Baptême par immersion totale à l’âge adulte

Sollicité pour apporter quelques réflexions sur le baptême pratiqué dans les églises dites « évangéliques », je vous fais part de ces quelques réflexions. Elles n’ont pas prétention d’être un pavé théologique argumenté, simplement des pistes à approfondir. Elles ont été apportées à l’occasion d’un séminaire des Avents organisé sur Angers par un groupe œcuménique. En fin d’article, je vous propose un lien sur un court – et sympa – enseignement vidéo sur le sujet
A quel âge baptise-t-on dans les églises dites « évangélique »
Si les Eglises Catholiques, Orthodoxes, Luthéro-Réformées et d’autres dénominations chrétiennes baptisent les enfants, de nombreuses Eglises dites « évangéliques », membres ou non de la Fédération Protestante de France ou du Cnef, ne baptisent que des adultes. Faut-il encore s’entendre sur ce que veut dire « adulte ». Certaines églises baptisent déjà vers 8-10 ans alors que d’autres attendent les 18 ans.
Pourquoi spécifiquement un « baptême à l’âge « adulte »
Les textes bibliques sont nombreux, en voici quelques uns :
Jésus leur dit: « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle à tous les êtres humains. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné ». Marc chapitre 16, versets 15 et 16
Les auditeurs de l’apôtre Pierre furent profondément bouleversés par ses paroles. Ils lui demandèrent à lui et aux autres apôtres: « Frères, que devons-nous faire? » l’apôtre Pierre leur répondit: « Changez de comportement et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés ». Actes des Apôtres chapitre 2, verset 37 et 38
Quand à l’apôtre Paul, il écrit : Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu’il nous offre. Galates chapitre 3, verset 27
Il y en a bien sûr beaucoup d’autres.
Le baptême, c’est donc un engagement personnel à suivre Jésus pour devenir un de ses disciples. Pour prendre un exemple plus parlant, c’est un peu comme lors d’un mariage durant lequel le maire demande « consentez-vous à prendre pour époux, pour épouse… ». Il en résulte en principe un OUI consenti, joyeux, décidé, délibéré
Un nourrisson ou un enfant ne peut prendre une telle décision personnelle, parfois pas même encore lors de ses vœux de confirmation.
Jésus, qui fut présenté au temple à l’âge de 8 jours, ne fut baptisé par Jean (dit Jean le Baptiste) qu’à l’âge de 30 ans (Luc 3.23) Dans les Actes des Apôtres, tous les passages mentionnant le baptême de personnes montrent clairement que la repentance et la foi précèdent le baptême. Ces deux incontournables sont une des conditions pour être baptisé tout comme l’est le fait de vivre une « nouvelle naissance » dont Jésus parle à Nicodème, théologien de son temps : Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Evangile Jean 3.3-7
Vous pouvez lire des témoignages de baptisés à l’Eglise Protestante Baptiste du Colombier à Angers parus dans Ouest France en cliquant ici, ils partagent cette « nouvelle naissance » et ses transformations
