Surmonter les difficultés et être heureux

Il y a quelques semaines, j’encourageais l’auditoire devant lequel j’étais à ne pas baisser les bras lorsque la vie devenait trop difficile. Ci-dessous vous pourrez lire le témoignage de Nick, né sans jambes ni bras mais avant cela, je vous invite à méditer cette courte histoire

Celle d’un tout jeune professeur venant de terminer ses études. Il est affecté pour donner des cours à une classe de délinquants. Alors qu’il rentre dans la salle de classe, l’un tire une ficelle préalablement mise pour lui faire une bonne blague. Il s’étala de tout son long. Eclat de rire général lorsqu’il se relève péniblement, se frotte les yeux, plus encore lorsqu’il remet ses lunettes cassées sur son nez. Il s’avance jusqu’à son bureau et s’y assoie. Au fur et à mesure le bruit s’apaise, le calme revient après que les jeunes se soient marrés.
Le jeune maitre regarde la salle et leur dit : mes chers amis, bonjour, nous venons de vivre notre premier cours. Le tout n’est pas de savoir comment on tombe, le plus important est de savoir comment on se relève !

Naissance de Nick
Je m’appelle Nick Vujicic, je suis né sans membre et les médecins ne savaient pas d’où venait cet « handicap » de naissance. J’ai dû faire face à bien des difficultés et des obstacles.Nick 1
Mes parents étaient chrétiens et mon père était même pasteur de notre église. Pourtant ce matin du 4 décembre 1982 à Melbourne, en Australie. « Dieu soit loué » étaient les derniers mots qui leur seraient venus à l’esprit. Leur fils aîné était né sans membres ! Ils n’avaient pas pu se préparer à cette épreuve car il n’y avait aucune raison médicale pour ce handicap. J’ai maintenant un frère et une sœur qui sont nés comme n’importe quel autre enfant.

L’église entière a pleuré ma naissance et mes parents étaient absolument anéantis par le chagrin. Tout le monde demandait : « Si Dieu est un Dieu d’amour, pourquoi laisse-t-il quelque chose d’aussi atroce arriver, et pas à n’importe qui mais à des chrétiens engagés ? » Mon père pensait que je ne survivrais pas longtemps mais les examens médicaux montrèrent que j’étais en parfaite santé, sauf qu’il me manquait quelques membres.

Enfance
nick 2Mes parents étaient très inquiets, se demandant quel serait mon avenir. Dieu leur a donné la force, la sagesse et le courage nécessaires à ces premières années et bientôt j’eus l’âge d’aller à l’école.

La loi australienne de l’époque ne me permettait pas d’être intégré dans une école ordinaire en raison de mon handicap physique. Dieu a fait des miracles et a donné à ma mère la force de lutter pour que la loi soit changée. J’ai été un des premiers handicapés à être intégré dans une école ordinaire.

A l’école
J’aimais aller à l’école mais j’ai dû faire face à des moments difficiles où je me sentais rejeté, étranger, souffre-nick 3douleur en raison de ma différence physique.
Je savais que j’étais différent extérieurement mais, à l’intérieur, j’étais comme tout le monde. Il y a eu des moments où je me suis senti si malheureux que je ne voulais plus aller à l’école pour ne plus avoir à faire face à tous ces regards négatifs. Mes parents m’ont encouragé à les ignorer et à essayer de me faire des amis en parlant avec les autres enfants.
Bientôt ils se sont rendus compte que j’étais comme eux et à partir de là, Dieu m’a tout le temps béni en me donnant de nouveaux amis.
J’ai eu des moments de dépression et de colère parce que je ne pouvais pas changer la façon dont j’étais, ni blâmer quiconque pour cela.

Dieu, qu’ai-je fait pour naître ainsi ?
J’allais à l’Eglise où j’ai appris que Dieu nous aime tous et qu’Il s’intéresse à nous. Je comprenais cet amour jusqu’à un certain point quand j’étais enfant mais à vrai dire je ne comprenais pas que Dieu m’ait fait ainsi s’Il m’aimait ! Etait-ce parce que j’avais fait quelque chose de mal ? Je pensais que ce devait être cela puisque j’étais le seul enfant étrange de l’école. Je me sentais un fardeau pour ma famille et je pensais que, plus vite je mourrais, mieux ce serait pour tout le monde.

Je voulais mettre fin à ma douleur et à ma vie mais je remercie mes parents et ma famille qui ont toujours été là pour me réconforter et me donner de la force Les tourments à l’école, ma honte de moi-même et ma solitude m’avaient causé des difficultés émotionnelles.
Alors Jésus m’a donné un désir passionné de partager mon histoire et mes expériences pour aider d’autres personnes à supporter leurs propres difficultés et laisser Dieu en faire des bénédictions. Pour encourager et inspirer d’autres personnes à réaliser complètement leur potentiel et à ne pas laisser quoi que ce soit les empêcher d’accomplir leurs espoirs et leurs rêves.

