’appel, c’était un dimanche après-midi. Arrivé dans la chambre, il y a là un homme âgé de 40 ans qui râle de souffrance. Autour de lui, sa fille adolescente de 17 ans, son compagnon et son ex-femme. Je me présente. « Bonjour, je suis le pasteur Bernard Delépine, vous avez demandé ma visite ». Sa fille est soulagée de me voir : « merci d’être venu »
La suite est surréaliste, il y a peu de phrases mais ça dure ‘une éternité’. L’homme ne sait plus comment se mettre dans son lit, il parle lentement, avec difficulté, poussant des râles de souffrances.
Un dialogue vraiment hors du commun
La jeune fille se penche vers son père :
– Papa, nous t’avons dit que nous avions demandé à un monsieur de passer te voir, il est arrivé, c’est lui.
Ha bon, dit son père, pourquoi il est là ?
– Parce que tu vas mourir papa
Ha bon je vais mourir, mais pourquoi ?
– Parce que tu as un cancer, les médecins ne peuvent pas t’opérer !
Ha bon pourquoi ?
– Parce que c’est trop tard
Elle sanglote tant que c’est son jeune compagnon qui continue
– Oui Pierre (nom d’emprunt), ce monsieur est pasteur, il va t’expliquer comment faire
Mais comment faire quoi ? dit-il toujours au milieu de ses râles
– Comment partir
Mais partir où, moi je veux rentrer à la maison
– Non Pierre, tu ne peux pas renter à la maison tu vas partir là-haut
Là-haut, mais où là-haut ?
-Tu vas monter là-haut, car tu vas mourir et le monsieur va te dire comment faire pour y aller
Après beaucoup d’embrassades et de larmes des deux jeunes, son ex-femme dit « désolé, nous devons partir prendre un train ».
Tout le monde s’en va, je reste seul avec Pierre
Bien que ce que je viens de vivre est tellement surréaliste, je n’en suis pas déstabilisé.
Etant seuls, nous entamons la conversation…
– Alors je vais mourir ?
Il semble que oui
– Vous n’en savez pas plus alors ?
Non parce que je ne suis pas allé voir les infirmières pour demander où vous en étiez, mais vous savez, si votre fille vous dit cela, c’est que le personnel médical lui aura dit
– Je suis si mal que ça ?
Oh oui, vous n’êtes pas au mieux de votre forme, disons même que vous êtes au plus bas. Puisque je suis là, avez-vous avez la foi en Dieu ?
Il me raconte avoir voulu être prêtre lorsque, petit, il était servant de messe. « Il y a bien longtemps lui dis-je, depuis votre vie n’a pas été facile ». J’avais bien vu par son teint jaunâtre qu’il était atteint d’une cirrhose du foie
Je ne mérite pas
Je lui parle de l’amour de Jésus pour lui, de son pardon
– « Je ne le mérite pas »
Je le sais Pierre, personne ne mérite l’amour ou le pardon de Jésus, même moi qui suis pasteur, ce n’est pas une question de mérite.
Je lui parle alors d’un des deux brigands crucifiés en même temps que Jésus. Il en avait un vague souvenir. Je continue « Pierre, Jésus a dit à l’un des deux qu’il le prendrait avec lui au paradis ce jour même, du fait de la confiance qu’il a placée en Lui. Cet homme n’a eu ni le temps de se confesser, ni de se racheter d’aucune manière et pourtant, Jésus l’a pris au paradis avec Lui »
Lui demandant s’il accepte que je prie pour lui, comme il me le permet je demande à Jésus de pardonner tous ses péchés, de lui venir en aide durant ces jours difficiles devant lui, de garder sa fille,…
Durant ce moment de prière spontanée, Pierre comprend, acquiesce, des larmes coulent sur son visage, sans un mot il me serre la main comme pour dire qu’il accepte cette prière et qu’il m’en remercie.
Je le quitte pour revenir le lendemain. Il n’y a pas vraiment de conversation, je lui demande juste s’il à soif, s’il veut que je l’aide à s’assoir un peu mieux pour un meilleur confort, je tape sur le coussin et lui remet derrière, lui donne à boire… Je ne peux rien faire de plus. Il souffre et je sens qu’il souhaite rester seul, je m’en vais donc discrètement.
J’y retourne le mardi mais il est décédé quelques heures après mon passage de la veille.
La suite
Je téléphone à sa fille, elle me demande si je veux bien les attendre, elle et son compagnon, car ils voudraient le voir dans la chambre funèbre mais ils ont peur, ne savent ni comment ni quoi faire. Je les accueille peu après, les emmène.
Devant le corps de son père, elle me demande si je veux prier pour lui. Je lui explique ce que nous avions vécu le dimanche après-midi lorsqu’ils étaient partis, Lui dis pourquoi je ne prierai plus pour lui mais que je peux prier pour eux s’ils l’acceptent. Ne nous souciant pas de l’endroit où nous sommes, c’est ce que faisons.
Elle me demande si je peux m’occuper de la cérémonie de sépulture, ce que j’accepte.
Comme elle me dit leurs difficultés financières, je les rassure « je ne demande jamais rien ».
Ils ont eu du mal à prendre la décision du lieu de la sépulture, elle se fait donc directement au cimetière en présence d’une quinzaine de personnes à qui je raconte aussi comment Pierre a accepté la prière, le pardon et l’amour de Jésus.