Cette démarche de « nouvelle naissance » est pure grâce, c’est Jésus qui vient au-devant de nous, qui nous propose un échange, une convivialité, une amitié,… avec lui. Même si dans ce texte il s’adresse à une église, sa démarche vers les hommes est la même : écoute, je me tiens à la porte (la porte de ton cœur certainement) et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi. Apocalypse 3.20
Baptêmes de masse et/ou liberté de conscience
Si à certaines époques, des familles entières se faisaient baptisées : homme, femme, enfants, cela n’a pas été la pratique de l’évangéliste Philippe. Nous lisons en Actes des Apôtres 8.10-12 : «Toute la population, du plus petit jusqu’au plus grand (enfants et adultes), lui accordait donc une grande attention… Mais quand ils crurent Philippe qui leur annonçait la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu et de Jésus-Christ, ils se firent baptiser, tant les hommes que les femmes» (apparemment pas les enfants donc)
Bien sûr, l’Histoire nous montre qu’à partir de la conversion de l’empereur Constantin, il fallait aussi que le peuple se « convertisse ». Adopter la religion du souverain était chose classique si on voulait continuer à vivre… pour autant, est-ce que la foi chrétienne se vivait avec conviction, certes non ! L’abjuration ou/et le fait d’être obligé à se convertir à quelques philosophies ou religions qui soient, y compris au christianisme, est un non-sens !
Dans les églises évangéliques il y a une forte notion de liberté de croire et de pratique – ou non !!!
Même si en Actes 16:31 Paul dit au gardien de prison « crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille », pour les évangéliques la foi est avant tout une démarche libre et personnelle. Que personne ne juge le baptême de quelqu’un, ni même le re-baptême dont il sera question plus loin. Ceci est une question qui résulte de la liberté de conscience personnelle.
L’immersion totale
Plusieurs textes de la Bible nous parlent de la symbolique forte, d’un processus de mort quand on est plongé dans l’eau et de résurrection quand on en ressort.
En effet, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous, les personnes sont plongées entièrement dans l’eau, le grec du mot « baptême » signifiant « plongé, immergé ». Dans l’évangile de Jean 3.22 il nous est rapporté que Jésus, accompagné de ses disciples, se rendit en Judée et là et il baptisait. Jean aussi baptisait à Enon parce qu’il y avait là beaucoup d’eau et on y venait pour être baptisé. Si le baptême – pratiqué par Jean-Baptiste, Jésus et ses disciples – ne demandait que quelques gouttes, ils pouvaient rester à Jérusalem où il y avait une source et non descendre les 1200m de dénivelé jusqu’au Jourdain pour trouver « beaucoup d’eau » !
Généralement les églises évangéliques possèdent ce que l’on appelle un « baptistère », toutefois les baptêmes se font aussi dans des plans ou cours d’eaux, piscines, baignoires,… Alors animateur dans un centre d’aide aux marginaux, j’ai même assisté à des baptêmes dans un abreuvoir ! Nul besoin de se rendre dans le Jourdain en Israël où est prise la 3ème photo.