Changement de vie
A l’âge de 15 ans j’ai dit à Jésus de prendre ma vie, de la conduire lui-même.
Ce fut après avoir lu le texte de l’évangile de Jean au chapitre 9 où il est question de l’homme né aveugle « afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui ».
Une des premières leçons que j’ai apprises a été de ne rien prendre comme allant de soi.
Un verset de la Bible dit : « Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment ». Ce verset m’a touché au cœur au point que je suis maintenant convaincu que ces choses « désagréables » ne se trouvent pas par chance, par hasard ou par coïncidence dans nos vies.
J’ai ressenti une paix complète lorsque j’ai compris que Dieu ne laisserait rien m’arriver dans la vie sans une bonne raison.

Et ensuite…
J’ai beaucoup de rêves et je me suis fixé beaucoup de buts à atteindre dans ma vie. Je veux devenir le meilleur nick 4témoin possible de l’Amour et de l’Espérance de Dieu en Jésus. Je désire que Dieu m’utilise pour les chrétiens et ceux qui ne le sont pas encore.
Je vois maintenant cette Gloire alors qu’Il m’utilise comme je suis et d’une façon qui ne lui est pas possible avec d’autres. J’ai prié pour une guérison miraculeuse, si ce n’est pas Sa volonté, c’est qu’Il a autre chose de mieux en réserve.
Aujourd’hui j’ai une passion pour le travail parmi les jeunes et je veux rester disponible pour ce que Dieu veut que je fasse, quoi que ce soit et où il veut !
D’ici l’âge de 25 ans, je veux aussi devenir indépendant financièrement.
nick 5J’ai l’intention d’écrire un livre dont le titre sera « Né sans bras, sans jambes, pas de soucis » (note, il en a écrit plusieurs)
Je pense que lorsqu’on a un désir passionné de faire quelque chose et que c’est la volonté de Dieu, on finit par y arriver. Nous autres, êtres humains, nous nous mettons constamment des limites sans aucune raison ! Ce qui est pire, c’est que nous mettons des limites à Dieu alors qu’Il peut tout faire. Nous le mettons dans notre « boîte crânienne », pensant tout connaître de Lui alors que ce n’est pas vrai. Je ne me repose pas sur mes propres forces, mais sur celles de Dieu mon Père céleste, et ça change tout !
Que le Seigneur Jésus vous bénisse !  Nick Vujicic    nick-vujicic-et-sa-famille

Nick est marié, avec son épouse ils ont deux enfants et parcours le monde pour témoigner de sa joie, même sans bras ni jambes

Je vous invite à regarder la courte vidéo ci-dessous

Nick dans sa vie de tous les jours

 

Même mort tu peux encore servir

Le titre est peut-être brutal ou choquant mais il est tellement vrai et si simple !
A première vue il pourrait s’agir d’un encouragement à faire don de ses organes ou même de son corps à la médecine, j’en parle tout à la fin de l’article mais l’essentiel de mon propos n’est pas là.

Tout le monde peut encore servir, croyant ou non, enterré ou incinéré,… Comment ? Lisez plutôt !

Amené à organiser des obsèques, je suis souvent direct avec la famille « nous ne vous demanderons pas de finances, notre service est totalement gratuit ». Cela dit, je leur fais tout de même une proposition financière.

Pour être concret !
Pourquoi ne pas faire passer des corbeilles pour un projet que le défunt a ou aurait apprécié.
Nous avons fait cela maintes fois :
Lorsque mon beau-père est décédé, le fruit de la participation a permis de payer deux ans de scolarité et de pension à un enfant aveugle en Afrique.
Lorsqu’un agriculteur est décédé accidentellement, le fruit recueilli a permis la création de deux élevages au Cameroun
Lors de la cérémonie concernant un SDF, c’est une association caritative œuvrant pour eux qui en a bénéficiée
Plusieurs fois ce fut l’association « La Fraternité » à Angers pour aider la distribution alimentaire aux personnes en difficulté ou à « Croq’Etudiants » pour aider ces derniers
Je ne peux ici énumérer toutes les destinations et projets tant ils sont nombreux.

Je le dis à chaque sépulture où la famille est d’accord de procéder ainsi « Même décédée, une personne peut encore apporter de l’aide autour d’elle »
Ce serait d’ailleurs mieux si elle en a parlé avec sa famille mais le sujet de la mort est souvent tabou dans notre société, comme s’il fallait en avoir peur. Pourtant elle fait bien partie de la vie !

