Récit du dernier guillotiné en public à Angers (1)

Le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers, vous propose 5 épisodes (réflexion personnelle en conclusion) portant sur la dernière exécution à mort EN PUBLIC à Angers.   Articles parus dans le « Courrier de l’Ouest »  1er épisode

Pierre Gueurie, dernier capité en public en France

Pierre Gueurie, mort en 1934, est le dernier condamné exécuté sur la place publique à Angers. Amenés à évoquer cette affaire, il y a quelques mois, nous avons commis une imprécision sur le lieu où avaient été placés les bois de justice. Cela nous a valu un abondant courrier, preuve que cette décapitation est restée dans la mémoire de nombreux Angevins. Les témoignages que nous reproduisons encore aujourd’hui le confirment. Nous avons dû vérifier dans les archives du « Petit Courrier », prédécesseur, avant-guerre, du « Courrier de l’Ouest », les circonstances de la mort de Gueurie.

Location de fenêtres et siège pour le « spectacle »

Nous y avons trouvé une abondante littérature : les exécutions publiques faisaient recette. Quand on avait la chance d’habiter tout près, on louait ses fenêtres ou des sièges aux curieux. Gueurie mort, les exécutions auront lieu hors de la vue du public, dans l’enceinte de la prison d’Angers. Le chef-lieu de Maine-et-Loire sera d’ailleurs la dernière ville de France à avoir vu tomber la tête d’une femme. Pourquoi la mort de Gueurie reste-t-elle si ancrée dans les mémoires ? C’est la seule dont on puisse vraiment se souvenir en Anjou. La précédente remontait au 7 juillet 1896, 37 ans plus tôt. Il n’y a plus personne pour en témoigner aujourd’hui. La relation des circonstances du drame (l’assassin a tué une petite angevine), puis de l’installation de la guillotine et enfin de la mort de Gueurie, témoigne d’une époque. Le « Petit Courrier » se fait l’écho de l’horreur qui a assailli la population dans un luxe de détails que nous avons épurés. On découvrira cependant ici l’essentiel de l’événement tel qu’il fut présenté aux lecteurs angevins au moment où passa la justice. La dramatisation, le caractère théâtral de l’arrivée et de l’installation de la guillotine devaient dissuader les criminels en puissance. Le journal relayait. On sait bien depuis, que cette menace avait peu d’effets. La peine de mort a été abolie en France le 18 septembre 1981.

Gueurie guillotiné : le Petit Courrier raconte
Une exécution capitale à Angers, Pierre Gueurie, l’odieux assassin de Simone Soleau à Saint-Barthélémy a été guillotiné ce matin». Voilà le titre de l’édition du 3 mars 1934 du « Petit Courrier »« La dernière exécution capitale dans notre ville remonte au 7 juillet 1896. A cette époque, le nommé Charles Jouneau, qui, à coups de hachette, avait tué un enfant de 13 ans, le jeune Persignan, domestique de ferme à l’Hôtellerie-de-Flée, fut guillotiné place de la Prison » explique le journal. 37 ans et huit mois après, la « Veuve » revient à Angers et, cette fois encore, pour un homme qui a tué un enfant. Elle revient en effet pour Pierre Gueurie, l’assassin de la petite Simone Soleau.

Les crimes de Pierre Gueurie
II y a exactement trois mois et dix jours que le garçon épicier, Pierre Gueurie, âgé de 30 ans, comparut devant la Cour d’assises de Maine-et-Loire et fut condamné à la peine de mort pour tentative d’assassinat, assassinat et attentat à la pudeur. Les faits qui motivèrent cette peine capitale de la part du jury, nos lecteurs s’en souviennent certainement. C’était le 24 mars 1933, Angers était tout à la joie, et dans une fête charmante dans les bâtiments de la kermesse on couronnait la reine, lorsque le bruit se répandit en ville, comme une traînée de poudre, qu’une petite fille avait été assassinée dans un champ à Saint-Barthélemy. La presse précisait le lendemain qu’il s’agissait de la petite Simone Soleau, qu’un inconnu avait attirée dans un champ, au sortir de l’école et avait odieusement assassinée. L’émotion n’en fut pas moins très vive en ville et dans toute la région et l’indignation contre l’abominable bandit ne fit que s’accroître pendant les quatre jours que durèrent les recherches pour le retrouver. On se souvient des péripéties de cette journée du mardi 28 mars pendant laquelle toute la population fut sur pied, anxieuse, à l’affût du misérable que deux gendarmes étaient allés chercher le matin à l’épicerie Guibert et Quélin, rue de la Roe où il était employé et qui leur avait échappé en sortant par une porte de derrière. Enfin, au début de l’après-midi, on apprenait que Gueurie, reconnu dans un chemin, près du Génie, par Melle Chantreau, employée à « L’Iris de Florence » rue de la Roe, avait été arrêté rue de la Genvrie.