 

D’accord avec la théologie catholique lorsqu’elle affirme ceci :
L’ouvrage « La nouvelle encyclopédie de théologie catholique » parle du baptême ainsi :
Très rarement utilisée par l’église latine (romaine, catholique), l’immersion, qui signifie « action de plonger dedans » est depuis le 2ème siècle une des formes du baptême, elle rappelle le baptême du Christ par Jean le Baptiste » et de publier une photo de baptême d’adulte par immersion et le baptistère de l’église réformée à Poitiers
Nous rejoignons encore l’église catholique lorsqu’elle écrit sur son « Portail de la liturgie catholique » <<Le Rituel du baptême recommande de baptiser par immersion ; qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, il prévoit que les baptisés soient plongés dans l’eau… Le geste de l’immersion est en effet infiniment plus expressif>> et d’ajouter que le problème est la place qu’il faut pour immerger, ce qui ne convainc pas les évangéliques qui sont plus pragmatiques.
Si le baptême d’adulte par immersion a une symbolique si forte, gardons cette forme. D’anciens édifices catholiques et protestants dans le monde portent encore les vestiges de baptistères, pourquoi ne pas y revenir !
Cela dit, il arrive toutefois que le baptême soit administré par aspersion et non par immersion, en particulier pour des personnes handicapées, hospitalisées, incarcérées en prison,…
Qu’advient-il des enfants décédés sans avoir bénéficié d’un baptême ?
Comme dit plus haut, le baptême étant un engagement à suivre Jésus, il ne peut se pratiquer qu’à un âge où la personne est consciente de son engagement, c’est pourquoi les enfants ne sont pas baptisés. Ce n’est qu’au 4ème siècle que fut généralisé le baptême des enfants et adopté officiellement en 1545. Il est regrettable que Luther et Calvin n’aient pas poussé la réforme jusqu’au baptême d’adulte uniquement.
Nul doute que si un enfant décède avant de prendre le baptême, il sera accueilli par Dieu lui-même. C’est ce que l’on appelle entre autre LA GRACE. Dans les milieux où le pédobaptisme (baptême enfants) est en vigueur, on nous dit que le baptême préfigure et attire la grâce de Dieu sur l’enfant quand nous disons que même non-baptisé, l’enfant reçoit la grâce et la bénédiction de Dieu, ici bas comme après sa mort.
A ceci il faut ajouter ce que l’apôtre Paul parle dans sa lettre aux Corinthiens, des enfants « sanctifiés » par la foi de l’un de ses parents (1Cort 7.14), c’est une autre grâce dans laquelle il n’est pas fait mention de l’utilité d’un baptême pour l’enfant
Dans plusieurs églises, si les parents en font la demande, la communauté peut prier officiellement pour les enfants, les confiant ainsi à Dieu pour leur avenir spirituel mais aussi physique, intellectuel, familial,… C’est une prière de bénédiction à la fois sur l’enfant et sur les parents.
Jésus, Joseph et Marie eux-mêmes ont été ainsi au bénéfice de la prière de Siméon selon ce que rapporte l’évangéliste Luc chapitre 2 versets 27 à 34
Guidé par l’Esprit Saint, Siméon alla dans le temple. Quand les parents de Jésus amenèrent leur petit enfant afin d’accomplir pour lui ce que demandait la loi, Siméon le prit dans ses bras et remercia Dieu… Le père et la mère de Jésus étaient tout étonnés de ce que Siméon disait de lui. Siméon les bénit…
En l’évangile de Marc au chapitre 10 versets 14 à 16, Jésus bénit des enfants « laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas car le royaume de dieu est pour ceux qui leur ressemblent »... puis il les prit dans ses bras et les bénit en leur imposant les mains.
Le baptême est-il un gage permettant l’accès au paradis ?
Souvent les chrétiens évangéliques sont choqués lorsqu’ils entendent cette affirmation lors d’obsèques, « puisque tu as été baptisé, soit accueilli maintenant dans la gloire du Père ». Comment un être baptisé enfant, vivant sans foi ni loi durant sa vie pourrait-il être agréé par Dieu jsimplement du fait du baptême de son enfance que bien souvent il a rejeté. Le baptême est-il un gage « d’aller au paradis » ? Bien sur que non, sinon Hitler y aurait aussi été accueilli ! (pardonnez ma provocation)
Non, le baptême par lui-même ne « sauve pas », ce n’est pas un ticket qui permet d’être agréé par Dieu au moment de notre mort. D’ailleurs Jésus lui-même dira à l’un de ses co-crucifiés : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis« . Luc 23:43 Assurément cet homme n’a pas eu le temps de prendre le baptême, et il ira tout de même au paradis !
Pourquoi les Eglises Protestantes Evangéliques re-baptisent-elles ?
Cette pratique est très ancienne – en fait depuis l’origine du baptême de Jésus par Jean-le-Baptiste et l’ordre de Jésus de baptiser ses disciples – a toujours perduré. C’est vers le 16ème siècle qu’un courant fait parler de lui, celui des « Anabaptistes » qui signifie « baptiser à nouveau ou deux fois »
