Aude en première ligne en Irak

Photo Paris Match n° 02533

Aude fréquente notre Communauté lorsqu’elle est dans la région. Elle vit un ministère d’entraide et d’amour très très particulier et … dangereux. France 2 lui a consacré un reportage de 11 minutes le dimanche 08 octobre 2017 dans son émission de 19h00. Voyez par vous-même en cliquant sur ce lien :

Aude au front en Irak

Antoine Leiris « Vous n’aurez pas ma haine »

Le 13 novembre 2015, Antoine Leiris a perdu sa femme Hélène. Elle était au Bataclan, et est décédée sous les tirs des Antoine Leiris et son épouseterroristes. Lundi 16 novembre dernier, il a écrit sur Facebook un billet qui débute par la formule suivante : « Vous n’aurez pas ma haine ». Une lettre à ses ennemis dans laquelle il affirme qu’il ne répondra pas à la violence par la colère. Qu’il se concentrera sur la vie, puisqu’il lui reste Melvil, ce fils de 17 mois qui n’a désormais plus de maman.
Je vous propose de la lire et de l’écouter en parler dans l’émission « C A VOUS », sans autre commentaire tant c’est profond et poignant

Vous n’aurez pas ma haine »

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès. Antoine Leiris
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

Voyez et écoutez ce qu’il disait à l’émission « c à vous »  Antoine Leiris vous n’aurez pas ma haine

Je demande dans mes prières la consolation – et si possible la reconstruction – pour antoine et de son fils melvil.

merci antoine pour cette leçon de vie

 

Même mort tu peux encore servir

Le titre est peut-être brutal ou choquant mais il est tellement vrai et si simple !
A première vue il pourrait s’agir d’un encouragement à faire don de ses organes ou même de son corps à la médecine, j’en parle tout à la fin de l’article mais l’essentiel de mon propos n’est pas là.

Tout le monde peut encore servir, croyant ou non, enterré ou incinéré,… Comment ? Lisez plutôt !

Amené à organiser des obsèques, je suis souvent direct avec la famille « nous ne vous demanderons pas de finances, notre service est totalement gratuit ». Cela dit, je leur fais tout de même une proposition financière.

Pour être concret !
Pourquoi ne pas faire passer des corbeilles pour un projet que le défunt a ou aurait apprécié.
Nous avons fait cela maintes fois :
Lorsque mon beau-père est décédé, le fruit de la participation a permis de payer deux ans de scolarité et de pension à un enfant aveugle en Afrique.
Lorsqu’un agriculteur est décédé accidentellement, le fruit recueilli a permis la création de deux élevages au Cameroun
Lors de la cérémonie concernant un SDF, c’est une association caritative œuvrant pour eux qui en a bénéficiée
Plusieurs fois ce fut l’association « La Fraternité » à Angers pour aider la distribution alimentaire aux personnes en difficulté ou à « Croq’Etudiants » pour aider ces derniers
Je ne peux ici énumérer toutes les destinations et projets tant ils sont nombreux.

Je le dis à chaque sépulture où la famille est d’accord de procéder ainsi « Même décédée, une personne peut encore apporter de l’aide autour d’elle »
Ce serait d’ailleurs mieux si elle en a parlé avec sa famille mais le sujet de la mort est souvent tabou dans notre société, comme s’il fallait en avoir peur. Pourtant elle fait bien partie de la vie !

Même lors de mariages
La même démarche d’être « une bénédiction pour autrui » fonctionne pour les mariages. A cette occasion nous ne demandons de « prestation » mais nous encourageons les mariés à solliciter une participation. Combien d’enfants d’orphelinats ou de « talibés » enfants mendiants dans les rues ont été ainsi aidés. La formulation est simple « C’est pour vous un jour de joie, répandez celle-ci autour de vous à cette occasion, faites bénéficier de votre bonheur à d’autres moins chanceux ».

Sortons de nos égoïsmes, de nos égocentrismes, de nos replis sur soi… nous ne sommes pas seuls au monde !

Franchement, que ce soit à l’occasion de sépulture ou de mariage, ce n’est pas compliqué d’être altruiste, de semer gratuitement de l’aide, de la joie,… ici en France ou ailleurs dans le monde !

Même mort, servir encore et toujours !
Les propos ci-dessous n’ont rien à voir avec le coté plus jovial ci-dessus. Je ne peux les développer de suite, ce sont donc juste des pistes de réflexions pour vous et utile pour vos proches à l’heure de notre mort qui est… inévitable !
– Même mort vous pouvez aussi servir, aider d’autres en acceptant que l’on prélève vos organes pour servir à d’autres. Aumônier en hôpital, je confirme que beaucoup de personnes sont en attente d’un organe, une fois greffé ça change leur vie. Dommage en effet que trop d’organes se désintègrent pour rien, pour personne, dans la terre ou au crématorium. Pensez-y en ce qui vous concerne, parlez de votre choix autour de vous !
– Actuellement, en ce qui me concerne, je serais plutôt pour l’ensevelissement dans la terre que pour l’incinération. Avec humour, tout en étant sérieux, je suis encore à la recherche d’une épitaphe à inscrire sur ma tombe pour que même mort et enseveli, je serve encore à la réflexion de quelqu’un. L’épitaphe pourrait être du genre :

« Le Christ-Jésus a été ma vie. Par son amour, quoique mort physiquement, je vis avec Lui. Et pour vous, qu’en est-il ?« 

Exemples d’aide avec des dons recueillis lors de sépultures

Christianisme et Islam

Après les attentats de janvier à Charlie Hebdo, puis contre les juifs et l’Etat via les policiers, on peut se poser la question « pourquoi ». On peut aussi se questionner sur les différences entre le christianisme et l’islam ?

