Annoncer à un détenu le décès de son bébé

Mon collègue aumônier catholique à l’hôpital m’appelle : « comme tu vas aussi à la prison, est-ce que tu peux t’y rendre en urgence pour voir un homme dont l’épouse vient d’accoucher. Il faut le prévenir qu’il n’est pas certain que son bébé survive ».
Bien que ce n’était plus l’heure de rendre visite, le chef me laisse voir ce jeune papa que je n’avais jamais vu. L’homme devient blême, il est abattu, anxieux et doit se rendre à l’infirmerie pour prendre des calmants afin de gérer sa situation. Il faut dire que si celle-ci est déjà difficile quand on est libre, elle prend des proportions énormes lorsque les personnes sont incarcérées, impossible de sortir voir son épouse et le bébé, l’attente de nouvelles est interminable.
Trois jours après, nouveau coup de téléphone,… je dois aller annoncer le décès ! L’homme voit déjà sur mon visage ce que je vais lui annoncer. Je lui promets de faire mon possible pour qu’il puisse avoir une permission de sortie pour aller voir son épouse et pour la sépulture. Je lui conseille de voir le prêtre de la prison pour organiser cette dernière mais il me répond qu’il n’est pas pratiquant. « Vous m’avez accompagné durant ces jours, pourriez-vous vous en occuper » je réponds par l’affirmative.
Je m’occupe donc de voir l’assistante sociale qui lui obtient une permission de sortie, je prends contact avec les pompes funèbres d’une ville à cinquante km de là.

Trois jours après, nous sommes quatre autour du petit cercueil blanc, le couple, mon épouse et moi-même. Le temps d’une petite médiation biblique. Le couple nous remercie. Bien qu’incarcéré à nouveau, l’homme n’assistera pas aux cultes du samedi.
Perte de temps m’a dit quelqu’un, « la compassion ne compte pas le temps mais prend soin des autres » ai-je répondu.
Bernard Delépine

But

Ce site est celui de Bernard Delépine, pasteur-fondateur d’églises ; d’actions sociales ; aumônier protestant en milieu carcéral, de la santé physique et mentale, aux Armées ; … pour ne citer que ces quelques aspects de ses engagements.

Le but principal de ce site n’est pas la mise en avant d’une personne mais d’ENCOURAGER toutes celles qui viendront lire les diverses rubriques.

L’idée du site est de présenter un itinéraire particulier, des résiliences concrétisées, des facettes très diverses de la vie humaine,…

 

POUR QUI ?

Ce site est destiné à « monsieur, madame, mademoiselle tout le monde », chacun – croyant ou non – pourra y trouver matière à réflexion.En effet, Bernard a le regard et le cœur tournés vers chacun.

Le statut social importe guère, il se sent à l’aise avec le SDF, le détenu, le laisser pour compte comme il l’est avec le Ministre, le Préfet, le Maire. Pour lui, avant le statut social, la personne reste une personne…

Qu’importe si la personne est religieuse et de quelle religion,qu’importe si elle est athée ou agnostique. Il a été vers chacun, dans les rues, dans les prisons, à l’hôpital ou ailleurs… Pour lui, avant son mode de pensée, une personne reste une personne…

La différence de culture est une richesse si nous ne sommes pas enfermés dans la nôtre, ainsi il s’est senti à l’aise dans la brousse, en Afrique comme en Guyane. Lorsqu’il demande à une personne d’où elle vient, c’est le plus souvent pour être enrichi de sa culture, de son vécu ailleurs car avant sa culture, une personne reste une personne, une personne intéressante !

… Une personne avec ses joies, ses souffrances, son parcours, ses émotions, ses traumatismes, ses doutes, sa fragilité, ses carences, voire sa vanité. Qui peut prétendre être un surhomme ou une sur-femme ? On peut avoir un statut social et professionnel très élevé, bien en vue, avoir des moyens financiers considérables, on reste néanmoins une personne vulnérable… comme tout à chacun ! A l’opposé, celui qui a l’impression d’être « tombé si bas qu’il a atteint le fond de la déchéance et du rejet », reste qu’il a encore de la valeur, digne d’être aimé et apprécié !

 

Pour-quoi

Il y a une telle différence entre le « pourquoi » et le « pour-quoi ». Si le premier est une interrogation qui suscite une réponse – que l’on ne reçoit pas toujours et parfois jamais – le second a une connotation plus particulière dans le style « qu’est-ce que je vais bien pouvoir tirer comme enseignement pour ma vie ou celle des autres au travers de ce que je vois, j’entends, je ressens, je fais, je vis… Comment rendre positif pour moi-même et les autres ce qui m’arrive au quotidien, même les situations les plus compliquées ou dramatiques. Pour ne prendre que le seul exemple de la souffrance, Bernard a la conviction qu’elle ne doit jamais être stérile mais porteuse d’espérance et elle le peut … si on ne s’enferme pas dedans mais qu’on s’en libère…

 

En tout cela, plus qu’une démarche philosophique, c’est un style de vie qu’il vous invite à découvrir dans ce site.