En général, les personnes qui demandent à être (re)baptisées sont celles pour qui leur baptême d’enfant n’a pas valeur d’engagement personnel. Elles souhaitent déclarer publiquement par un geste fort leur appartenance au Christ. D’autres souhaitent « confirmés », confirmer leur baptême d’enfance par un acte d’immersion à l’âge adulte.
Sauf exceptions vraiment très rares, je n’ai vu personne demander à être (re)baptisée faire des reproches à leurs parents pour les avoir fait baptiser enfant.
Il est important pour les parents dont les enfants demandent un baptême adulte dans une autre confession, de ne pas le percevoir comme un désaveu vis-à-vis d’eux alors qu’ils ont fait ce qui leur semblait juste de faire.
baptême colombierBaptême et membre d’une église
Ce n’est pas le cas dans toutes les églises évangéliques mais dans celle où j’ai exercé le ministère pastoral, nous insistons sur le fait que le baptême n’est pas un baptême d’appartenance ou d’engagement à une église, dénomination, groupe… particulier mais au Christ lui-même.
Il n’est pas un aboutissement mais une étape dans la vie de celui qui souhaite devenir, non un chrétien acceptant une religion, des dogmes, des rituels, des obligations,… mais souhaite être un disciple de Jésus de Nazareth.
Ce fait d’être en priorité disciple de Jésus avant d’être membre d’une église, laisse une grande liberté pour la fréquentation d’une église ou une autre, à l’occasion de déménagement notamment ou de leur convenance personnelle.
Cela ne sous-entend pas que la fréquentation d’une église – communauté de chrétiens – ne soit pas importante. Assurément elle l’est pour l’édification commune, l’entraide, l’amitié et les relations,… toutefois on garde la liberté de fréquenter ou de s’engager dans une autre église/dénomination que celle de son baptême
L’insolite re-baptême d’une religieuse
En ce qui concerne ma pratique personnelle de pasteur, j’ai été « confronté » à une situation peu banale. Un jour une religieuse catholique m’a dit « le Seigneur me dit que je dois me faire baptiser comme vous, alors je viens vous demander de le faire, mais je veux rester catholique, c’est mon église ».
J’étais mais alors, très très ennuyé par cette demande insolite. Je lui demandais un temps de réflexion. Priant, j’ai eu comme une conviction, une évidence, qu’il me fallait accéder à sa demande. Toutefois, par respect pour l’Eglise Catholique, je suis revenu la voir en lui disant « si tu trouves un prêtre qui te donne l’autorisation, je le ferais ».
Pour être tout à fait honnête, je pensais, j’espérais qu’elle n’en trouve point ! Mais si, un prêtre qui l’accompagnait dans ses démarches spirituelles lui a donné l’autorisation !!! Je l’ai donc immergé dans l’eau d’une piscine après qu’elle aie témoignée devant l’assistance de la raison de sa démarche.
Suite à cela, durant des années, plusieurs dizaines de personnes m’ont sollicité pour la même démarche, et toujours je les envoyais demander l’aval d’un prêtre.
Cette démarche s’est arrêtée après un incident, lui aussi peu banal. Le prêtre contacté était d’accord mais il a souhaité avoir l’avis de son évêque, rien à dire à cela. La réponse de celui-ci ne fut pas vraiment « spirituelle » : « Non, je n’autorise pas à cette personne de se faire rebaptisée à l’église protestante baptiste, toutefois, si elle tient vraiment à faire une démarche de confirmation de son baptême, il lui faut aller le faire dans le Jourdain en Israël » !!!
Cette réponse a été si anachronique qu’en tant que pasteur, j’ai cessé d’exiger l’autorisation d’un prêtre pour une telle démarche.
Préparation et pratique du baptême
Selon les Eglises, la préparation au baptême est plus ou moins longue, six mois en moyenne.
La dite préparation est une série d’études concernant les bases de la foi en Jésus et de ce qu’implique être disciple. Cette formation peut être faite par un(e) accompagnateur(trice) sans pour autant être le pasteur, ce qui est aussi le cas pour l’acte de baptiser.
Généralement il est demandé aux futurs baptisés d’apporter un « témoignage de vie », dire pourquoi une telle démarche aujourd’hui et c’est sur ce témoignage, sorte de confession de foi qu’elle est baptisée, par immersion au nom du Père, du fils et du Saint-Esprit comme le souligne l’ordre de Jésus instituant cette démarche.
Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Evangile de Matthieu chapitre 28 versets 18 et 19
Vous trouverez ici un autre article de presse sur le sujet
Enseignement vidéo : https://www.dropbox.com/s/iw2xo7cvdyfzire/Le%20Bapteme%20d%27eau%20age%20adulte%20JM%20RIBAY.avi?dl=0