Ses aveux et son attitude en Cour d’assises
En Cour d’assises il fit des aveux complets et son attitude fut assez cynique, ne manifestant que très peu de regrets de ses actes. Il reconnut que dans la soirée du 24 mars, alors qu’il se promenait aux environs du passage à niveau 267 de la ligne d’Angers à La Flèche, commune de Saint-Barthélémy, avoir accosté un groupe d’enfants qui revenait de l’école et avoir entraîné dans un pré la jeune Simone Sauleau, habitant chez ses parents au Petit Mongazon et de l’avoir horriblement mutilée. Au fond de ce pré était creusé un fossé profond qui avait été récemment nettoyé et dans lequel il n’y avait pas de fleurs ; c’est dans ce fossé que fut découvert le cadavre de Simone Sauleau. Le corps était couché sur le côté droit, le bras droit se trouvait pris sous le corps, le bras gauche était replié, les jambes aussi légèrement repliées, dans une attitude de défense et dans une crispation d’agonie. (…) L’assassin s’était livré sur sa petite victime à des attouchements obscènes avant de la frapper sauvagement et de la tuer, le crâne était défoncé, le sang s’était abondamment échappé de cette blessure, le cou portait une plaie profonde de plusieurs doigts, à la fesse gauche une tranche de chair avait été découpée. Le bouquet de fleurs offert par Gueurie pour attirer la fillette a été trouvé sous le cadavre, auprès, un cahier d’écolière.

En ce qui concerne la tentative d’assassinat de la rue des Poëliers, il avoua que le 19 novembre 1932, vers 19 heures, il attaqua dans le couloir du numéro 1 de l’impasse des Poëliers, la jeune Lucienne Joret. Il l’embrassa, mais comme elle lui résistait et s’enfuyait en criant, il lui porta un coup de couteau dans le dos. Ce sont ces crimes qui menèrent Pierre Gueurie devant la Cour d’Assises.

Là, on apprit que cet individu portait à son casier judiciaire deux condamnations pour des faits d’agressions et d’attentats aux mœurs sur des fillettes.

Toutefois, lorsqu’il entendit l’arrêt le condamnant à la peine de mort, il eut une vive émotion. Il s’affala sur son banc. Cette décision de la Cour a été, on se le rappelle, accueillie par des applaudissements par la foule, venue suivre les débats et par celle massée aux abords du Palais de Justice. Elle fut accueillie avec satisfaction par toutes les mères de famille.

(À suivre)

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (3)

3ème épisode de ce guillotiné en public à Angers mis sur le site par le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers

« Le Petit Courrier » dans ses éditons du 3 mars 34 raconte la fin de l’Angevin Gueurie qui fut le dernier guillotiné de Maine- et-Loire. Or, ce jour-là, le journal se livre à un petit subterfuge peu recommandable : il informe d’événements qui vont avoir lieu en prétendant en rendre compte. Les moins crédules de ses lecteurs s’en apercevront et certains s’en souviennent encore. Les lecteurs lisent en effet leur Petit Courrier en ce matin du 3 mars et on leur raconte par le menu des faits qui se sont produits le même jour entre trois heures et six heures trente.

La foule qui, les nuits précédentes, avait stationné aux abords de la prison, était des plus compacts vendredi, à partir de minuit.
Déjà, dans la journée, des centaines de personnes avaient circulé sur la place.
La police et la gendarmerie chargées du service d’ordre ne peuvent arriver à faire déblayer la place.