Depuis l’été 2014 nous avions programmé une journée de réflexion sur le christianisme face à l’islam.
Le terme « face » n’a aucune connotation d’agressivité, plutôt la notion d’une certaine incompatibilité entre les deux religions.
Pour autant, le but premier de cette journée de réflexion était d’encourager les participants chrétiens à ne pas avoir peur des musulmans ni de les « tolérer » mais de les aimer et de les respecter en tant que personnes.

Saïd Oujibou, un pont
Nous avons de suite pensé au pasteur-conférencier Saïd Oujibou. D’une part parce qu’il a grandi dans un certain islam radical, d’autre part du fait qu’il n’a pas la langue de bois, vis-à-vis l’attitude de certains chrétiens comme de certains musulmans. Nous aimions l’idée d’une réflexion vraie, crue, directe… en cela nous pouvions lui faire confiance !
Il a beaucoup d’humour, ce qui ne gâche rien. La photo est celle d’un spectacle qu’il donne ici et là.

Je vous propose de lire une interview de Saïd, recueillie par Élisabeth Royez, parue le 23 janvier 2015 dans les journaux Presse Océan et La Nouvelle République. Vous pouvez le lire ci-dessous ou en cliquant sur ce lien

 

Le pasteur qui sert de pont entre islam et christianisme
Le pasteur Saïd, passé par l’islam radical et converti au protestantisme, sera l’invité de l’église protestante baptiste de Poitiers ce week-end.

Vous êtes pasteur itinérant et consultant en prévention urbaine: en quoi consiste votre rôle?
Je suis pasteur d’une paroisse, dans le 16ème arrondissement de Paris, mais je suis très sollicité en tant que conférencier, ce qui fait qu’une bonne partie de mon apostolat se fait à l’extérieur. Mon rôle de consultant en prévention urbaine s’est inventé de lui-même au vu de la fracture qui se dessine entre la banlieue et la société. J’interviens à la demande de politiques, de municipalités, d’associations pour aider à régler des conflits ou travailler sur des codes culturels des quartiers qui sont méconnus des acteurs locaux. Aujourd’hui je connais aussi bien l’islam que le christianisme, je sers de pont.

Avec l’actualité, ce sont des thèmes qui résonnent particulièrement…
Les jeunes dans les quartiers sont en quête d’idéal. J’ai moi-même connu cette quête et l’islam radical dans ma jeunesse mais pas à un tel degré. J’aime la France, mais les discriminations y existent. Des jeunes transforment leur mal-être en violence, mais il ne faut pas que ça aille jusqu’à tuer des gens. L’islam redonne des valeurs et une identité à des jeunes en déshérence, mais comme il y a une méconnaissance de l’islam, certains islamistes l’exploitent et disent à ces jeunes que ce qui les rend malheureux, c’est le système judéo-chrétien. Ils épousent alors une idéologie politique contre toutes les grandes valeurs parallèlement à une idéologie religieuse.

Samedi, vous participez à une formation de l’église baptiste de Poitiers sur « Comment se positionner en tant que chrétien face à l’islam »: quel sera votre message?
Il n’y a aucune base commune entre christianisme et islam, ce sont des religions complètement opposées. En tant que chrétiens, nous n’avons pas d’autre choix que d’aimer les musulmans: c’est le commandement de Dieu, d’aimer son prochain. Les musulmans ont le choix, ils peuvent nous aimer ou nous détruire: tout dépend de comment ils se placent par rapport au texte coranique. Il y a différents islams. Le Coran a aussi donné naissance à l’islamisme: ce n’est pas une question d’interprétation du texte coranique mais de degré.

Vous avez grandi dans l’islam et vous êtes converti à l’âge de 21 ans: pourquoi cette conversion ?
J’étais un farouche combattant du christianisme. Je voulais démonter la Bible. Mais en essayant d’y trouver des erreurs, j’y ai trouvé la vérité. J’ai fait une étude comparative de la Bible et du Coran, et j’ai été subjugué par la figure du Christ, par la douceur et la tendresse dans ses paroles. Je suis très ouvert à toutes les confessions chrétiennes. Je me suis rapproché du protestantisme car cette église est moins frileuse que l’église catholique. Beaucoup de catholiques ont peur de recevoir (dans les églises) des musulmans qui se convertissent.

 

Charlie Hebdo, le pasteur Bernard Delépine s’engage

 

Ce midi je suis interrogé par un journaliste du Courrier de l’Ouest sur les raisons de ma présence à la minute de silence républicaine à l’occasion du massacre à Charlie Hebdo. Je vous livre une partie de mon entretien, enrichi de réflexions.