Papa, tu vas mourir !

Aumônier au CHU d’Angers, on me demande d’aller visiter un homme. J’y vais le lendemain de l’appel, c’était un dimanche après-midi. Arrivé dans la chambre, il y a là un homme âgé de 40 ans qui râle de souffrance. Autour de lui, sa fille adolescente de 17 ans, son compagnon et son ex-femme. Je me présente. « Bonjour, je suis le pasteur Bernard Delépine, vous avez demandé ma visite ». Sa fille est soulagée de me voir : « merci d’être venu »

La suite est surréaliste, il y a peu de phrases mais ça dure ‘une éternité’. L’homme ne sait plus comment se mettre dans son lit, il parle lentement, avec difficulté, poussant des râles de souffrances.

Un dialogue vraiment hors du commun
La jeune fille se penche vers son père :
– Papa, nous t’avons dit que nous avions demandé à un monsieur de passer te voir, il est arrivé, c’est lui.
Ha bon, dit son père, pourquoi il est là ?
– Parce que tu vas mourir papa
Ha bon je vais mourir, mais pourquoi ?
– Parce que tu as un cancer, les médecins ne peuvent pas t’opérer !
Ha bon pourquoi ?
– Parce que c’est trop tard
Elle sanglote tant que c’est son jeune compagnon qui continue
– Oui Pierre (nom d’emprunt), ce monsieur est pasteur, il va t’expliquer comment faire
Mais comment faire quoi ? dit-il toujours au milieu de ses râles
– Comment partir
Mais partir où, moi je veux rentrer à la maison
– Non Pierre, tu ne peux pas renter à la maison tu vas partir là-haut
Là-haut, mais où là-haut ?
-Tu vas monter là-haut, car tu vas mourir et le monsieur va te dire comment faire pour y aller

Après beaucoup d’embrassades et de larmes des deux jeunes, son ex-femme dit « désolé, nous devons partir prendre un train ».

Tout le monde s’en va, je reste seul avec Pierre
Bien que ce que je viens de vivre est tellement surréaliste, je n’en suis pas déstabilisé.
Etant seuls, nous entamons la conversation…
– Alors je vais mourir ?
Il semble que oui
– Vous n’en savez pas plus alors ?
Non parce que je ne suis pas allé voir les infirmières pour demander où vous en étiez, mais vous savez, si votre fille vous dit cela, c’est que le personnel médical lui aura dit
– Je suis si mal que ça ?
Oh oui, vous n’êtes pas au mieux de votre forme, disons même que vous êtes au plus bas. Puisque je suis là, avez-vous avez la foi en Dieu ?
Il me raconte avoir voulu être prêtre lorsque, petit, il était servant de messe. « Il y a bien longtemps lui dis-je, depuis votre vie n’a pas été facile ». J’avais bien vu par son teint jaunâtre qu’il était atteint d’une cirrhose du foie

Je ne mérite pas
Je lui parle de l’amour de Jésus pour lui, de son pardon
– « Je ne le mérite pas »
Je le sais Pierre, personne ne mérite l’amour ou le pardon de Jésus, même moi qui suis pasteur, ce n’est pas une question de mérite.
Je lui parle alors d’un des deux brigands crucifiés en même temps que Jésus. Il en avait un vague souvenir. Je continue « Pierre, Jésus a dit à l’un des deux qu’il le prendrait avec lui au paradis ce jour même, du fait de la confiance qu’il a placée en Lui. Cet homme n’a eu ni le temps de se confesser, ni de se racheter d’aucune manière et pourtant, Jésus l’a pris au paradis avec Lui »

Lui demandant s’il accepte que je prie pour lui, comme il me le permet je demande à Jésus de pardonner tous ses péchés, de lui venir en aide durant ces jours difficiles devant lui, de garder sa fille,…
Durant ce moment de prière spontanée, Pierre comprend, acquiesce, des larmes coulent sur son visage, sans un mot il me serre la main comme pour dire qu’il accepte cette prière et qu’il m’en remercie.

Je le quitte pour revenir le lendemain. Il n’y a pas vraiment de conversation, je lui demande juste s’il à soif, s’il veut que je l’aide à s’assoir un peu mieux pour un meilleur confort, je tape sur le coussin et lui remet derrière, lui donne à boire… Je ne peux rien faire de plus. Il souffre et je sens qu’il souhaite rester seul, je m’en vais donc discrètement.
J’y retourne le mardi mais il est décédé quelques heures après mon passage de la veille.

La suite
Je téléphone à sa fille, elle me demande si je veux bien les attendre, elle et son compagnon, car ils voudraient le voir dans la chambre funèbre mais ils ont peur, ne savent ni comment ni quoi faire. Je les accueille peu après, les emmène.
Devant le corps de son père, elle me demande si je veux prier pour lui. Je lui explique ce que nous avions vécu le dimanche après-midi lorsqu’ils étaient partis, Lui dis pourquoi je ne prierai plus pour lui mais que je peux prier pour eux s’ils l’acceptent. Ne nous souciant pas de l’endroit où nous sommes, c’est ce que faisons.

Elle me demande si je peux m’occuper de la cérémonie de sépulture, ce que j’accepte.
Comme elle me dit leurs difficultés financières, je les rassure « je ne demande jamais rien ».
Ils ont eu du mal à prendre la décision du lieu de la sépulture, elle se fait donc directement au cimetière en présence d’une quinzaine de personnes à qui je raconte aussi comment Pierre a accepté la prière, le pardon et l’amour de Jésus.

la vie s'en va comme le jour

la vie s’en va… comme le jour