On crie : « A mort Gueurie »
Vers 3 heures du matin, la troupe fait son apparition et prend possession des abords de la place, mais avec difficulté, le public se refusant d’obtempérer.
Les gendarmes sont sous les ordres du commandant Mahé et du capitaine Pougnant, et la police est dirigée par M.Collart, commissaire central, secondé par MM. Geay, Dagonnet et Cardin, commissaires.
A 4 heures, le fourgon contenant la guillotine est amené sur la place par deux chevaux de la maison Lucas et Underberg. Il est aussitôt rangé près de l’endroit où doit s’élever la sinistre machine.
Son arrivée ne passe pas inaperçue par la foule qui fait entendre de vives clameurs.
A ce moment, on remarque que toutes les portes et fenêtres des immeubles entourant la place sont garnies de personnes qui avaient, pour une forte somme, loué leur emplacement.

Le montage de la guillotine
II est près de 5 heures lorsque M. Deibler et ses aides procèdent au montage de la guillotine, à environ trois mètres du portail du côté droit de la prison du côté du faubourg Saint-Michel.
Deibler, niveau d’eau en main surveille l’opération. Les aides s’éclairent avec des lampes électriques.
Le montage dure à peine trois quarts d’heure. Lorsqu’il est terminé, Deibler s’assure du bon fonctionnement de la « Veuve ».
A deux reprises différentes, il fait jouer l’énorme couperet -couperet en biseau d’un poids de 40 kilos – et s’assure sur un morceau de flanelle, qu’il est toujours bien tranchant.

Le réveil du condamné
Aussitôt la guillotine en place, Deibler se présente aux magistrats et annonce qu’on peut réveiller le condamné.
M. Zollinger, avocat général, assisté de Me Pecquereau, défenseur du condamné, de MM. Causse, juge d’instruction, Reliquet, substitut de M. le Procureur de la République, Bouvet, greffier en chef de la Cour d’Appel, Fronteau, greffier de M. le juge d’instruction pénètrent dans la cellule de Gueurie, dont la porte vient d’être ouverte, par ordre, par le gardien-chef Guibert.
M. le docteur Montier, médecin et le chanoine Uzureau, aumônier de la prison, sont présents.
Aussitôt après son réveil, M. Zollinger, avocat général, fait savoir à Gueurie que son pourvoi en cassation et son recours en grâce ont été rejetés : «L’heure de l’expiation, ajoute t-il, a sonné, ayez du courage. »
M. l’avocat général lui demande ensuite s’il a quelques révélations à faire.
Gueurie qui, jusqu’à la dernière minute s’était figuré être gracié, fut tellement émotionné qu’il fallut l’aider à s’habiller.
Il se confessa ensuite. De la chapelle il a été conduit par M. le chanoine Uzureau au greffe de la prison et remis entre les mains de Deibler qui signe la levée d’écrou ainsi libellée :
«Le Procureur général requiert le gardien chef de remettre à M. Deibler, porteur du présent, le nommé Gueurie Pierre qui doit être exécuté demain 3 mars 1934 à 6 h 15.
« Pour le Procureur général :
« Signé : Zollinger, avocat général »
« Reçu de M. le gardien chef de la prison d’Angers le nommé Gueurie Pierre pour être exécuté à mort.
«Angers, le 3 mars 1934.
« Signé : Deibler »

L’Exécution
Le bourreau et ses aides ont ensuite procédé à la toilette du condamné.
Sinistre opération qui dura à peine quatre minutes, puis Gueurie a été conduit à la guillotine.

(À suivre…)

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (4)

4ème épisode de ce guillotiné en public à Angers mis en ligne par le Pasteur Bernard Delépine, qui fut aumônier protestant durant 24 ans à la Maison d’Arrêt d’Angers

Nous poursuivons le récit que fait « Le Petit Courrier » dans ses éditions du 4 mars 1934 des derniers moments de Gueurie, le dernier guillotiné d’Angers. Cette fois, on est bien au lendemain des faits et le Petit Courrier peut raisonnablement en donner une relation exacte.

Nous avons donné succinctement dans notre numéro d’hier, sur l’exécution d’hier, de Pierre Gueurie, les informations qui nous ont été apportées jusqu’à la dernière heure, par notre service de reportage autorisé à pénétrer dans la prison. Les nécessités de notre tirage ne nous ont pas permis d’aller plus loin ; nous relatons donc ci-dessous les faits qui se sont déroulés depuis ce moment.
Disons tout de suite qu’à la surprise générale l’assassin de la petite Simone Sauleau fit preuve d’un remarquable courage, d’un sang-froid sans forfanterie qui impressionna vivement ceux qui en furent témoins.
Le repentir ? Ou la résignation aveugle à la fatalité? Il était totalement impossible de s’en rendre compte tant fut complète l’impassibilité de celui qui allait mourir.