Même lors de mariages
La même démarche d’être « une bénédiction pour autrui » fonctionne pour les mariages. A cette occasion nous ne demandons de « prestation » mais nous encourageons les mariés à solliciter une participation. Combien d’enfants d’orphelinats ou de « talibés » enfants mendiants dans les rues ont été ainsi aidés. La formulation est simple « C’est pour vous un jour de joie, répandez celle-ci autour de vous à cette occasion, faites bénéficier de votre bonheur à d’autres moins chanceux ».

Sortons de nos égoïsmes, de nos égocentrismes, de nos replis sur soi… nous ne sommes pas seuls au monde !

Franchement, que ce soit à l’occasion de sépulture ou de mariage, ce n’est pas compliqué d’être altruiste, de semer gratuitement de l’aide, de la joie,… ici en France ou ailleurs dans le monde !

Même mort, servir encore et toujours !
Les propos ci-dessous n’ont rien à voir avec le coté plus jovial ci-dessus. Je ne peux les développer de suite, ce sont donc juste des pistes de réflexions pour vous et utile pour vos proches à l’heure de notre mort qui est… inévitable !
– Même mort vous pouvez aussi servir, aider d’autres en acceptant que l’on prélève vos organes pour servir à d’autres. Aumônier en hôpital, je confirme que beaucoup de personnes sont en attente d’un organe, une fois greffé ça change leur vie. Dommage en effet que trop d’organes se désintègrent pour rien, pour personne, dans la terre ou au crématorium. Pensez-y en ce qui vous concerne, parlez de votre choix autour de vous !
– Actuellement, en ce qui me concerne, je serais plutôt pour l’ensevelissement dans la terre que pour l’incinération. Avec humour, tout en étant sérieux, je suis encore à la recherche d’une épitaphe à inscrire sur ma tombe pour que même mort et enseveli, je serve encore à la réflexion de quelqu’un. L’épitaphe pourrait être du genre :

« Le Christ-Jésus a été ma vie. Par son amour, quoique mort physiquement, je vis avec Lui. Et pour vous, qu’en est-il ?« 

Exemples d’aide avec des dons recueillis lors de sépultures

Papa, tu vas mourir !

Aumônier au CHU d’Angers, on me demande d’aller visiter un homme. J’y vais le lendemain de l’appel, c’était un dimanche après-midi. Arrivé dans la chambre, il y a là un homme âgé de 40 ans qui râle de souffrance. Autour de lui, sa fille adolescente de 17 ans, son compagnon et son ex-femme. Je me présente. « Bonjour, je suis le pasteur Bernard Delépine, vous avez demandé ma visite ». Sa fille est soulagée de me voir : « merci d’être venu »

La suite est surréaliste, il y a peu de phrases mais ça dure ‘une éternité’. L’homme ne sait plus comment se mettre dans son lit, il parle lentement, avec difficulté, poussant des râles de souffrances.

Un dialogue vraiment hors du commun
La jeune fille se penche vers son père :
– Papa, nous t’avons dit que nous avions demandé à un monsieur de passer te voir, il est arrivé, c’est lui.
Ha bon, dit son père, pourquoi il est là ?
– Parce que tu vas mourir papa
Ha bon je vais mourir, mais pourquoi ?
– Parce que tu as un cancer, les médecins ne peuvent pas t’opérer !
Ha bon pourquoi ?
– Parce que c’est trop tard
Elle sanglote tant que c’est son jeune compagnon qui continue
– Oui Pierre (nom d’emprunt), ce monsieur est pasteur, il va t’expliquer comment faire
Mais comment faire quoi ? dit-il toujours au milieu de ses râles
– Comment partir
Mais partir où, moi je veux rentrer à la maison
– Non Pierre, tu ne peux pas renter à la maison tu vas partir là-haut
Là-haut, mais où là-haut ?
-Tu vas monter là-haut, car tu vas mourir et le monsieur va te dire comment faire pour y aller

Après beaucoup d’embrassades et de larmes des deux jeunes, son ex-femme dit « désolé, nous devons partir prendre un train ».

Tout le monde s’en va, je reste seul avec Pierre
Bien que ce que je viens de vivre est tellement surréaliste, je n’en suis pas déstabilisé.
Etant seuls, nous entamons la conversation…
– Alors je vais mourir ?
Il semble que oui
– Vous n’en savez pas plus alors ?
Non parce que je ne suis pas allé voir les infirmières pour demander où vous en étiez, mais vous savez, si votre fille vous dit cela, c’est que le personnel médical lui aura dit
– Je suis si mal que ça ?
Oh oui, vous n’êtes pas au mieux de votre forme, disons même que vous êtes au plus bas. Puisque je suis là, avez-vous avez la foi en Dieu ?
Il me raconte avoir voulu être prêtre lorsque, petit, il était servant de messe. « Il y a bien longtemps lui dis-je, depuis votre vie n’a pas été facile ». J’avais bien vu par son teint jaunâtre qu’il était atteint d’une cirrhose du foie

