Cliquez sur ce lien pour voir la petite vidéo faite à l’occasion de l’arrêt du ministère pastoral en paroisse du pasteur Bernard Delépine
elle a été suivie d’un témoignage personnel oral – Voici ce qu’en a rapporté un journaliste du Courrier de l’Ouest
Les adieux du pasteur du cœur
Le pasteur Bernard Delépine tire un trait sur 34 ans de ministère à l’église protestante Baptiste d’Angers qu’il a fondée en 1980. Avec passion, humour, gravité, humilité et fraternité, bien sûr.Ses petits-enfants, bientôt huit, lui donnent du papé. « Parce que ça fait plus jeune que papy ! ». Ses ouailles l’appellent Bernard. Parce que tout le monde l’appelle Bernard. C’est ainsi et ça lui va tellement bien cette proximité, cette connivence, cette familiarité qu’il entretient avec une décontraction naturelle.
Samedi dernier, la grande famille du pasteur Bernard Delépine était réunie en l’église protestante Baptiste d’Angers pour les «adieux» de son fondateur. – « Un pionnier », selon Michel, un proche. – « Un homme de conviction avec un cœur gros comme ça ! Un homme qui n’est pas dans le discours mais dans les actes », jure Marie, une bénévole. – « Un papa qui nous a fait comprendre qu’on pouvait apporter beaucoup d’amour aux gens », sourit Priscille, l’une des deux filles du pasteur Delépine. Bernard Delépine a quatre enfants qui lui ont tous rendu un vibrant hommage. En musique pour Claire, Priscille et Timothé. En vidéo pour Etienne, l’aîné, retenu sur Montpellier.Après 34 ans d’un incroyable ministère aux côtés de Danièle, son épouse, Bernard a donc pris sa retraite administrative. « Oui, un pasteur a le droit de prendre sa retraite à 60 ans », plaisante l’homme d’église avec l’œil qui pétille et ce petit quelque chose de l’acteur modeste et génial, Jacques Gamblin.
Ado, il s’était Juré de tuer son père
« Ce ne sera pas du repos, ce sera du recul. J’ai envie de vivre un autre type de ministère mais il va falloir que je fasse le tri dans tout ce que j’ai envie de faire. J’ai envie de réfléchir, d’écrire, aussi. Pas sur ma vie, mais pour transmettre », explique le pasteur angevin.
Sa vie est pourtant un roman. Et pas tout rose comme la chemise qu’il porte sans cravate pour tirer sa révérence. Le roman de son adolescence alsacienne est même bien noir. Il y a ce père très violent qu’il s’est juré de tuer. « Je suis devenu aumônier à la prison mais j’ai longtemps cru que je finirai derrière les barreaux parce que j’aurais tué mon père. Je m’y étals d’ailleurs préparé en devenant bagarreur. » Il y a cette mère battue à qui Il rend visite à l’hôpital et qu’il découvre attachée à son lit et complètement droguée. Le petit Bernard a douze ans. Il y a ces trajets en stop à 14 ans avec un poignard planqué dans ses chaussettes pour pouvoir se défendre en cas de mauvaises rencontres. Il y a cet apprentissage esclavagiste dans une boulangerie, cette mansarde non chauffée où il vivait.Au cœur du social
La vie de Bernard Delépine, c’est celle de Cosette ! Une vie de misère Jusqu’à sa rencontre avec le Christ. D’abord sous les traits de la fille du pasteur qu’il va draguer à l’église. Sérieusement, ensuite. Viscéralement, enfin. Parti de rien, parti de loin – « à 16 ans, je ne savais pas bien lire », l’Alsacien s’est transformé, s’est façonné en homme de bien. « J’ai l’impression d’avoir rivalisé avec un cheval », image-t-il en se retournant sur son parcours.Un parcours tourné vers les autres.
Vers les croyants avec la création de l’église protestante Baptiste d’Angers, d’abord dans son appartement, puis dans les locaux rénovés à l’huile de coude d’une ancienne menuiserie rue du Colombier. Vers les pauvres et les nécessiteux avec la naissance de la Fraternité et de Croq’Etudlants. Vers les malades, les malades mentaux et les prisonniers avec ses visites à la maison d’arrêt d’Angers, au CHU et au CESAME. En 1995, Bernard Delépine va Jusqu’à accueillir chez lui un prisonnier malade du Sida en phase terminale dont Il a obtenu la grâce. En 1995 ! « C’est vrai qu’on ne savait pas tout de la transmission de la maladie à cette époque », se souvient l’homme de foi. « Je suis fait pour les autres. Je ne conçois pas ma vie sans être au cœur des actions sociales. J’ai beaucoup aimé être pasteur mais j’ai autant aimé être aumônier de prison», assume-t-il.
Sa succession, elle, ne va pas être simple à assumer.