Les curieux. Le service d’ordre
La pluie fine qui n’a cessé de tomber jusqu’à 4 heures du matin empêcha certainement bon nombre d’Angevins d’aller stationner place de la prison. La foule devint plus dense vers 5 heures du matin et fut tout à fait importante vers 6 heures.
Elle était évaluée à 4.000 personnes. Il y avait des gens à toutes les fenêtres et même sur les toits.
Grâce au parfait service d’ordre organisé d’une part par la police sous les ordres de M. le commissaire central et d’autre part par le commandant Mahé et le capitaine Pougnant de la gendarmerie, il n’y eut aucun incident.
Des groupes de personnes furent même autorisés à stationner sur la place.
Chacun veut voir lorsqu’arrive la guillotine. Les femmes sont les plus curieuses.
La sinistre machine fut montée sans bruit sous la surveillance de Deibler, appuyé à l’arrière de son fourgon. Aucune parole n’est prononcée entre les aides.

La cellule N° 9 Le réveil
La guillotine est presque installée lorsqu’arrivent sur la place les personnalités judiciaires.
M. l’avocat général Zollinger demande à M. Deibler s’il est bientôt prêt et, sur sa réponse affirmative, il pénètre dans la prison, suivi de MM. Causse, juge d’instruction ; Pichot de Champfleury, conseiller à la Cour qui fit l’instruction de l’affaire ; Me Pecquereau, défenseur de Gueurie ; Docteur Montier médecin de la prison ; Bouvet, greffier en chef ; Boucher, greffier de la Cour ; Fronteau, greffier de M. le juge d’instruction et Me Perrin, avocat de la partie civile.
Sont également présents : MM. Belliard, secrétaire général de la préfecture ; Vivant, chef de cabinet de M. le préfet ; Guy, attaché au Parquet général et les représentants de la presse.
Les magistrats sont reçus par M. Guibert, gardien chef et par M. le chanoine Uzureau, aumônier de la prison.
Ensemble ils se dirigent vers la galerie Ouest et ils s’arrêtent en face la cellule n° 9. C’est celle de Gueurie. Deux gardiens sont de chaque côté. Le gardien chef en ouvre la porte.
Gueurie dort profondément et ce ne fut que lorsque son avocat lui frappa sur l’épaule qu’il s’éveilla.

Puisqu’il faut y aller…
M. l’avocat général lui annonça alors que son pourvoi et son recours en grâce avaient été rejetés et que le moment était arrivé pour lui d’expier ses crimes. «Ayez du courage» ajouta t-il.
– J’en aurai, répondit Gueurie : puisqu’il faut y aller, j’irai !
Me Pecquereau s’approche alors de Gueurie et l’invite lui aussi à avoir du courage. Gueurie le remercie et l’embrasse, puis il demande ses vêtements civils car il désire s’habiller comme le jour où il comparut devant ses juges.
Gueurie est aidé par ses deux gardiens. Une fois habillé et peigné, il demande à son avocat de lui procurer du papier pour qu’il puisse faire ses adieux à sa femme.
Notre rédacteur lui fournit volontiers cette feuille de papier. Gueurie griffonne alors quelques mots et prie le gardien chef de joindre cet écrit aux lettres, images et photographies qu’il détient et de les adresser à sa femme. Le gardien chef le lui promet.

Depuis sa condamnation à mort, Gueurie a écrit fréquemment à sa femme, mais jamais il n’a fait allusion à ses crimes.
Dans chacune de ses lettres il la priait seulement de bien élever son enfant et de lui donner de ses nouvelles. Mme Gueurie lui répondit quelques fois.
D’autre part, Gueurie, assez loquace, ne parla pas plus à ses gardiens des faits qui lui valurent sa condamnation.
Gueurie déclare qu’il n’a aucune révélation à faire, ce qui permet à M. Causse, juge d’instruction et son greffier M. Fronteau, de se retirer dans la galerie.