Je suis présent à cette manifestation par solidarité, par citoyenneté, et, bien que pasteur protestant j’ose dire en cette circonstance « par laïcité ». Certes, je ne suis pas toujours en osmose avec la rédaction de « Charlie-Hebdo », avec ses propos, ses caricatures,…  toutefois ma non-présence ne pouvait être envisagée.

Quel est le sens de votre présence alors ?
Je veux apporter ma compassion envers ceux qui ont été meurtris, sont décédés ou blessés, ainsi qu’à leur famille et amis
Je souhaite affirmer l’importance de la liberté de la presse, y compris lorsque je ne suis pas en accord
Je veux marteler qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre ceux qui ont commis ces actes immondes et l’ensemble des musulmans

Que pensez-vous des caricatures de Charlie Hebdo ?
Je ne dis pas que j’apprécie, encore moins que j’y souscris. Ce n’est pas une quelconque peur qui me dicte cette attitude mais le respect d’une religion qui n’est pourtant pas la mienne lorsque c’est Mahomet qui est caricaturé, je suis pour le respect des personnes qui se reconnaissent en cette religion. Je ne suis pas fan non plus de bien d’autres titres de presse… et il y en a beaucoup et pas uniquement qui se moquent des religions. Je suis sensible au respect de la personne en général. Ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas bousculer les personnes, ou se taire, une des vraies questions est, me semble-t-il « est-que que mes propos, vos propos… font avancer quelque chose ? »

Et la liberté de la presse alors ?
Je suis pour la liberté de la presse et non pour la censure. Maintenant, que ce soit Charlie Hebdo ou un autre titre de presse, chacun porte la responsabilité… et les conséquences de son contenu. Il faut oser le dire, il y a des écrits, des propos,… qui sont un manque de sagesse élémentaire mais comme c’est un « fond de commerce » ils en usent et en abusent !
Je suis bien sûr et sans équivoque contre la violence, physique ou verbale. Si des personnes sont choquées par le contenu d’un article de presse, qu’elles s’en remette à la justice. L’attaque contre Charlie Hebdo se solde par des morts… et par la relance du journal qui était en train de mourir faute de lecteurs. Les agresseurs auraient du réfléchir avant car ils ont fait la promotion – et une promotion mondiale – de ce qu’ils dénonçaient, c’est un peu idiot comme stratégie
Personnellement je ne suis ni frustré ni en colère lorsque je vois des caricatures inappropriées sur les religions, y compris lorsque c’est Dieu ou le Christ qui est visé. Ca ne me touche pas et ne m’empêche pas de dormir, d’ailleurs Jésus était aussi provocateur à ses heures !

Jésus, provocateur ?
Oui, en son temps, Jésus a été provocateur, un empêcheur de tourner en rond. Il l’était en particulier pour les religieux qui s’employaient à respecter des règles sans vivre l’essence même de la foi et qui imposaient à leurs contemporains de suivre ces règles – allant jusqu’à exclure ceux qui ne les respectaient pas ou ne pouvaient les respecter. Il était une épine dans le pied de ceux qui se vantaient de leur foi et de leur « pureté ». Oui, Jésus a « caricaturé » certains religieux de son temps, non pas avec des dessins mais avec des mots, allant jusqu’à les comparer de « sépulcres blanchis », beaux à l’extérieur mais avec de « la pourriture » à l’intérieur, pour ne citer que ce seul exemple.

Depuis, que pensez-vous des caricatures sur cette affaire ?
C’est de l’humour noir mais je n’ai pas vu une caricature montrant les dessinateurs de Charlie au paradis, accueillant dans ce même lieu les 3 terroristes avec cette maxime « bienvenus, on vous attendait pour vous donner des crayons à la place de vos kalachnikovs, ça fait moins de dégâts ».
C’est d’ailleurs très étonnant et surréaliste d’entendre les uns et les autres dire que ces dessinateurs sont « au paradis ou là-haut d’où ils nous voient et nous entendent », eux qui, sauf erreur, se réclamaient d’être athées, agnostiques, anticléricaux.
Le « paradis », c’est tout de même une notion religieuse. Comme quoi… !

Et les manifestations ?
Il est rare que je manifeste. La première fois ce fut à Lille, j’avais lancé en 1977 ou 1978 l’idée de la première « manifestation pour Jésus ». Celle-ci avait eu un engouement auprès d’un très grand nombre de personnes, toutes confessions chrétiennes réunies. Nous avions défilé dans une ambiance bon enfant, rythmé par des chants « gospel moderne », sans heurts
A Angers, une des rares fois le fut à l’occasion des tombes juives profanées à Carpentras.
Je suis, pour autant que j’en sois informé, un inconditionnel de ses rassemblements où ensemble, hommes et femmes se réunissent pour dire NON, pour faire bloc bien au-delà des sensibilités et des cultures.

Je ne peux aller jusqu’à dire « je suis Charlie » du fait que je ne me reconnais pas dans l’expression rédactionnelle de l’hebdo, mais comme beaucoup d’autres, je suis quelqu’un qui défend les valeurs du vivre ensemble.