5ème et dernier épisode de ce guillotiné en public à Angers et conclusion du Pasteur Bernard Delépine
Nous achevons aujourd’hui la publication du récit contenu dans les pages du « Petit Courrier » du 4 mars 1934 de la mort de Gueurie, assassin d’une petite fille angevine, sous le tranchant de la guillotine le 3 mars 1934.
Les magistrats et le défenseur quittaient également la cellule, pour permettre à M. le chanoine Uzureau de confesser Gueurie, car il le désire comme il désire entendre la messe.
A ce moment il est amené au milieu de la galerie principale et prend place sur une chaise que lui apporte le gardien-chef. A côté, debout, appuyé sur une autre chaise est Me Pecquereau.
Gueurie écoute l’office avec une grande attention et, malgré les chaînes qui lui entravent les jambes, il s’agenouille et il reçoit la communion.
La toilette
L’office terminé – ce qui ne dura pas moins d’un quart d’heure – Gueurie est conduit au greffe de la prison où il est remis entre les mains de Deibler. Toutefois, à ce moment, il sollicite de M. l’avocat général, l’envoi à sa femme du peu d’argent qui lui reste et de ses quelques bijoux.
Les aides l’empoignent et lui attachent les mains derrière le dos. Deibler lui coupe largement le col de sa chemise et en moins de dix minutes cette double opération est terminée.
Gueurie qui ne s’est pas départi de son calme ne veut rien, ni rhum, ni café, ni cigarette. Il suit docilement et même rapidement les aides qui le tiennent chacun par un bras.
Il descend seul les quatre marches qui conduisent à la cour d’entrée et se dirige vers le portail derrière lequel s’élève la guillotine.
Justice est faite
Arrivé à un mètre de ce portail, celui-ci s’ouvre.
Gueurie aperçoit alors la sinistre machine et a un mouvement de recul, mais celui-ci est à peine remarqué par les personnes présentes car les aides le poussent violemment sur la planche qui bascule. Le couteau tombe aussitôt et justice est faite. Il est exactement 6 h 30.
Des cris et des applaudissements partent de la foule.
Au cimetière de l’Est puis départ de la guillotine
Pendant que celle-ci, satisfaite, s’écoule, le panier contenant les restes de Gueurie est placé dans le fourgon et transporté au cimetière de l’Est.
Là, deux des aides enlèvent le corps pour le déposer dans un cercueil apporté pendant la nuit par le service des Pompes funèbres, puis Deibler prend la tête par les cheveux et la pose à côté des jambes.
Ceci fait, le fourgon et l’exécuteur des hautes œuvres reviennent place de la prison où, quelques instants après, la guillotine démontée est remise en place.
A 7 h 30, ce lugubre convoi était de retour à la gare Saint-Laud.
Il quitta Angers pour Paris à 15 heures.L’acte de décès
Dans l’après-midi, le procès-verbal de cette exécution a été fait par le greffier en chef de la Cour d’Appel, puis la déclaration de décès a été faite à l’état-civil par M. Boucher, greffier. Dans l’acte de décès déposé par ce greffier il est dit que : « Pierre Gueurie a été mis à mort à 6 h 30 par l’exécuteur des hautes œuvres dans les formes prescrites par la loi. »
Réflexion du pasteur Bernard Delépine
Bien que « justice doit être prononcée et faite », il n’en reste pas moins vrai que ce récit de décapitation, devant une foule venue au spectacle et applaudir, a quelque chose de bestial dont on ne peut se réjouir. C’est vraiment « les jeux du cirque » d’antan dont se délecteraient encore aujourd’hui certains de nos contemporains bien-pensants !!!
Certes, il y a des victimes, il faut aussi prendre en compte leur préjudice. La condamnation au bagne comme il était aussi d’usage à l’époque, pouvait être une solution.
Pour avoir visité les bagnes de St Laurent et de l’Ile du Salut en Guyane, je peux dire de ce n’était pas la meilleure solution mais tout de même la moins pire au regard de ces décapitations
C’est aussi sans compter sur la possible prise de conscience du coupable et de son changement. Si si si c’est possible… je ne peux vous dire combien de personnes ayant privé la vie à une autre j’ai vu changer de mes yeux suite à notre accompagnement !
Personne n’est perdu à jamais, donc OUI à l’abolition de la peine de mort