(à suivre)

Récit du dernier guillotiné en public à Angers (5 et dernier épisode)

5ème et dernier épisode de ce guillotiné en public à Angers et conclusion du Pasteur Bernard Delépine

Nous achevons aujourd’hui la publication du récit contenu dans les pages du « Petit Courrier » du 4 mars 1934 de la mort de Gueurie, assassin d’une petite fille angevine, sous le tranchant de la guillotine le 3 mars 1934.

Les magistrats et le défenseur quittaient également la cellule, pour permettre à M. le chanoine Uzureau de confesser Gueurie, car il le désire comme il désire entendre la messe.
A ce moment il est amené au milieu de la galerie principale et prend place sur une chaise que lui apporte le gardien-chef. A côté, debout, appuyé sur une autre chaise est Me Pecquereau.
Gueurie écoute l’office avec une grande attention et, malgré les chaînes qui lui entravent les jambes, il s’agenouille et il reçoit la communion.
La toilette
L’office terminé – ce qui ne dura pas moins d’un quart d’heure – Gueurie est conduit au greffe de la prison où il est remis entre les mains de Deibler. Toutefois, à ce moment, il sollicite de M. l’avocat général, l’envoi à sa femme du peu d’argent qui lui reste et de ses quelques bijoux.
Les aides l’empoignent et lui attachent les mains derrière le dos. Deibler lui coupe largement le col de sa chemise et en moins de dix minutes cette double opération est terminée.
Gueurie qui ne s’est pas départi de son calme ne veut rien, ni rhum, ni café, ni cigarette. Il suit docilement et même rapidement les aides qui le tiennent chacun par un bras.
Il descend seul les quatre marches qui conduisent à la cour d’entrée et se dirige vers le portail derrière lequel s’élève la guillotine.
Justice est faite
Arrivé à un mètre de ce portail, celui-ci s’ouvre.
Gueurie aperçoit alors la sinistre machine et a un mouvement de recul, mais celui-ci est à peine remarqué par les personnes présentes car les aides le poussent violemment sur la planche qui bascule. Le couteau tombe aussitôt et justice est faite. Il est exactement 6 h 30.
Des cris et des applaudissements partent de la foule.
Au cimetière de l’Est puis départ de la guillotine
Pendant que celle-ci, satisfaite, s’écoule, le panier contenant les restes de Gueurie est placé dans le fourgon et transporté au cimetière de l’Est.
Là, deux des aides enlèvent le corps pour le déposer dans un cercueil apporté pendant la nuit par le service des Pompes funèbres, puis Deibler prend la tête par les cheveux et la pose à côté des jambes.
Ceci fait, le fourgon et l’exécuteur des hautes œuvres reviennent place de la prison où, quelques instants après, la guillotine démontée est remise en place.
A 7 h 30, ce lugubre convoi était de retour à la gare Saint-Laud.
Il quitta Angers pour Paris à 15 heures.

L’acte de décès
Dans l’après-midi, le procès-verbal de cette exécution a été fait par le greffier en chef de la Cour d’Appel, puis la déclaration de décès a été faite à l’état-civil par M. Boucher, greffier. Dans l’acte de décès déposé par ce greffier il est dit que : « Pierre Gueurie a été mis à mort à 6 h 30 par l’exécuteur des hautes œuvres dans les formes prescrites par la loi. »

Réflexion du pasteur Bernard Delépine
Bien que « justice doit être prononcée et faite », il n’en reste pas moins vrai que ce récit de décapitation, devant une foule venue au spectacle et applaudir, a quelque chose de bestial dont on ne peut se réjouir. C’est vraiment « les jeux du cirque » d’antan dont se délecteraient encore aujourd’hui certains de nos contemporains bien-pensants !!!
Certes, il y a des victimes, il faut aussi prendre en compte leur préjudice. La condamnation au bagne comme il était aussi d’usage à l’époque, pouvait être une solution.
Pour avoir visité les bagnes de St Laurent et de l’Ile du Salut en Guyane, je peux dire de ce n’était pas la meilleure solution mais tout de même la moins pire au regard de ces décapitations
C’est aussi sans compter sur la possible prise de conscience du coupable et de son changement. Si si si c’est possible… je ne peux vous dire combien de personnes ayant privé la vie à une autre j’ai vu changer de mes yeux suite à notre accompagnement !
Personne n’est perdu à jamais, donc OUI à l’abolition de la peine de mort