Je ne mérite pas
Je lui parle de l’amour de Jésus pour lui, de son pardon
– « Je ne le mérite pas »
Je le sais Pierre, personne ne mérite l’amour ou le pardon de Jésus, même moi qui suis pasteur, ce n’est pas une question de mérite.
Je lui parle alors d’un des deux brigands crucifiés en même temps que Jésus. Il en avait un vague souvenir. Je continue « Pierre, Jésus a dit à l’un des deux qu’il le prendrait avec lui au paradis ce jour même, du fait de la confiance qu’il a placée en Lui. Cet homme n’a eu ni le temps de se confesser, ni de se racheter d’aucune manière et pourtant, Jésus l’a pris au paradis avec Lui »

Lui demandant s’il accepte que je prie pour lui, comme il me le permet je demande à Jésus de pardonner tous ses péchés, de lui venir en aide durant ces jours difficiles devant lui, de garder sa fille,…
Durant ce moment de prière spontanée, Pierre comprend, acquiesce, des larmes coulent sur son visage, sans un mot il me serre la main comme pour dire qu’il accepte cette prière et qu’il m’en remercie.

Je le quitte pour revenir le lendemain. Il n’y a pas vraiment de conversation, je lui demande juste s’il à soif, s’il veut que je l’aide à s’assoir un peu mieux pour un meilleur confort, je tape sur le coussin et lui remet derrière, lui donne à boire… Je ne peux rien faire de plus. Il souffre et je sens qu’il souhaite rester seul, je m’en vais donc discrètement.
J’y retourne le mardi mais il est décédé quelques heures après mon passage de la veille.

La suite
Je téléphone à sa fille, elle me demande si je veux bien les attendre, elle et son compagnon, car ils voudraient le voir dans la chambre funèbre mais ils ont peur, ne savent ni comment ni quoi faire. Je les accueille peu après, les emmène.
Devant le corps de son père, elle me demande si je veux prier pour lui. Je lui explique ce que nous avions vécu le dimanche après-midi lorsqu’ils étaient partis, Lui dis pourquoi je ne prierai plus pour lui mais que je peux prier pour eux s’ils l’acceptent. Ne nous souciant pas de l’endroit où nous sommes, c’est ce que faisons.

Elle me demande si je peux m’occuper de la cérémonie de sépulture, ce que j’accepte.
Comme elle me dit leurs difficultés financières, je les rassure « je ne demande jamais rien ».
Ils ont eu du mal à prendre la décision du lieu de la sépulture, elle se fait donc directement au cimetière en présence d’une quinzaine de personnes à qui je raconte aussi comment Pierre a accepté la prière, le pardon et l’amour de Jésus.

la vie s'en va comme le jour

la vie s’en va… comme le jour

Annoncer à un détenu le décès de son bébé

Mon collègue aumônier catholique à l’hôpital m’appelle : « comme tu vas aussi à la prison, est-ce que tu peux t’y rendre en urgence pour voir un homme dont l’épouse vient d’accoucher. Il faut le prévenir qu’il n’est pas certain que son bébé survive ».
Bien que ce n’était plus l’heure de rendre visite, le chef me laisse voir ce jeune papa que je n’avais jamais vu. L’homme devient blême, il est abattu, anxieux et doit se rendre à l’infirmerie pour prendre des calmants afin de gérer sa situation. Il faut dire que si celle-ci est déjà difficile quand on est libre, elle prend des proportions énormes lorsque les personnes sont incarcérées, impossible de sortir voir son épouse et le bébé, l’attente de nouvelles est interminable.
Trois jours après, nouveau coup de téléphone,… je dois aller annoncer le décès ! L’homme voit déjà sur mon visage ce que je vais lui annoncer. Je lui promets de faire mon possible pour qu’il puisse avoir une permission de sortie pour aller voir son épouse et pour la sépulture. Je lui conseille de voir le prêtre de la prison pour organiser cette dernière mais il me répond qu’il n’est pas pratiquant. « Vous m’avez accompagné durant ces jours, pourriez-vous vous en occuper » je réponds par l’affirmative.
Je m’occupe donc de voir l’assistante sociale qui lui obtient une permission de sortie, je prends contact avec les pompes funèbres d’une ville à cinquante km de là.

Trois jours après, nous sommes quatre autour du petit cercueil blanc, le couple, mon épouse et moi-même. Le temps d’une petite médiation biblique. Le couple nous remercie. Bien qu’incarcéré à nouveau, l’homme n’assistera pas aux cultes du samedi.
Perte de temps m’a dit quelqu’un, « la compassion ne compte pas le temps mais prend soin des autres » ai-je répondu.
Bernard Delépine